Chapitre 8 - Partie 1

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Océane resserra les pans de sa cape. Cela faisait plusieurs heures qu'elle et William chevauchaient en silence. Elle savait où elle devait aller et le guidait, le faible éclat de la Lune sur l'herbe humide lui suffisait pour éclairer son chemin. Elle aurait pu se diriger les yeux fermés tant elle connaissait les Plaines.

La jeune femme n'empruntait aucune route connue pour semer leurs poursuivants potentiels et ils arriveraient plus au sud que l'endroit indiqué par William. Longeant le chemin et faisant avancer les chevaux dans les herbes hautes pour cacher les traces des sabots dans la boue, Océane se devait d'avancer le plus vite possible avant le lever du Soleil et du brouillard.

Se concentrer sur son chemin pour ne pas penser à ce qu'elle abandonnait. Le visage de son frère et de son amie, puis ceux de sa famille, ses nièces et neveux et enfin celui de Grand'ma s'attardèrent devant ses yeux, lui insufflant une dose de courage. Océane sourit et serra fort son pendentif contre sa poitrine.

William, quant à lui, pensait à leur départ précipité. Le moins discret qu'il ait jamais connu. Laisser Sila mort derrière eux s'était imposé dans son esprit. Une vengeance pour toutes les personnes qu'il avait maltraitées durant sa vie. Mais la bestialité avec laquelle il l'avait tué lui rappelait des souvenirs, des personnes, qu'il aurait voulu garder emprisonnés dans sa mémoire, cela l'effrayait. Il savait cependant qu'il avait fait le bon choix. Il revit le maitre des domestiques tenté d'écarter les jambes d'Océane et à cette pensée, ses poings se contractèrent, tirant sur les brides du cheval. L'animal s'ébroua, le ramenant à la réalité.

L'aube arrivait, colorant la bichromie nocturne d'anis, de rosé et d'or. La brume se leva, mettant plus encore en valeur ces nouvelles couleurs. Océane ralentit sa jument, réduisant ainsi, l'écart entre eux.

— Nous allons bientôt nous arrêter quelques heures, déclara-t-elle une fois qu'il fut parvenu à son niveau. Jusqu'à ce que le brouillard tombe. Nous ne ferons de véritable pause que lorsque nous aurons atteint les montagnes.

— C'est plus sûr en effet, approuva William.

— Je connais l'endroit parfait où nous pourrons nous reposer, ainsi que nos chevaux. Nous y serons bientôt.

Ils chevauchèrent quelques instants côte à côte. La brume se faisant de plus en plus dense, masquant petit à petit les couleurs. Devant eux, surgit une petite cabane qui semblait abandonnée. Etrange endroit pour construire pareille masure songea William, il n'y avait rien aux alentours. Océane, déjà pied-à-terre, lui expliqua :

— C'est une cabane de chasseurs. L'intérieur est sommaire, juste fait pour passer la nuit, avant de reprendre le chemin de la maison.

Elle déposa son paquetage au sol puis entreprit de desseller sa monture. William en fit de même et la suivit à l'intérieur.

— Je suis venue ici plusieurs fois quand j'étais plus jeune, fit-elle en déposant ses affaires dans un coin. J'accompagnais souvent mon père et mes frères durant leurs parties de chasses.

— Vraiment, demanda le Seigneur surpris. J'ai du mal à t'imaginer dans les broussailles attendant que ta proie daigne enfin sortir de son trou.

— Et pourtant, répondit Océane en riant. Partout où mes frères allaient, je voulais les accompagner ! Mais je devais souvent me contenter de garder le campement. Ensuite, c'est avec ma grand-mère que je suis revenue, pour chercher des plantes dans les montagnes. C'est avec elle que j'ai découvert chaque recoin des Plaines.

Tout en racontant ses souvenirs de chasse et de cueillette, elle s'activait. Elle ramassa quelques morceaux de bois déposés dans un coin de la cabane, puis les disposa dans l'âtre d'une vieille cheminée. Ensuite elle récupéra de la paille, tenue au sec dans le seul petit placard. Pendant ce temps, William avait attrapé son briquet de pierres et avait détaillé leur abri exigu. Une table dans un coin, le placard au-dessus, deux chaises, une couchette en face et sur le mur, à l'opposé de la porte, la cheminée. Très sommaire, rien de superflu, mais personne ne s'attardait ici. Une fois qu'Océane eut finit de tout préparer, il s'approcha et d'un geste expert il frotta ses cailloux. Des étincelles jaillirent, et le combustible commença à fumer. Il réitéra son geste trois fois, puis de minuscules flammes apparurent et devinrent plus grande. En peu de temps il y eut de belles flammes.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now