Petit ami et Compagnie 1 - Opération Alexander (Terminée)

Chapitre 17 partie 2 : Le repas

— Alors Alex dites-moi, comment vous êtes-vous rencontrés avec Annabelle ? demande ma mère à table. Oh, pardonnez-moi, vous me permettez que je vous appelle ainsi ?

Je relève la tête de mon assiette et retiens ma respiration. Nous sommes tous en train de manger le délicieux repas que Jales a préparé, c'est un véritable cordon bleu, et j'espère que la suite du déjeuner sera bonne. Mais je crois que tout cela dépendra de la réponse de mon voisin. Et justement, comme je n'ai pas eu le temps, contrairement à avec Nash, de faire une entrevue pour parler des conditions de notre supposée rencontre, j'ai plutôt peur pour la suite.

Tendue, je donne un coup d'œil à Maxime qui vient d'en tomber ce qu'il avait sur sa fourchette.

— En fait pour tout vous dire, Alexander n'est que mon deuxième prénom, répond aimablement mon faux petit ami. On m'appelle Jales d'ordinaire, fait-il en souriant à ma mère.

Je vois aux yeux de cette dernière qu'elle est sous son charme. J'ai son approbation maternelle, c'est certain.

Ah si seulement tu savais maman...

— Oh en effet, ce prénom vous va bien mieux ! lâche-t-elle avec son honnêteté éternelle et parfois même maladive.

Nous nous sourions tous. Et tandis que Maxime et mon père recommencent à manger, je fixe mon plat. Mince, alors que j'ai un succulent repas sous le nez voilà que le stress me coupe l'appétit. Mes doigts se crispent sur mes couverts.

Peut-être que j'aurais pu toucher quelques mots à Jales pendant qu'il cuisinait. J'aurais pu lui dire que nous sommes supposés sortir ensemble depuis plusieurs mois, puis que dans mon mensonge, j'ai dit que c'était l'amour fou et... Bref, si cela se termine par un fiasco, je sais que je ne pourrais pas le blâmer, car tout ceci est entièrement ma faute.

— En fait, nous nous sommes rencontrés sur le parking de l'hôpital, continue ce dernier. J'ai malencontreusement reculé dans sa voiture.

Je regarde Maxime qui se couvre la bouche, sûrement pour cacher son rire. C'est assez drôle que Jales décide de raconter notre supposée rencontre de la sorte, en piochant parmi de réels événements. Au moins, sur ce point, il n'y aura pas véritablement de mensonges. Heureusement cependant que l'on ne m'a pas posé la même question quelques minutes plus tôt, car je n'aurais pas répondu du tout la même chose et nous nous serions fait coincer ainsi.

— Oh je vois, rigole ma mère et son rire détend toute la table.

Elle a toujours eu ce don de rendre joyeux les gens rien que par sa présence. Je crois que c'est d'elle que je tiens ma fameuse bonne humeur.

— Et pardonnez-moi d'être indiscrète, mais quand vous êtes-vous rendu compte que vous étiez amoureux de notre fille ? continue-t-elle et l'atmosphère détendue quitte à nouveau la table.

Je tourne la tête vers Jales qui m'accorde un regard lui aussi puis ce dernier me sourit d'une façon inédite et attrape ma main sur la table. Il noue ses doigts aux miens avant de regarder de nouveau ma mère. C'est un geste plutôt tendre et cela me perturbe un peu.

— Je crois que c'est lorsqu'elle a cassé mon portable. Elle était tellement désolée que c'en était mignon. À moins que ce ne soit lorsqu'elle m'a perdu sur un vieux chemin supposé être un raccourci et que nous avons dû passer la nuit dans ma voiture car nous sommes tombés en panne.

Cette fois-ci, je m'étouffe avec ma propre salive. Jales serre un peu plus mes doigts et Maxime tourne la tête vers la fenêtre. Je vois sa grimace tandis qu'il rigole en silence. Quel saligaud celui-là ! Mes parents rient à leur tour et je me mords les lèvres, honteuse. Décidément, mon voisin ne me rate pas, mais étrangement, ça semble plaire à mes paternels.