Chapitre 16 - Partie 1

5.5K 529 42
                                    

Océane essora délicatement la serviette au-dessus du broc. Un liquide doré se dilua en volutes dans l'eau limpide. La jeune femme nettoyait son corps des arabesques qu'on lui avait peintes la veille au soir et dans la clarté de la matinée, rendue multicolore grâce aux vitraux, il ne lui restait plus que la cheville droite à laver. William dormait encore, la tête enfouie dans un coussin de plumes, ne laissant s'échapper que quelques mèches de cheveux ébouriffés.

Une fois sa toilette terminée, elle s'examina dans le miroir, il restait encore des traces infimes, presque marron, des entrelacs. Il faudrait sans doute plusieurs jours pour qu'elles partent totalement. Elle enfila son pantalon de voyage, elle savait qu'ils repartiraient avant la mi-journée. Comme la matinée était fraiche, la jeune femme enfila sa veste par-dessus sa chemise.

Elle se tourna enfin vers William le sourire aux lèvres, contrairement à lui, elle n'avait presque pas dormi de la nuit. L'adrénaline qui avait couru dans ses veines l'avait empêchée de s'endormir de longues heures, puis elle avait sombré dans un sommeil peuplé d'images qu'elle ne parvenait pas à comprendre, toujours ce même cauchemar. A présent elle rêvait même d'un couloir sombre, il lui semblait si oppressant qu'elle s'était réveillée en sursaut, tremblante et transpirante.

Face à William endormi, elle ne voulait pas le réveiller. Elle sortit donc. Le soleil n'était pas très haut dans le ciel et il n'éclairait qu'une partie de la cour de sa lumière orangée. Océane décida de profiter de ces quelques rayons et s'assit dans l'herbe encore pleine de rosée. Elle laissa la douce chaleur de l'astre du jour inonder son visage et ses cheveux qui paraissaient auburn à cet instant.

La jeune femme entendit les roulis de la chaise de Gemma mais n'ouvrit pas les yeux. La vieille femme resta quelques instants à ces côtés sans parler avant d'engager la conversation.

— J'aime moi aussi profiter de cet endroit le matin quand tout est calme. Je suis ravie de t'avoir rencontrée. Hier soir était une belle nuit et la cérémonie était sublime. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu de Fille de la Lune en célébrer une. Je suis heureuse d'avoir pu assister à une autre avant ma mort.

— C'était très étrange, dit Océane en se tournant vers son interlocutrice. Je ne savais pas quoi faire ou quoi dire.

— Tu t'es bien débrouillée au vu de ton inexpérience. Autrefois les Filles de la Lune étaient formées à comprendre ce qui allait leur arriver. Ta grand-mère l'a été.

— Et pourquoi moi non ?

— Parce que ma sœur a longtemps refusé ce destin pour toi. Il semblerait qu'elle ait cédé à la fin cependant. Elle-même a souvent lutté contre sa voie, contre ce qu'elle était, en vain.

— Je ne sais même pas ce qui m'attend et ce que tout ceci implique concrètement.

— Parfois il est préférable d'avancer sans savoir où nous allons, de se laisser guider par ses pieds. Car quoi qu'il arrive nous arriverons au bout de notre chemin, fit Gemma avec un sourire.

— Je suppose, répondit Océane.

— Je veux que tu saches que nous serons là pour toi. Si un jour tu as besoin d'un refuge, notre porte est ouverte, promit la vieille femme.

— Espérons que je n'ai pas besoin de ça pour venir vous voir, fit Océane en acceptant toutefois l'offre.

— Peut-être viendras-tu me présenter l'enfant qui grandit dans ton ventre, déclara Gemma, neutre.

Océane resta un long moment silencieuse semblant peiner à accepter cette affirmation. Finalement elle demanda à la vieille femme comment elle pouvait en être certaine.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt