Silence 2

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Il fait si froid...

Alice était recroquevillée tout en haut d'un bâtiment instable. Ici, le vent mordant était sans pitié, brûlant la moindre parcelle de peau à découvert. Si en journée les températures hivernales étaient supportables, la nuit tombée, elles devenaient invivables. Des êtres humains normaux seraient déjà morts de froid à rester ainsi immobiles dehors.

Mais pas les goules. Si elles ressentaient le froid, leur organisme était suffisamment résistant pour le supporter.

Alice jeta un coup d'œil à ses doigts. Leur peau était devenue bleue. Des engelures commençaient à apparaître. Serrant les dents, la jeune femme colla ses mains contre sa poitrine, la partie la plus chaude de son corps. C'était là que se concentrait le plus la chaleur corporelle : autour du cœur et des poumons.

Cela faisait des heures qu'Alice était aux prises du froid, aussi immobile qu'une statue, invisible aux yeux de ceux qui se trouvaient en bas. En face de sa cachette se trouvait un second bâtiment, en bien meilleur état que tous les autres malgré les fenêtres brisées et les murs couverts de fissures inquiétantes.

Et tout autour de ce bâtiment rodaient des goules.

L'on pouvait tout de suite deviner que les créatures n'étaient pas de la petite friture : elles étaient entraînées. Leur œil alerte et leur posture assurée en étaient les preuves. Pendant ses deux jours d'observation, Alice avait pu prendre connaissance de leur tour de garde et identifier ainsi les goules qui faisaient partie de la garde extérieure.

Pour ce qui était de la garde intérieure, en revanche, c'était une autre paire de manche. La jeune femme ne pouvait se fier qu'à ce qu'elle voyait au travers des fenêtres brisées, c'est-à-dire pas grand-chose. Toutefois, elle avait de la ressource. Elle se savait capable de s'infiltrer dans le bâtiment, au nez et à la barbe des gardes. Une fois à l'intérieur, elle pourrait récolter une mine d'informations qui lui rendraient le travail immensément plus facile.

Avec un soupir, la jeune femme rampa silencieusement jusqu'au bord opposé de sa cachette et commença à entamer sa descente, s'aidant de sa simple force et souplesse. L'immeuble était lézardé de fissures, ce qui lui donnait des prises aisées et accessibles. Une fois au sol, Alice s'étira pleinement, mais prit garde cependant à ne faire craquer aucune de ses articulations. Le bruit, même extrêmement ténu, risquait d'alerter les goules.

Alice chercha la lune du regard, son seul moyen de savoir quelle heure il était. L'astre était absent, caché par d'épais nuages. Il allait bientôt neiger. Et la neige allait geler. Cet hiver serait bien plus rude que les précédents.

La jeune femme soupira, se promettant d'acheter des vêtements plus chauds. Il lui suffirait juste de troquer un peu de sa nourriture contre de l'argent. Un sacrifice nécessaire.

Mais pour le moment, il lui fallait se reposer dans un autre abri improvisé.

Et préparer son infiltration.

*****

Le lendemain, Alice était revenue près de l'immeuble qui lui avait servi de tour d'observation. Entièrement vêtue de noir, elle relaça ses chaussures avant d'attacher ses longs cheveux bruns. Puis elle enfonça un bonnet sur son crâne et couvrit la moitié de son visage avec un masque chirurgical noir.

Si elle se faisait repérer, son identité serait protégée.

La jeune femme échauffa de nouveau ses muscles et assouplit ses articulations. Elle sentait son arme peser contre le bas de ses reins. C'était un poids rassurant.

White SilenceWhere stories live. Discover now