Silence 4

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Alice avait presque atteint l'échelle. La panique s'était insinuée en elle comme un serpent et refusait de la laisser en paix. On l'avait reconnue. On avait découvert son visage malgré toutes les précautions qu'elle avait pu prendre. Gina avait toujours insisté pour garder son identité secrète. La vieille goule disait toujours que ce secret était ce qui lui permettrait de vivre. Que le jour où le masque tomberait signerait son arrêt de mort. Alice n'avait jamais vraiment compris pourquoi et n'avait jamais cherché à le savoir. Elle recevait les ordres, elle les exécutait. On lui donnait des instructions, elle les suivait.

C'était aussi simple que cela.

Pourtant, la goule aux cheveux blancs l'avait tout de suite identifiée. Et Alice paniquait car elle avait peur. Peur de ce que cette découverte signifiait. Peur, car à présent, Gina n'était plus là pour la conseiller et lui dire quoi faire.

La jeune femme avait atteint l'échelle et tendit un bras vers elle.

Une main pâle stoppa son geste. La goule aux cheveux blancs –Kaneki si sa mémoire était bonne– la retenait avec une poigne douce mais ferme. Aucune menace ne brillait dans ses yeux gris. En fait, ses prunelles étaient dépourvues d'émotions. Vides. Mortes.

-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de sortir comme ça, dit alors Kaneki.

Il pointa du doigt le bras gauche d'Alice. Les bandages commençaient à se défaire, révélant la peau encore à vif à cause des sutures. Certaines avaient déjà lâché.

La jeune femme libéra son bras de la prise de la goule et posa une main sur sa blessure. Elle ne sentait rien. L'adrénaline que lui procurait la peur l'empêchait de sentir la douleur.

-Tu es gauchère ?

La question surprit Alice, qui releva la tête. La goule croisa son regard.

-Ah..., fit Kaneki. Non, c'est juste que, d'après ce que je peux voir, les sutures sont assez grossières, tout comme la mise en place des bandages. Je me demandais donc si tu étais gauchère. A moins que tu ne sois pas douée de tes mains, ce qui me surprendrait de la part de quelqu'un qui sait se battre.

Alice recula d'un pas. Plus la goule parlait, plus sa panique grandissait. Non seulement elle l'avait reconnue, mais elle semblait aussi la connaître. Comment pouvait-elle savoir qu'elle était apte à combattre ?

-Les enfants, dit Kaneki, le regard toujours posé sur Alice. Ceux que tu as sauvés du réseau de prostitution. Ils n'arrêtent pas de parler de toi depuis le jour où je t'ai remercié quand tu étais cachée sur le toit. Ils se demandent qui tu es, où tu es et pourquoi tu les as aidés.

La jeune femme se tint prête à dégainer son arme quand la créature fit un pas vers elle.

-Et je dois avouer que je me pose les mêmes questions.
-Tu attendras un peu pour avoir les réponses, intervint Uta d'un air contrarié. Pour le moment, j'aimerais bien qu'Alice aille soigner cette blessure correctement. Tu salis mon territoire et tu empestes.

Kaneki et Alice sursautèrent. Uta était apparu de nulle part, profitant de leur inattention pour les surprendre. Il fit signe à la jeune femme de venir et fronça le nez quand elle passa devant lui.

De nouveau enfermée dans une pièce à part, Alice soupira en constatant que ses sutures avaient lâchées en lui laissant de nouvelles coupures fraîches. Elle pouvait entendre Uta grogner dans le couloir : il était en train de nettoyer le sang qu'elle avait semé sur son chemin. S'il y avait bien une chose que la goule détestait, c'était d'avoir à faire le ménage.

White SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant