Chapitre 6 - Partie 1

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Océane courait le long du sentier. Comment se faisait-il qu'elle n'ait jamais remarqué qu'il fut si long ? N'en finirait-il donc jamais ? Que des champs ras et nus à l'horizon. Pourquoi n'avait-elle jamais remarqué cela ? Plus elle courait, plus ce sentiment grandissait en elle. Sa terre, celle qui l'avait vue naitre, qui l'avait vue grandir, cette terre qu'elle avait toujours aimée, protégée, lui semblait morte et froide sous ses pieds. Et pendant qu'elle y pensait, ses foulées s'allongeaient, son rythme cardiaque s'accélérait, ses poumons se remplissaient jusqu'à saturation. Elle vivait pour cette terre sous ses pieds.

Elle sauverait William quoiqu'il arrive. Il ne pouvait pas mourir, c'était impossible. Elle ne comprenait pas ce lien qui l'unissait à lui, l'aimait-elle ? Elle l'ignorait. L'unique chose dont elle semblait sûre était qu'il ne devait pas mourir maintenant, qu'elle ferait tout pour qu'il reste en vie.

Océane parvint enfin au dernier détour avant l'entrée du château. Elle s'arrêta quelques instants pour reprendre son souffle, glissa une ou deux mèches folles dans son chignon et avança d'un pas rapide, sans toutefois courir. Si les gardes ne lui demandaient rien, elle passerait sans se faire remarquer. S'ils la questionnaient, elle avait déjà prévu de dire qu'elle avait oublié de préparer la tenue pour son maître le lendemain matin, qu'il serait fortement contrarié si en se réveillant elle ne se trouvait pas à la place convenue et qu'elle risquait sa place si elle ne corrigeait pas son erreur immédiatement. On ne la retiendrait pas longtemps. Par chance, sa venue ne parut surprendre personne et elle passa tranquillement.

Quand elle entra dans le hall du château, elle se précipita dans les escaliers menant à l'étage des appartements des invités. Elle longea en courant un premier couloir, puis s'arrêta à un croisement. Son maître occupait les premières pièces sur la droite. D'un rapide coup d'œil, elle repéra qu'un homme était posté devant la porte, elle devait réfléchir vite et bien. Après une expiration elle se lança, d'un pas souple et aérien, elle avança dans le couloir en regardant droit devant elle. L'homme eut simplement le temps de voir qu'une jeune femme plutôt jolie et dans une tenue agréable s'approchait de lui, il eut à peine l'opportunité de lui faire un sourire que ce dernier se transforma en rictus exprimant toute sa douleur. Océane lui avait balancé son genou dans l'entrejambe, et pendant qu'il se pliait de douleur, elle lui avait enfoncé le coude dans la nuque de toutes ses forces. Il tomba à terre dans un grognement de douleur, sans comprendre ce qu'il venait de lui arriver. La jeune femme en profita pour lui lancer son genou dans le nez et l'homme s'effondra, inconscient.

William était rentré rapidement au château, il devait partir au plus tôt, il le savait. Dès l'aube même. Ses sentiments pour Océane, plus que troubles, l'avaient retenus bien plus longtemps qu'il n'aurait dû. Il savait qu'il avait pris des risques, qu'il aurait déjà dû partir depuis longtemps. Mais il s'était attaché à sa jeune servante plus que de raison. Les regards suspicieux de Mordrais et de ses conseillers le mettaient assez en garde. L'après-midi même, le Seigneur des lieux lui avait fait une réflexion étrange qui semblait signifier qu'il n'était plus dupe. Il ne devait pas s'attarder une seconde de plus. Sa réaction face à Océane n'avait sans doute pas été la meilleure qui fut, il le savait, mais il valait mieux cela plutôt que lui exprimer ses sentiments. Cela aurait été trop dur pour tous les deux, pour lui tout du moins. Il entra dans ses appartements machinalement, et commença à enlever sa tunique avant de se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Une sensation d'oppression et l'impression qu'une ou plusieurs personnes se trouvaient dans la pièce avec lui.

Il n'eut pas le temps de se retourner, déjà deux hommes étaient sur lui, chacun lui bloquant un bras. Un troisième lui flanqua un coup de poing dans les côtes. Le souffle coupé, William essaya de se redresser et d'échapper à l'emprise qui l'empêchait de riposter. Il ne put rien faire. Il reçut un deuxième et un troisième coup, le quatrième dans le visage lui fit lâcher un hoquet de douleur. Un sourire naquit sur les lèvres de son tortionnaire et ce dernier le frappa une fois de plus, espérant entendre un cri sortir de la bouche de sa victime. Un bruit sourd se fit entendre au dehors juste avant que la porte s'ouvre avec fracas.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant