Vingt-huit

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Je lève les yeux et découvre un garçon de 11 ans environ, qui me regarde innocemment.
- En fait, je peux lire dans les pensées, dit-il comme si c'était évident.
- Pardon?
- Tu t'es demandée ce que tu devais faire, alors je te réponds, m'explique-t-il patiemment. Et je suis aussi très intelligent. j'ai sauté 3 classes, je suis ce qu'on appelle un surdoué.
Je suis trop abasourdie pour articuler le moindre mot.
- Au fait, je m'appelle Harry. Et ne t'avises pas de m'appeler Harry Potter. Ce n'est pas parce que je peux lire dans tes pensées, que je suis un sorcier. En plus, Harry Potter est brun, et pas blond, et il a une cicatrice sur le front.
Il montre son front du doigt.
- Tu vois une cicatrice? Pas moi. Enfin, bref, assez parlé, revenons à nos moutons. Je t'avouerais quand même que je trouve cette expression particulièrement idiote puisque nous ne possédons pas de moutons. Mais je suppose que tu m'as compris.
Il s'assoit en face de moi et reprend:
- Ainsi donc, tu es une "surnaturelle".
- J'avais cru comprendre...
- Bien.
Il se racle la gorge et pose ses deux mains bien à plat sur la table avant de se pencher en avant vers moi.
- Il est plus que nécessaire que tu quittes les lieux pour ta sécurité. Tu as lu dans le livre qu'ils sont prêts à tuer les surnaturels trop dangereux et trop encombrants. Tu vas très certainement y passer.
Un goutte de sueur froide dégouline le long de ma colonne vertébrale et je sens la peur prendre toute la place dans mon ventre jusque dans ma gorge. Cette énorme boule de terreur m'empêche littéralement de prononcer le moindre mot. J'avale ma salive pour la faire redescendre mais elle ne fait que grandir.
- Tu m'écoutes Anna?
Je hoche la tête.
- Ta fuite doit se faire le plus rapidement possible. En fait, c'est le moment idéal.
- Pourquoi?
J'ai réussi à prononcer correctement le mot mais il ressemble plus à un vilain gargouillis qu'autre chose.
- Parce que Baltazar n'attendait que toi.
- Attends, tu veux dire que je vais devoir fuir avec Baltazar?
- On parlera de tout ça plus tard, chuchote Harry en regardant autour de lui. On nous écoute, ajoute-t-il mystérieusement.
Puis, il se lève et quitte la bibliothèque.

Je passe le reste de la journée dans un état second, incapable de me concentrer sur ce qui ce qui se déroule autour de moi.
- Anna? Ouhou, Anna!, s'impatiente Allie. Tu m'écoutes?
Je sursaute, et baisse la tête. Cela fait plusieurs minutes qu'elle me raconte quelque chose d'apparemment passionnant mais mes pensées sont ailleurs.
- Désolée, je pensais à autre chose.
- J'avais remarqué!
Allie baisse la voix:
- Tim m'a dit que tu avais un rendez-vous avec lui ce soir. Tu ne te prépares pas?
Je rougis et jette un coup d'oeil à mon reflet dans ma glace.
J'ai les cheveux gras, des cernes plus importants que jamais et je porte les mêmes vêtements depuis plusieurs jours.
- Sérieusement Anna, prends un peu soin de toi! Regarde-toi, tu...
- Est-ce que tu sais ce que je vis?!
J'ai hurlé. Je me mords la lèvre.
Allie baisse la tête et murmure:
- Je suis désolée Anna. Allez viens, tu dois retrouver Tim dans une heure, on a encore le temps d'arranger ça!
Je souris devant tant d'insouciance. Je décide de mettre tous les soucis dans un coin de ma tête et de me prendre au jeu. Mon premier rendez-vous! N'importe quelle fille serait surexcitée et aurait passé des heures et des heures à choisir sa tenue et à se maquiller. Pourquoi pas moi?
Je souris pour la première fois depuis des lustres et m'écrie:
- C'est parti!

Une heure plus tard, je descends sans bruit les escaliers jusqu'au jardin. Allie m'a prêté une jupe mauve que je porte avec un pull en laine blanc et des bottines noires. Je me sens bien, presque moi-même. L'air frais de la nuit me fait l'effet d'une gifle mais me revigore. Je me dirige vers la clairière où nous avons rendez-vous.
Timothée est déjà là.
- Waouh, tu es super jolie.
Je rougis et remercie le ciel qu'il fasse noir.
- Merci...
- Je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé l'autre fois. J'ai l'impression d'avoir tout foiré avec toi... Tu me plais vraiment.
Cette fois, ce ne sont pas mes joues qui sont embrasées mais tout mon visage, du menton à la racine des cheveux.
Je l'entends se rapprocher de moi. Il me prend la main et approche sa bouche du creux de mon oreille.
- Anna...
Les battements de mon coeur s'accélèrent... Je devrais me laisser glisser dans cette douceur qui me tend les bras, me laisser aller contre Timothée, mais au lieu de cela je recule.
- Désolée, Timothée, mais...
Je cherche mes mots.
- Je ne sais pas si on peut faire ça. - C'est Andrea? Ne t'inquiète pas, elle-
- Non, non c'est pas ça. C'est... Je dois m'enfuir.
- T-t'enfuir? Mais pourquoi?
Je soupire.
- On devrait s'asseoir, ça risque d'être long.
La lueur de l'écran du téléphone de Timothée éclaire la clairière et m'éblouit. Nous prenons place sur un banc.
- Alors, tu vois, j'ai des pouvoirs assez spéciaux...
- J'avais cru comprendre.
Il a dit ça avec un sourire mais son ton est grave et sérieux.
- On veut ma mort.
Le silence tombe sur nous, nous recouvrant et nous engloutissant. Les mots résonnent à mes oreilles, je prends tout juste conscience de l'ampleur de ce que je viens de dire, de ce que je vais vivre. Ma tête se met à tourner et mes doigts s'aggripent aux bords du banc. Je n'arrive plus à respirer, mes poumons ne veulent pas s'ouvrir et tout l'oxygène comprimé dans ma poitrine risque de me faire exploser.
Je sens la main de Timothée se poser sur mon avant-bras. Aussitôt, la pression qui m'étouffait se relâche et je respire à nouveau. Je reprends, d'une voix plus forte:
- Ils pensent que je suis dangereuse. Il faut que je fuie.
Les doigts de Timothée se resserrent légèrement autour de mon poignet. Je frissonne.
Il se rapproche de moi et murmure:
- Je suis avec toi.
La chaleur de son souffle me chatouille le cou.
- On part demain soir.
J'ai dit ça sur un coup de tête. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je n'en ai même pas parlé à Baltazar. Mais je me sens mieux.
Je suis déterminée.
- Très bien, déclare Timothée. Qui est dans le coup?
- Harry et Baltazar.
- Parfait. Je m'occupe de ça avec eux. Maintenant va te reposer.
Nous nous levons et je murmure:
- À demain.
Il lâche ma main et je m'éloigne.
- Attends!, lance-t-il.
Je retourne sur mes pas.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
Il saisit mon menton et m'embrasse. Son baiser est très doux, une intense chaleur se propage dans tout mon être et m'embrase.
- Je...
- Chut... (Il dépose son index sur mes lèvres.) À demain.





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ET VOILA ENFIN LE CHAPITRE 28!!!!

Je manquais énormément de temps et d'inspiration mais me re-voilà :)

En espérant qu'il vous aura plu.

Des bisous ♡

Chocolatcho.

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