Silence 8

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La tête maintenue dans une eau glacée, elle se débattait pour se relever. Ses poumons l'imploraient pour de l'air, et la main qui était posée sur son crâne n'était pas décidée à la libérer. Elle essaya d'atteindre son tortionnaire, sans succès.

Et soudain, elle fut libre.

L'air qui emplit ses poumons lui donnait l'impression de revivre. Elle toussa, cracha l'eau qu'elle avait avalée. Respirant frénétiquement, elle s'éloigna de l'énorme bassine d'eau qui servait à la torturer.

-Quatre minutes, constata son tortionnaire en notant les résultats. Les autres font mieux, beaucoup mieux.

Sachant ce qui allait suivre, elle rampa rapidement loin de l'homme. Mais il la rattrapa bien vite par les cheveux et la tira vers lui. Elle couina, le griffa, rien n'y fit. Elle ne pouvait rien contre ce balourd qui faisait huit fois son poids.

La torture continua. Le visage plongé profondément dans la bassine, elle crut mourir à plusieurs reprises. Mais à chaque fois qu'elle était prête à s'évanouir, l'homme la relâchait, lui permettant de prendre son souffle. Cela jusqu'à ce que les résultats le satisfassent.

Il la traîna ensuite sur une chaise à l'allure sinistre. Elle se débattit de plus belle, les larmes coulant sur ses joues déjà mouillées. Elle fut attachée à la chaise avec des liens de cuir. Et quand l'homme disparut de son champ de vision, son cœur s'accéléra, anticipant ce qui allait suivre.

Une violente décharge la parcourut, figeant son corps, puis le faisant convulser violemment. L'attaque cessa, puis reprit, encore et encore, les décharges plus fortes et insupportables que les précédentes.

Elle perdit le décompte des minutes. Et, arrivée au bout de sa résistance, elle perdit connaissance.

*****

Alice reprit lentement conscience avec un mal de tête tout à fait terrible. Le peu de luminosité lui indiqua qu'il faisait encore nuit, et la chaleur qu'elle ressentait seulement sur le devant de son corps lui fit comprendre que quelqu'un la portait sur son dos. Elle huma une légère odeur fleurie, une fragrance très ténue, comme celle d'une fleur qui se fane. La jeune femme se redressa assez pour identifier qui la portait.

La sentant bouger, Hinami tourna légèrement la tête vers elle. La jeune goule lui offrit un sourire, et le soulagement se lut dans ses yeux.

-Tu nous as fait une sacrée frayeur, lui dit-elle en la déposant à terre. On a cru que le poison avait déjà atteint ton cœur.

Alice posa une main sur son flan, là où une large blessure commençait à se refermer tout doucement. Elle se rappelait à peine de l'avoir reçue. Puis elle se souvint de cet ennemi qui se battait avec une arme similaire à la sienne, adversaire qui avait réussi à l'atteindre : le poison s'était sûrement trouvé sur sa lame. Et ce devait être un produit tout spécialement conçu pour affaiblir les goules afin de mieux les maîtriser : l'organisme d'Alice n'aurait pas réagit ainsi autrement. Elle était immunisée contre tous les poisons qui pouvaient tuer ou fortement affecter les humains, Gina s'était bien assurée de cela.

La jeune femme remarqua alors qu'ils étaient sur la route du retour. Derrière eux, la demeure qu'ils avaient attaquée était en proie aux flammes. Une épaisse fumée noire s'élevait dans les airs, accompagnée des craquements sinistres du domaine en train de brûler jusque dans ses moindres fondations.

-Tu es restée inconsciente quelques heures, lui expliqua Yomo d'une voix rauque et tranquille. Hinami est parvenue à contrer une partie du poison, ton organisme a fait le reste.
-J'ai vraiment cru que tu allais nous rester dans les bras, renchérit Toka.
-Don't worry, Missy, je me serais occupé de ton cadavre, dit Tsukiyama en se léchant les lèvres.

White SilenceWhere stories live. Discover now