Chapitre 17 - Partie 1

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— Non, répéta William une nouvelle fois. Je ne peux pas vous dire où se situe exactement le palais de la Reine Lysianna. C'est impossible tant qu'un traité de paix n'a pas été signé entre nos deux Royaumes. De plus, je ne vois pas en quoi cela pourrait vous être utile.

— Il faut nous prouver votre bonne volonté, expliqua le conseiller. Faire un geste en nous révélant par exemple où se situe cette demeure.

— Je suis venu avec un traité de paix, vous croyez que ce n'est pas suffisant pour montrer ma bonne foi ?

— Je crains que non. Vous pourriez être là simplement pour nous soutirez des informations.

— Vous savez que c'est faux ! Laissez-moi parler à votre Roi, j'ai des informations qui pourraient l'intéresser, j'en suis certain.

— Vous voyez, enchérit le conseiller. Vous ne nous dites pas tout. Tant que le Roi estimera qu'il ne peut pas vous faire confiance, il refusera de vous voir.

William soupira et passa une main sur son visage. Cela faisait vingt jours qu'il était arrivé avec Océane et rien n'avait bougé. On avait déjà mis une semaine avant d'accepter un entretien avec lui et depuis, il rencontrait conseiller sur conseiller qui le faisaient tourner en rond. Il avait la désagréable impression qu'on se moquait de lui. Il lui fallait pourtant rencontrer le Roi. Il savait qu'il avait des arguments de choc. Encore fallait-il qu'il puisse le voir et ce avant l'arrivée imminente de Finwë. Sinon, tout le plan tomberait à l'eau. Par la Lune et les étoiles ! Toute cette histoire lui semblait si proche du but et pourtant, tout pouvait encore s'écrouler. C'était la chose la plus risquée qu'il ait jamais faite de sa vie. Depuis leur arrivée, il regrettait amèrement d'avoir emmené Océane avec lui. C'était trop dangereux, il le savait. Il n'aurait jamais dû la faire venir. Il n'aurait même jamais dû lui faire quitter sa famille. Mais il était tombé amoureux au point qu'il lui était impossible d'envisager sa vie sans elle. Il s'en voulait de mettre sa vie en péril et il était à la fois heureux de vivre chaque instants avec elle. L'avoir auprès de lui, lui donnait du courage et la force de ne pas abandonner cette terrible mission. Dorénavant, il lui faisait confiance pour se sortir de la moindre situation compliquée. Elle était la Fille de la Lune, elle risquait beaucoup moins que lui. Cependant, il était primordial pour lui de la protéger le plus possible et pour cela, il lui fallait impérativement rencontrer Danector.

Océane, durant l'absence de William, avait décidé d'explorer la cité. Les premiers jours, Geosef lui avait fait découvrir tous les recoins du château. Elle savait même où se situait les cuisines, la blanchisserie, ce que tout invité normal se devait d'ignorer. Mais Geosef l'avait prise d'affection et lui montrait tout ce qu'elle voulait voir. Puis elle avait découvert la ville haute, les beaux quartiers et leurs jardins magnifiques emplis de fleurs multicolores et odorantes. Ce jour-là, elle voulait explorer la ville basse. Même si ce n'était pas sage, très probablement risqué pour elle, vu qu'elle n'était pas la bienvenue à Süryell en tant qu'épouse de William. Si quelqu'un voulait se débarrasser d'elle, la ville basse serait un lieu tout indiqué pour l'éliminer. Mais elle avait quand même décidé de s'y rendre.

Pour cela, elle s'était vêtue d'une de ses anciennes robes et emmitouflée dans une cape joliment ouvragée, le temps de sortir des hauts quartiers, pour que personne ne se pose de question. Une fois les contrôles passés, elle avait quitté la cape qu'elle avait roulée en boule dans une besace, puis elle avait commencé son exploration. Si les premiers quartiers contenaient les échoppes, tavernes et autres boutiques de commerce, en descendant, la misère apparaissait. Bien vite, les rues ne furent plus pavées et une espèce de boue collante les remplaça, les maisons se trouvèrent bientôt dans un état insalubre et certaines personnes n'avaient pas de toit tout court. Des enfants d'une maigreur effrayante couraient dans les rues, les mains pleines de butin. Elle ne pouvait pas leur en vouloir. A dire vrai, c'était la première fois qu'elle faisait face à la véritable misère, car chez elle, même si le Seigneur Mordrais ponctionnait la majeure partie de leurs récoltes, ils avaient assez pour vivre modestement. Et s'il leur était arrivé de manquer de quelque chose, un voisin avait toujours été là pour les aider et inversement.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now