La légende des deux royaumes [TERMINÉ]

Chapitre 12

Depuis quatre jours qu'ils étaient rentrés, Inwë n'avait pas eu une minute à elle, même ses nuits se trouvaient bien écourtées, Finwë la visitant chaque soir. Elle n'avait pas pu rendre visite à sa famille encore. Mina avait accouché à peine trois jours avant son retour et éprouvait des difficultés à se remettre, elle devait d'autant plus se dépêcher d'aller à leur rencontre. Elio les avait croisés mais les nouvelles ne suffisaient plus. Elle voulait les voir en chair et en os.

Elle récupéra sa besace avec sa cape noire à l'intérieur et descendit dans ses jardins. Elle passa derrière les arbustes et fit face à la porte dans le mur. Quand elle avait expliqué à Gabriel comment elle avait fait ces dernières années, il avait confirmé que Finwë n'en savait rien puisque lui-même n'avait pu la percer à jour. Savoir que des choses échappaient à son époux lui faisait du bien, même si elle était sûre qu'il n'était pas aussi dupe qu'il le laissait croire.

Finwë ne ferait jamais confiance à qui que ce soit, mais leur but était de s'approcher le plus de cette confiance. Personne d'autre que Gabriel n'y était parvenu, elle encore moins que quiconque, et tant qu'il croirait à la loyauté de son second, tout se passerait bien.

Sinon, la mort frapperait plus vite que prévu. Finwë n'était pas du genre à s'encombrer de dissident. L'exception était Inwë elle-même. Selon ses principes, elle aurait dû mourir depuis longtemps.

Ce fut emmitouflée dans sa cape qu'Inwë toqua à l'arrière de la maison de son frère. Elio les avait prévenus de son arrivée, si bien que la boutique était fermée. Géron entrebâilla la porte prudemment et la jeune femme révéla discrètement une partie de son visage. Les visites en journée étaient toujours plus risquées. Son frère lui ouvrit en grand pour la laisser entrer et la referma immédiatement derrière elle. Se découvrant totalement, elle se tourna vers lui et l'attrapa dans ses bras.

— Je suis content de te revoir.

— Moi aussi, vous m'avez tellement manqué, ajouta-t-elle radieuse.

Géron la conduisit ensuite à l'étage où se trouvaient Keiran et Nora qui gesticulaient, conversant muettement ensemble. Quand elle vit sa tante, la fillette se précipita dans ses bras en criant. Inwë la rattrapa au vol en souriant. Keiran arriva silencieusement, comme à son habitude, mais il semblait heureux lui aussi. Quand elle eut reposé sa nièce, Inwë le serra contre elle un moment jusqu'à ce que Géron revienne avec Nolann, son fils de deux ans et demi, dans les bras.

— Mina et mon fils se reposent en haut. Si tu veux aller les voir.

— Encore un garçon ! Eh bien, Nora, vas-tu te débrouiller au milieu d'eux ?

— C'est bon... Je préfère les garçons, c'est mieux, déclara la fillette le plus sérieusement du monde.

— Ça promet pour plus tard, fit-elle en riant à l'adresse de son frère.

— Ma fille restera toujours cet adorable bébé qu'elle est aujourd'hui.

— Papa ! Je suis pas un bébé. J'ai six ans, je suis une grande fille.

Inwë rit de cet échange avant d'ajouter :

— C'est aussi ce qu'Erid a dit à propos de Luna. Je suis certaine que vous allez vous entendre, pères poules que vous êtes.

— Elio nous a raconté que tu as retrouvé ta fille. Je suis vraiment ravi pour toi. Et tu as l'air plus heureuse.

— Je le suis et j'en profite pour te remercier du soutien que vous m'avez apporté ces dernières années, même si je n'étais pas toujours la personne la plus agréable, je n'aurais pas eu le courage de tenir sans vous.