Silence 9

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OMAGAD UN CHAPITRE SAUVAGE APPARAÎT !

Des corps crochetés au plafond par la nuque ou la cheville. La peau en décomposition sentant la vieille viande, trouée par les vers et asticots. Une expression d'horreur gravée jusque dans les os du crâne.

Des cadavres d'enfants exposés comme des morceaux de viande.

Alice se réveilla en sursaut, poussant un cri que ses cordes vocales refusèrent de transmettre. Elle se pencha en avant et posa la tête sur ses genoux, la respiration frénétique. Ses jambes tremblaient, et à son front perlaient de grosses gouttes de sueur.

Elle voulait oublier ce qu'elle avait vu dans la base.

Elle passa une main sur son visage et ferma les yeux et respira profondément pour apaiser ses émotions. Tout irait bien. Elle avait simplement été choquée. Cette vision d'horreur se ferait moins violente avec le temps.

Si son corps parvenait à se calmer, ce n'était pas le cas pour son esprit. Elle n'arrivait pas à comprendre la présence de ces corps d'enfant dans cette base. D'un côté, la détermination la poussait à croire que c'était simplement une terrible coïncidence : des squatteurs avaient découvert l'abri et avaient décidé de s'y installer, se construisant ainsi un petit garde-manger confortable. Quant à la question « pourquoi que des enfants ? » la réponse était simple : les enfants-goules étaient les victimes les plus faciles et les plus alléchantes. Une viande jeune était aussi délicieuse qu'une viande mûre, à la différence qu'elle était plus simple à capturer.

D'un autre côté, le doute que Kaneki avait insufflé en elle commençait à grandir, et Alice se surprit à haïr le jeune homme à cause de cela. Elle commençait à penser des choses qui ne l'avaient jamais effleurée, et elle méprisait profondément cette hésitation qui pouvait lui faire perdre confiance en ses croyances.

Alice ramena ses cheveux en arrière et poussa un long soupir, vidant ses poumons de tout oxygène, pour les remplir ensuite d'air frais et humide. Dehors, la pluie tombait drue depuis le milieu de la nuit, et la jeune femme avait dû pendre ses vêtements pour qu'ils sèchent tant elle avait pris l'eau sur le chemin du retour.

Il était encore tôt, mais les autres s'éveillaient déjà lentement. Les enfants s'agitaient, certains riaient, et Alice pouvait presque imaginer Hinami et ses camarades leur intimer le silence pour respecter le sommeil des plus fatigués. Sachant qu'elle ne pourrait plus s'endormir, la jeune femme se leva et lissa les vêtements qu'elle portait, un simple débardeur plus gris que blanc et un pantalon en toile noir. Ce n'était pas chaud, mais avec sa tenue trempée, c'était mieux que rien.

Pieds nus, elle quitta sa chambre et se dirigea vers les toits. Aller tout de suite au réfectoire n'était pas une idée qui la séduisait, elle voulait profiter encore un peu de sa solitude, chose dont elle ne disposait pas assez depuis qu'elle avait rejoint le groupe de Kaneki. Arrivée en haut de l'immeuble, elle resta à l'abri, ne s'aventurant pas sous la pluie. Des gouttes parvenaient à la toucher de temps à autre, et une flaque léchait ses orteils.

Alice leva les yeux vers le ciel qui pleurait. Elle enviait et admirait le temps qui pouvait exprimer ses humeurs aussi aisément, elle qui n'avait même pas réussi à pleurer la mort de Gina et ses camarades.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

La jeune femme tourna la tête vers Toka qui était arrivée silencieusement derrière elle. La goule s'approcha et la regarda de haut en bas avant de la prendre par le bras et de l'entraîner totalement à l'intérieur.

-Tu tiens à être malade ? Sortir par ce froid dans une tenue pareille et affaiblie par une blessure, c'est tenter le diable.

Alice fut surprise de sentir la chaleur de la paume de la goule sur son poignet, puis réalisa qu'en fait, c'était sa peau était si froide que celle de Toka était chaleureuse en comparaison.

White SilenceWhere stories live. Discover now