White Silence

Silence 7

Les jours parurent bien longs à Alice après que Kaneki lui eût promis des preuves qui confirmeraient la culpabilité de Gina. Rien ne se passa après cet épisode, et les journées étaient bercées par une monotonie à laquelle la jeune femme s'était résolue : lever, déjeuner, écouter les rapports des goules dispatchées dans les différents arrondissements, entraînement sparnacien avec Tsukiyama et aider Hinami à s'occuper des enfants. Alice était impressionnée par l'instinct maternel de la jeune goule : très douce, elle trouvait toujours les mots justes pour apaiser les tensions et pour rassurer les enfants les plus fragiles. C'était pour ces raisons qu'elle était tant appréciée par la jeune communauté, et Alice se surprenait souvent à admirer cela.

Deux semaines passèrent et rien ne paraissait vouloir changer. L'impatience d'Alice grandissait, tout comme l'agacement qu'elle ressentait envers Tsukiyama. La goule semblait plus occupée à s'amuser avec elle qu'à l'entraîner, et sa désagréable manie de la renifler et de la complimenter en plusieurs langues était de moins en moins supportable. Kaneki lui ayant formellement interdit de faire usage de son arme (qu'il appelait « Quinque »), Alice faisait comprendre son mécontentement avec ses poings.

Et ce matin-là, elle surprit la goule avec un violent coup de poing en plein visage. Quelques dents volèrent et tombèrent à terre. Tsukiyama demeura immobile, la stupeur l'ayant paralysé. Seuls ses yeux bougeaient encore, et ils se posèrent avec ahurissement sur Alice qui secouait son poignet douloureux.

La surprise passée, Tsukiyama se massa la mâchoire et cracha le sang qui avait envahi sa bouche. Par son attitude, Alice devina que l'entraînement était terminé.

-Il semblerait que tu sois de très mauvaise humeur, Hime.

Tsukiyama lui sourit, elle l'ignora. Il secoua la tête, navré.

-Ahaa, j'aimerais que tu me fasses un peu plus confiance. Nous sommes dans la même équipe après tout. Si tu n'arrives pas à travailler avec les autres, Kaneki ne t'emmèneras en mission demain.

Les lèvres de la goule s'étirèrent en un rictus satisfait quand Alice plissa les yeux. La jeune femme serra les poings et tourna les talons, refusant de rester une minute de plus seule en sa présence. Elle préférait encore se faire tirer les cheveux par les enfants.

Elle alla retrouver Hinami qui l'accueillit avec son bonne humeur habituelle. Bien vite, son doux sourire disparut pour laisser place à une mine inquiète.

-Tout va bien ? demanda-t-elle à Alice.

La jeune femme haussa les épaules. Comprenant qu'elle ne voulait pas en parler, Hinami n'insista pas. Elle continua à remplir un sac de vivres et de nécessaires de soin sous l'œil curieux d'Alice.

-Quelqu'un va nous remplacer pendant quelques jours pour s'occuper des enfants, expliqua Hinami en fermant le sac. Je crois qu'ils t'aiment beaucoup, ajouta-t-elle avec un brin d'amusement dans la voix. Ils étaient déçus à l'idée de ne pas te voir pendant un moment.

Alice se renfrogna, se demandant bien pourquoi les enfants s'étaient rapidement attachés à elle. Elle soupçonnait Hinami de leur avoir révélé qu'elle avait sauvé certains d'entre eux, puisque ceux qui venaient toujours à elle en premier étaient des visages qui lui étaient familiers.

-Oh, j'ai failli oublier, s'exclama Hinami en se tapant le front du plat de la main. Si tu as terminé tes exercices avec Tsukiyama, tu dois aller voir Kaneki. Il t'attend en salle de réunion.

Elle sourit avant d'ajouter :
-Je pense que ce qu'il va te dire va te plaire.

La mauvaise humeur d'Alice retomba un peu, et c'est avec un cœur plus léger que la jeune femme se dirigea vers la salle de réunion. Kaneki était là, comme promis, et discutait avec Tsukiyama et Touka. Cela faisait quelques jours qu'Alice n'avait pas croisée cette dernière. Hinami lui avait expliqué que Touka s'occupait de coordonner les équipes de surveillance placées dans chaque arrondissement et que, par conséquent, elle n'était pas souvent présente à la base.