Water Lily : la floraison.

Allié. Enfin, on va essayer.

- Depuis quand nous as tu repérée ? Me questionna une voix féminine.

- Un moment, soufflai-je calmement.

- Alors pourquoi avoir laissé ton ami partir ? Nous sous-estime tu ?

La voix rauque était menaçante mais je ne me démontai pas, mes épaules restant immobiles alors qu'un homme sautait habilement des branches d'un arbre pour se planter devant moi. Grand. Mince. Il n'avait pas l'allure d'un guerrier mais son assurance ne laissait aucune place au doute : il n'avait clairement pas peur de moi. Et je doutais en réalité qu'il ait peur de quiconque. La tête droite, ses yeux claires tranchaient avec sa peau mâte. Des cheveux bruns tombaient en cascade dans sa nuque alors qu'une mèche épaisse barrait son front. Il faisait dans les vingts cinq ans et une fine cicatrice se glissait dans sa nuque juste au-dessus de l'encolure de sa chemise blanche. Je ne reculai pas quand il avança dans ma direction, sa langue passant sur ses dents de façon visible pour me signaler qu'il n'était pas aussi fragile qu'il en avait l'air. Un vampire.

- Calme-toi Keona, ordonna la voix féminine. La tuée serait regrettable.

- Tu parles, tu es aussi en colère que moi, gronda l'homme. Elle pense pouvoir faire le poids contre nous.

Je plissai vaguement les yeux alors que la femme apparaissait à son tour, se mouvant élégamment. Petite. De long cheveux raides et des yeux aussi sombre que ceux de Kenan quand il était en colère. Sa peau était pâle. Ses yeux bridés ne trompaient pas sur ses origines. Sa taille était fine mais ses jambes étaient musclées, tout autant que ses bras. Elle était une guerrière. De petites oreilles pointus dépassaient de ses longs cheveux, me donnant l'information que je cherchai plus précisément.

Un vampire. Une elfe. Tout deux armées. Elle avait une lame glissée dans les plis de sa jupe, la forme légèrement recourbée du vêtement ne laissant guère de doute. Lui avait ses dents et cela lui était clairement plus utile que toutes les armes crées par des mains. Mais je savais a quoi m'attendre dès l'instant où j'avais perçu leurs présences, je savais que je faisais le poids. Il n'y avait aucun doute a avoir, aussi prétentieuse que soit cette pensée.

- On ne doit pas s'énerver, articula la femme alors qu'elle détestait visiblement le manque de peur dans mes yeux. Elle est une gamine, elle n'a pas conscience de ce qu'elle fait.

- Et je me fiche profondément de son âge. Daichi nous a demandé de la ramener vivante, mais il n'a rien précisé sur son état globale. 

- Ce n'est pas faux, sourit la femme avec un rictus de plaisir. On peut bien s'amuser un peu.

Plus vive que je ne l'avais pensée, elle se jeta dans ma direction. D'un mouvement brusque je m'écartai, évitant de justesse le pied qu'elle tentait de me balancer en plein visage. Je me penchai en arrière, ma main glissant sur le sol pour me permettre de m'appuyer et dans une acrobatie élégante de me retrouver sur mes pieds. L'elfe me toisa aussitôt, fronçant ses épais sourcils noirs. Ce n'était pas moi qui les avais sous-estimés, c'étaient eux qui débordaient d'une arrogance que je commençai à penser propres aux marqués.

Elle fonça à nouveau dans ma direction, balançant cette fois ses poings en alternant vivement la gauche et la droite. J'esquivai simplement, tapant dans son poignet avec sobriété quand je jugeai que je ne pouvais pas l'esquiver. J'étais calme. Mon cœur ne tambourinait pas dans ma poitrine et j'analysai simplement les capacités de mon adversaire comme on me l'avait enseignée. Habile. Rapide. Mais trop impulsive. Ses coups partaient en tout sens, elle semblait vouloir établir un plan mais il était bien trop prévisible. Elle me forçait a reculer, du moins était-ce ce qu'elle espérait. Violemment, je me retournai alors que le dénommé Keona s'était glissé dans mon dos, mon genou atterrit dans son abdomen sans aucun scrupule et ma main libre appuya sur sa nuque pour le forcer a se courber en avant. Mes yeux devinrent aussi blanc que neige et la jeune femme se stoppa nette dans son mouvement de vouloir m'éloigner de son ami, qui était désormais dans l'incapacité de bouger. Je pointai mon arme dans sa direction, méfiante, malgré tout, face à ses réactions.