ROUND 5

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" BUS "

Durant mon adolescence, mon père avait souvent tendance à me répéter qu'il n'y avait aucun entre deux dans la vie. Je sous-entends par là qu'il voyait la vie que d'une seule façon, c'est à dire : en noir ou en blanc. C'était la même chose pour les personnes. Mon père avait toujours eu cette tendance à étiqueter les gens, peut-être qu'inconsciemment ça le rassurait. À ses yeux, une personne était bonne ou mauvaise, moi, je n'étais pas du même avis.

Pour moi, même si je n'aime pas l'avouer, chaque personne est un puzzle et doit dealer avec les pièces qu'on lui a donné pour vivre. Pour résumer, chaque personne est une bouteille à la mer, perdue et flottant dans ce dédale d'eau, sauf que certaines bouteilles prennent l'eau alors que d'autre continuent de flotter.

Et, quand il posait ses iris sur moi, c'est moi qui prenait l'eau, et ça n'avait rien de juste.


*


C'était une véritable tempête puis ce que les platanes en face de l'arrêt de bus s'étaient mis à onduler et de grosses branches s'étaient brisées le long de la chaussée. Les pointes de mes cheveux volaient et dansaient en suivant le rythme effréné du vent. La capuche de mon sweat s'était rabattue contre mon crâne. Je sentais mon pouls pulser bien trop rapidement.

Je m'étais adossée contre la vitre de l'arrêt de bus à l'opposé de sa personne, je voulais bien évidemment éviter tout rapprochement. Du coin de l'oeil, je l'observais. Il avait sorti avec une plénitude totale un paquet de cigarette de la poche arrière de son skinny jean. Alors que tout s'envolait autour de nous, le bouclé avait placé l'extrémité du mégot entre ses fines lèvres sans se soucier de son environnement.

Tout en rabattant une longue mèche de ses cheveux derrière son oreille, il alluma la cigarette avant d'inhaler profondément. Alors, oui, évidemment que j'avais déjà vu quelqu'un fumer, mais jamais comme lui. Il consumait son mégot, l'air renfermé, le regard vide et noir alors que le monde s'effondrait devant lui, comme si finalement plus rien n'avait d'importance.

- T'en veux une ? Me proposa-t-il en me tendant le paquet

- Non, merci. Me contentai-je de répondre

Il haussa un sourcil surpris par mon refus et finit par ranger le paquet dans sa poche arrière. Il crapota tout en fixant l'horizon d'une manière si calme et détendue.

- Si tu savais ce que le tabac inflige à tes poumons. Remarquai-je en me tournant vers lui

- Il faut bien crever de quelque chose. Me rétorqua Harry lentement sur une voix grave

Je ne fus pas choquée par son langage familier mais bel et bien par le manque d'humanité et d'espoir qui planait dans sa voix. D'un geste habile, il libéra les cendres de son mégot qui s'envolèrent aussitôt à travers la brise. Je soupirais tout en me recroquevillant contre la vitre de l'arrêt,visiblement agacée.

- Ne me fais pas croire que t'es le genre de nana parfaite à manger cinq fruits et légumes par jour, à faire ton fitness chaque soir devant ta télé, à prôner le sexe après le mariage et à bouffer du poisson chaque vendredi car je ne te croirai pas, on a tous nos vices. Dit-t-il sur un ton plein de reproches

Je détournais aussitôt mon visage pour lui faire face. Dans la pénombre, je pus observer ses traits durs et froids. Dans la seconde, il écrasa son mégot au sol avant d'expirer fortement un nuage de fumée.

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