TIME-Harry

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Je m'écarte directement de Louis quand je vois son visage détruit et décomposé.
Eleanor est assise au bord du lit, juste en face de nous. Sa main est posée sur sa bouche, ses yeux sont grands ouverts, on pourrait avoir l'impression qu'elle a été gelé.

Mais non. Elle vient juste de nous surprendre.

Louis, les joues encore en feux, reprend ses esprits et s'avance doucement vers Eleanor. Ses pas sont lents et lorsqu'il arrive à sa hauteur, il s'accroupie juste en face d'elle.

Eleanor ne bouge pas d'un pouce et je me demande comment elle fait pour garder son calme et son sang-froid. C'est assez impressionnant. Elle ne regarde pas Louis dans les yeux mais juste le sol et dit:

-Larry? Alors c'est vrai?

Louis lâche un long soupir puissant et rauque qui résonne dans la grande chambre. Ce souffle donne la réponse à sa question et elle craque. Les larmes qu'elle contenait coulent sans s'arrêter sur ses fines joues roses. Le bruit des sanglots d'une fille au cœur brisé sonne dans la chambre comme une mélodie funeste.
Je devrais me sentir mal, horrible mais c'est plutôt un sentiment de soulagement que je ressens. Eleanor sait enfin la vérité, nous n'avons plus besoin de mentir. La souffrance est une étape dans notre histoire, je l'ai vécu et Eleanor est en train de la vivre. Je ne peux rien pour elle. Louis le peut mais pas moi.

Je reste en retrait et Louis pose sa main sur l'épaule de sa petite amie. Elle ne se dégage pas mais reste froide et évite son regard. Je n'ai pas bougé de place, je regarde cette scène déchirante à vivre. J'aurai pu aussi être à sa place, Louis avait possibilité de la choisir. C'est moi qui aurait vu ma vie s'effondré.

Eleanor renifle un peu et nous dit d'une voix basse:

-Je me suis toujours persuadée que tout ça était faux, qu'il n'y avait rien. Mes doutes étaient constants mais je les ignorais. Et puis j'ai vu votre interview de ce soir, et j'ai compris. J'ai compris qu'il se passait quelque chose d'indescriptible entre vous deux.

Eleanor passe sa main sur ses joues mouillées et fixe pour la première fois Louis sans colère ou haine.

-Ça fait depuis combien de temps Louis?

-Je ne peux pas le définir.

-Qui est au courant?

-Ça n'a pas d'importance Eleanor...

Louis passe sa main dans la sienne et je les contemple. Cette scène n'est pas tragique, elle est touchante. Eleanor et Louis s'échangent des regards forts, confiants. Je ne pourrai pas dire si ils savent que je suis en face d'eux mais ils sont juste ensembles. Ce que je comprends totalement même si je ressens une légère pointe de jalousie.

-Pour moi ça l'est. Tu t'en rend compte Louis? On sort ensemble depuis trois ans et je te surprend avec ton meilleur ami, je me sens honteuse, trahie et humiliée.

-Peu de personne.

Eleanor hoche la tête et pose une question à Louis qui me surprend.

-Tu l'aimes?

Aucun son ne sort de la bouche de Louis. J'attends sa réponse mais il n'y a rien, pas un bruit.

-Tu m'aimes?

Eleanor pose cette deuxième question et j'ai peur de la réponse de Louis.

-Oui.

Un coup de couteau vient percuter mon cœur. Il l'aime mais moi il ne répond rien? Je tangue un peu sous le choc de cette révélation. Je m'appuie contre le meuble derrière moi et leurs regards se tournent dans ma direction, je ne suis plus invisible.

-En amie. On se connait trop Eleanor et nous savons tous les deux que les sentiments ont perdu leurs flammes et ont disparu. Je t'aime, tu es importante à mes yeux mais nous nous acharnons sur une histoire déjà terminée.

Eleanor ne prononce rien et est assez choquée par la franchise de Louis. Moi aussi d'ailleurs. Il est totalement honnête.

-Je tiens à lui. Plus que n'importe qui. Je ne peux pas définir ce que je ressens pour lui, c'est bien trop fort. Je ne peux donner de réponse. Je suis perdu. J'ai besoin de temps.

Mon cœur bat si vite après ses mots. Moi qui pensait qu'il ne m'aimait pas, c'est plutôt l'inverse. Je n'arrive même pas à contrôler le sourire ébahi sur mon visage. Louis aura tout le temps qu'il voudra.

Eleanor se lève péniblement du lit et vient se planter juste devant moi. Ses yeux marrons perçants ne me lâchent pas et ses traits sont encore plus dures qu'à l'habituel.

-Tu as réussi.

Son regard est méchant, je comprends aussitôt le sens de ses mots. Je rétorque sur le même ton froid:

-Ce n'est pas de la réussite. Il n'y a ni perdant, ni gagnant. e n'est pas un jeu.

Nous nous jaugeons tous les deux du regard comme deux chefs de guerre. Sauf que c'est moi le vainqueur de cette bataille. J'ai pitié pour elle, Louis vient juste de rompre. Mais ce n'est pas pour autant que je vais me laisser faire, même gagnant. Eleanor me lance froidement comme si j'étais le seul coupable dans l'histoire:

-Faire souffrir les gens, ça t'amuse?

-Ce n'est pas mon but.

-Mais c'est bien ce que tu fais? De la souffrance, des larmes des blessures?

Une douleur apparaît dans mon cœur, elle n'a pas vraiment tord. Je ne mérite pas tous ce que les gens me donnent. Depuis que je suis connu, j'ai l'impression d'être un profiteur. Mais je ne profiterai pas de Louis, ça non. 
Eleanor s'avance plus près de mon visage. Ses joues sont devenues rouges. Ses yeux sont remplis de larmes et injectent des éclaires. Ses traits sont secs. J'ai l'impression d'avoir face à moi une de ces fiancées folles délaisser devant l'autel. Elle me chuchote à l'oreille:

-Je vais faire en sorte que le vent tourne, que tu éprouves ce que je ressens. Je vais te détruire Harry Styles.

Elle s'écarte de moi et je ne réponds rien. Sa menace m'a atteint mais je n'ai pas peur. Elle a peut-être dit ça sous l'effet de la colère ou de la souffrance. Mais je dois d'abord m'occuper de Louis et pas de ce que je ressens. Je passe après. Le mal passe toujours après le bonheur.

Eleanor fixe une dernière fois Louis qui n'a pas bougé d'un pouce. Il s'échangent un long regard rempli de tendresse que je n'apprécie pas du tout. Je ne me sens pas en confiance.
Elle passe la porte et elle s'enfuit dans le couloir.

À peine a-t'elle le temps de partir, que je rejoins Louis.
Son visage est triste et déboussolé, ça me fend le cœur.

Je le prends dans mes bras car je déteste le voir comme ça.
Mais sans que je ne puisse comprendre, il me repousse aussitôt.

Et me lance un regard de dégoût.

INAVOUABLE-Larry stylinsonWhere stories live. Discover now