Trente-quatre

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Je suis réveillée par les rayons du soleil qui me chatouillent le visage. J'entrouvre lentement les yeux, je n'ai aucune envie d'affronter le monde réel. Je m'aperçois alors que je m'étais endormie dans l'herbe et découvre mes vêtements mouillés pas la rosée. Je me lève avec difficulté, les muscles tout endoloris; l'air est frais, mais agréable.

Je m'étire lentement, inspire une grande bouffée d'oxygène. Je frotte mes yeux éblouis par le soleil et encore endormis. Mes joues ont gardées la trace des larmes qui ont coulées hier soir. Je repense à ce que j'ai dit à Timothée, à ce que je lui ai balancé à la figure. Mais même si ça fait terriblement mal, même s'il me manque déjà, je suis soulagée de l'avoir fait. L'étau dans ma poitrine s'est desserré et je respire à nouveau.

Je me retourne vers le parking et aperçois Violette et Andrea qui bavardent près de la voiture qu'on a décidé de prendre. Leur conversation ne me parvient pas, mais je perçois quelques bribes de voix qui me laissent comprendre qu'elles parlent de moi. Je me contente de les ignorer.

Allie sort à son tour de la boutique en s'étirant. Quand elle me voit, son regard s'allume et elle se dirige à grands pas vers moi.

- Anna! T'étais où?

- J'ai dormi dehors...

Elle croise les bras, attendant des explications.

- Je peux savoir ce qu'il s'est passé avec Tim? Il a l'air complètement déprimé. Et vu ta tête, je suis sûre qu'il s'est passé un truc.

- Rien du tout...

- Tu mens, réplique mon amie, le regard insistant.

Je lève les yeux au ciel. Je n'ai absolument pas envie d'en parler. Allie soupire.

- Il est temps d'y aller maintenant. C'est Violette qui va conduire.

Je hoche la tête sans répondre. Je n'ai aucune idée de là où nous allons et ça me fait peur. Je me surprends à regretter ma vie d'avant, avec mon frère et ma sœur. Je ne voyais pas beaucoup ma mère mais au moins...

J'te rappelle que t'étais aussi invisible que le vent ! me rappelle ma petite voix.

Tiens, ça faisait longtemps que je l'avais pas entendue celle-là. Depuis la mort d'Harry... Mon cœur se serre à cette pensée. Il me manque tellement. Savoir que je ne reverrai plus jamais son sourire, ou que je n'entendrai plus jamais sa voix enfantine me donne envie de pleurer.

- Houhou Anna !

Allie claque des doigts devant mes yeux et je reviens à la réalité, réalisant que je n'écoutais pas un traître mot de ce qu'elle me racontait.

- Allez bouge-toi, on y va, soupire-t-elle.

Je la suis sans parler jusqu'à la voiture où tout le monde est déjà installé. Violette, Timothée et Andrea à l'avant, Allie, Baltazar et moi sur la banquette arrière.

- On va où ? demande Allie en se penchant entre Violette et Timothée.

- On a trouvé une carte, et on s'est dit qu'on irait peut-être jusqu'à Paris.

Paris ! Je n'y suis encore jamais allée. La ville des Lumières qui me fait rêver depuis toute petite. Notre Dame, la Tour Eiffel, le Louvre, la Seine, les grands magasins et tant d'autres merveilles... J'en ai déjà la tête qui tourne.

- Pourquoi Paris ?

- Parce qu'il y a là-bas un groupe important de Surnaturels, explique Baltazar, ouvrant la bouche pour la première fois de la journée.

Les Surnaturels... La raison de notre fuite me frappe alors de plein fouet et tous ces gens voulant notre mort, à Baltazar et à moi, me reviennent en mémoire. Je frissonne.

Les SurnaturelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant