Chapitre 26: Extrait du journal de Cassandre.

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Comment dire ça.

Quel bordel!

Pour commencer, Mamie Grandy va beaucoup mieux. Elle était à l'hôpital, mais elle en est sortie hier, après deux semaines là-bas.  Je me sens de nouveau légère comme une plume! Puis elle a pu revoir belle-maman et Antoine, ça faisait déjà un moment qu'ils n'avaient pu prendre des nouvelles des uns et des autres.

C'est bizarre de dire ça, mais être fille de divorcés, c'est pas si mal. Puis grâce à ça, j'ai plus ou moins hérité d'un grand frère aux traits de lutin! Dans oublier Guillaume bien sûr.

Côté cœur maintenant. Bon euh... Si je te dis, enfin, t'écris, que j'ai embrassé Guillaume pour mieux le friendzoner tout en étant avec Sébastien, t'en penses quoi? Pas fameux hein?

Eh bien, c'est ce que j'ai fait. Dans les toilettes d'un hôpital. Où se trouvait Mamie Grandy. En fait, c'est carrément glauque... Gloups.

Bon, en tous cas, mon bel italien a su me voler - une nouvelle fois - mon petit cœur doré, Guigui est mon super poto et tout le monde va bien! Même Jeanne!

Après sa rupture avec ses deux amoureux (Axelle et l'autre là... Titouan je crois... Pas sûr en fait...) je la croyais partie dans le néant total, en pyjama à motif ourson et des chaussons Homer Simpson, vautrée dans le canapé avec un vieux pot de glace à la main, à regarder "Touche pas à mon Poste!". Mais non finalement. Déjà, elle a revu Axelle. Il y a trois jours. Elle m'a dit que ça ces retrouvailles se sont plutôt bien passées. Dans le langage de ma meilleure amie, cela signifie "Cette relation se stoppera certainement dans quelques semaines, mais je garde un bon souvenir de ce moment où je sortais avec deux personnes en même temps, de sexes opposés qui plus est! Yep, je pèse dans le game.".

Mais je te parie ce que tu veux (dans la mesure que tu es un journal) qu'elle va finir avec le beau et ténébreux Guillaume Michel... Pourquoi Michel? C'est son deuxième prénom! Il faut avouer que ça casse un peu la mythe non? J'ai appris ça quand on s'est vus samedi dernier, en lui piquant sa carte d'identité. Il a douze ans dessus, et une horrible frange à la Justin Biber! Beurk!

En parlant de choses apprises... Il m'a avoué qu'il en pinçait un peu pour Mélissa avant... Je ne sais pas comment il a fait pour passer d'une nana à l'éternel tie and dye rose démodé, à ma Jeannou mais bon, si je le savais, Cupidon n'aurait plus de mystère pour moi... Ce qui est loin d'être le cas... Très loin même.

En parlant de Mélissa... On s'est reparlées. Notre dernière discussion sans qu'on se crache notre venin dessus remonte à... Longtemps. De la cinquième en fait.

T'sais mon cher journal, je me suis toujours demandée "pourquoi". Pourquoi nous avions chacune prises des chemins aussi opposés alors qu'à la base, on était super copines avec un tas de projets similaires. Pourquoi de la compassion, des fous rires et des petits secrets débiles échangés, on en était arrivées à nous détester. Pourquoi il a seulement fallut d'une journée. Cette journée.

Je l'avais évoquée dans mon précédent journal, quand je n'étais encore qu'au collège. C'était un 22 Janvier. A cette époque  lointaine de ma vie de pré-pubert boutonneuse, je passais beaucoup de temps avec Jeanne. On se rendait bien compte qu'on possédait pleins de points communs, c'était la belle vie quoi! C'est aussi à ce moment qu'entre Mélissa et moi, ça devenait tendu. Et devine pourquoi on s'est brouillées?  Parce qu'elle avait foiré notre oral d'anglais! Ridicule? Aux premiers abords, oui. Mais quand on sait que c'est moi qui m'étais coltinée tout le boulot, à savoir le diapo' de cinq minutes et le texte de chacune, il y avait de quoi être frustrée. J'avais glané un piètre sept sur vingt pour une grosse semaine de travail, dans une matière dans laquelle j'étais et suis toujours plutôt douée et avec une prof pour qui la non-présence des documents à fournir valait une note de dix, maximum. Ajoute à cela que c'est Mélissa qui avait pris ma clé la veille au soir pour réviser... Et le Jour-J, oups, oubliée! Et avec ça, elle trafiquait son texte, disait n'importe quoi...

Je te le jure, j'étais au bord des larmes. Parce que je m'étais tapée un carton pour rien, trahie par celle que je pensais être mon amie! Ce jour-là, je m'étais définitivement disputée avec elle. Elle m'avait balancée que c'était rien, qu'on se prenait des boîtes dans la vie mais tant pis! Elle avait surtout fait cela parce qu'elle était jalouse de ma relation avec Jeanne, et voulait me le faire payer. Bon, je consens que ce que j'ai fait par la suite n'était vraiment pas bien non plus... J'avais décidé de me venger.

Un matin, en musique, notre psychopathe de professeur avait eu l'excellentissime idée de faire passer quelques élèves en solo. Un dingue je vous dis, et ce n'était pas la première fois! Sur une chanson toute nulle de Souchon en plus... A croire qu'humilier ses élèves était son passe-temps favoris. Et quand il avait demandé qui voudrait bien se porter volontaire pour nous chanter en live "ce très bon morceau étudié en cours", j'ai balancé son nom. Comme ça, sans aucun remord. Le prof a d'ailleurs trouvé que c'était une très bonne idée et l'a faite venir au tableau. Elle avait dû interpréter ça toute seule devant vingt-neuf élèves, terrorisée, reprise toutes les seize secondes par un professeur qui lui répétait: "Ce n'est pas à la bonne hauteur, vous chantez faux là".

Je crois qu'elle ne me l'a jamais pardonné. C'est comme ça que la guerre entre elle et moi c'est officiellement déclarée. A cause d'une clé USB à la base.

On s'est revues dans un café. On a parlé. J'ai appris énormément de choses: outre le fait qu'elle m'en voulait de l'avoir laissée de côté, son père était à l'hôpital, et c'est pour cela qu'elle avait agit de la mauvaise manière. Je l'ignorais à vrai dire. Mais ça m'a permis de comprendre que c'était juste une fille perdue, qui avait eu besoin de soutien, et à qui j'ai tourné le dos quand au mauvais moment. Elle m'a avouée qu'elle ne m'en avait pas parlé parce qu'elle avait honte. Honte d'avoir un parent alcoolique. Et à bien y repenser, en un an et demi d'amitié, jamais je n'étais allée dormir chez elle, de plus, elle n'évoquait que très rarement sa famille.

Ce qu'il faut retenir de cette histoire, c'est que ni l'une ni l'autre n'avons été bien mâtures. Aujourd'hui, chacune a pris sa route. C'est dingue quand même que le simple orgueil puisse séparer les gens. C'est une leçon de vie à retenir je pense.

Mais mon journal, je te vois arriver avec tes gros souliers. "Pourquoi est-elle aussi proche de Sébastien alors?". J'ai la réponse: quand ils sortaient ensemble, il s'en est rendu compte. Si j'ai bien compris l'histoire, il a voulu lui faire une surprise en allant la chercher devant la porte de son appartement. Or, ce n'était pas sa copine qui lui avait accueillit mais un homme complètement soûle à deux heures de l'après-midi. Après ça, il a toujours été là pour elle, pour la soutenir moralement, même après avoir rompu. Notamment le jour où, alors que Sébastien et moi faisions les boutiques ensemble, elle l'a appelé car son père était de nouveau à l'hosto. Et depuis le début, c'est Mélissa qui insistait pour que je ne sois au courant de rien. Pour éviter que je sois jalouse... Ou qu'il l'abandonne parce que je n'aurais pas supporté ça. Je reconnais quand même bien Sébastien: prêt à tout pour aider les autres. C'est pour ça que je suis follement amoureuse de lui.

C'est aussi une leçon de vie qui impose le respect: être présent pour ceux qui sont dans le besoin.

Quoiqu'il en soit, nous nous sommes toutes deux expliquées, excusées et pardonnées. Renouvellement d'une amitié? Je ne crois pas... Pourtant, avec tout ce que je vis en ce moment, plus rien ne m'étonnerait, franchement!


Au revoir petit journal, à une prochaine fois!

Cassandre.






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