𝚅𝙸𝙽𝙶𝚃-𝙲𝙸𝙽𝚀

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𝙲𝙾𝙽𝙵𝙸𝙳𝙴𝙽𝙲𝙴 (𝚗.𝚏) : 𝙲𝚘𝚖𝚖𝚞𝚗𝚒𝚌𝚊𝚝𝚒𝚘𝚗 𝚍'𝚞𝚗 𝚜𝚎𝚌𝚛𝚎𝚝, 𝚍'𝚞𝚗 𝚜𝚎𝚗𝚝𝚒𝚖𝚎𝚗𝚝 𝚙𝚎𝚛𝚜𝚘𝚗𝚗𝚎𝚕 à 𝚚𝚞𝚎𝚕𝚚𝚞'𝚞𝚗

MIA
Aujourd'hui

Pourquoi prétend-t-il se soucier de ce qui peut bien m'arriver quand il a été celui qui me repoussait sans cesse, prétextant un désintéressement accru à mon égard ?

Pourquoi les hommes sont si complexes, objets de nos pleurs et de nos tortures intérieures ? Je me le demande.

Assise sur le lit d'une pièce qui m'est tout juste connue, je fixe mes cuisses nues. L'humidité causée par mes larmes sur mes plaies a séché tout comme le sang formant à présent un amas de croutes. Les draps blancs aussi y sont passés, tachetés d'une couleur rouge.

Je n'ai plus rien pour moi. Je n'ai plus le corps qui cause l'amour fugace d'une nuit dans les bras d'un homme différent chaque soir. Je n'ai que mes larmes pour apaiser ma douleur.

Si je n'étais pas revenue ici. Si je n'étais pas restée pour lui et surtout, si je ne m'étais pas battue dans une guerre vaine pour son amour que je n'ai jamais eu, rien de tout cela ne me serait arrivée. J'aurais été plus heureuse. On ne réalise notre quiétude qu'une fois qu'elle est ruinée.

Aujourd'hui, j'en prends conscience bien trop tard.

Il est vrai qu'il m'a montré son amour par ses mots. Quant à ses actes, où sont-ils ? En absence d'actes, les paroles ne sont que ramassis de poussière.

Je ne sais pas cela fait depuis combien de temps je suis assise sur ce lit, mais je sais que ça a été long quand je bouge difficilement mes orteils. A l'aide de mes mains, je soulève ma première jambe qui se pose mollement au sol suivi de la deuxième. De mes poings posés sur le drap, je m'inflige la souffrance de trouver la force de me tenir bien droite.

Au premier pas, je sens toutes mes terminaisons nerveuses et au second, mon corps retombe brutalement contre le sol. Je geins de douleurs.

— Egon ?

Il est le seul qui puisse me faire quitter cet endroit.
Je ne veux plus y rester.
Je veux oublier.

— Egon.

Je ne pleure pas. A vrai dire, je n'en trouve plus la force. Mes dernières larmes viennent de sécher. Mes appellations ne sont que de simples murmures sur ma bouche pâteuse.

Mes coudes lèchent le sol tandis que mon corps avance lentement. J'essaie de tenir sur mes genoux ainsi que mes mains. La force me manque et je m'écrase à nouveau contre le parquet glacé d'un gris terne.

Lentement, je quitte la chambre que l'hôte de cette villa m'a attribuée et me retrouve dans le couloir. Je suis déjà venue dans cette maison. Je m'en souviens de la première fois ; j'étais accompagnée de Sawyer et Avana. Je savais dans quelle chambre Egon logeait même si, quand à l'époque, je m'y suis faufilée au beau milieu de la nuit et que son lit était vide et les draps faits. Je savais que c'était sa chambre par l'aura qu'elle envoyait.

Sa chambre est vide, peu meublée et tout est blanc. Diaphane tels que les couloirs froids et sinistres d'un hôpital. Comme s'il ne voulait rien laisser derrière lui en faisant en sorte... en espérant durement que les êtres qu'il chérit et qui le chérissent l'oublient le plus rapidement possible.

Une perle de sueur glisse le long de ma tempe. Il me faut plusieurs pauses. Mes muscles brulent jusqu'à faire trembler mes bras de douleur, mais il ne reste que quelques mètres et j'y serai, espérant intérieurement que sa chambre ne soit pas vide.

BURST HEARTSWhere stories live. Discover now