La légende des deux royaumes [TERMINÉ]

Chapitre 11

Inwë et Gabriel étaient revenus tard dans la soirée. La jeune femme qui s'était sentie apaisée à ses côtés, était désormais gênée. Elle ne savait pas comment agir avec lui, elle se sentait gauche. Ils avaient fait la paix, indubitablement. Mais pas uniquement, elle le savait. Il n'empêchait que cette idée lui était vraiment étrange. Elle et Gabriel. C'était inattendu. Pourtant, enfin, elle n'en ressentait plus de culpabilité.

Pas un instant il ne remplaçait William. Simplement, cela lui faisait du bien d'être soutenue par quelqu'un de fort, sur lequel elle pouvait s'appuyer. Elle n'avait plus l'habitude, mais elle avait trouvé cela agréable. D'autant plus qu'Inwë n'était pas obligée de faire bonne figure avec Gabriel. Lui plus que quiconque pouvait comprendre tout ce qu'elle avait traversé. Et inversement.

Elle se sentait de nouveau bien avec elle-même. Tout ce que Finwë avait détruit en se mariant avec elle, faisant de son corps et de son âme sa possession, Gabriel venait de lui rendre une partie. Son corps lui appartenait à nouveau et son âme guérissait timidement, mais sûrement. Et après toutes ces années d'obscurité, cela lui faisait énormément de bien.

Elio et Erid dormaient déjà autour du feu quand ils les rejoignirent. Inwë se tenait à côté de Gabriel, mais ne savait pas comment lui dire quelque chose sans paraitre idiote. Finalement, il lui sourit, faisant naître des rides autour de ses yeux, plissant sa cicatrice en croissant de lune. Son visage fut éclairé, lui qui semblait si sérieux habituellement. Sans s'en rendre compte, elle sourit à son tour. Elle lâcha même un petit rire avant de lui souhaiter bonne nuit et de rejoindre la cavité qu'elle s'était appropriée.

Le lendemain matin, Inwë se réveilla en entendant les deux frères discute et alla s'asseoir près d'eux.

— Tu as l'air en meilleur forme qu'hier matin, dit-elle à Erid.

— Il n'est pas du matin uniquement quand ça l'arrange, enchaina Gabriel.

— Si c'est pour vous liguer contre moi, je n'accepte pas votre réconciliation.

— Idiot, fit Gabriel amusé.

— Je ne vous écoute plus !

Inwë et Gabriel rirent devant l'air outragé d'Erid.

— Où est Elio ? demanda-t-elle.

— Parti réfléchir un peu plus loin.

Elle se leva et laissa les deux frères seuls pour rejoindre le jeune prince. Ils la regardèrent s'éloigner.

— Notre famille serait fière de nous, fit le cadet.

L'ainé ne répondit pas mais Erid vit qu'il semblait plus détendu.

— Je pense qu'ils seraient heureux de voir qu'après toutes ces années, on soit enfin apaisé, continua-t-il.

— Pour combien d'années gâchées et de vies perdues ?

— Ta femme est morte, ta fille aussi, en plus de nos parents et de notre sœur. Ils auraient compris, crois-moi. Aucun ne t'aurait reproché quoique ce soit.

— En es-tu certain ?

— Ils nous aimaient.

Gabriel resta silencieux, mais Erid avait raison. Ça lui suffisait.

Inwë rejoignit Elio, assis au bord de l'ouverture sur la falaise. Il avait les jambes qui pendaient dans le vide. Elle s'installa à côté de lui.

— Je suis désolée.

— Non c'est moi, fit Elio en fixant droit devant car c'était encore douloureux de la regarder. Je n'aurais pas dû m'éloigner.

— Je crois au contraire que tu en avais tous les droits. Je pense même que tu devrais un peu plus agir égoïstement, en ne pensant qu'à toi.