Chapitre 24 partie 2 : Je te promets d'essayer

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Je marche tellement vite dans la petite ruelle que je glisse sur la neige, mais ne perds pas équilibre pour autant et continue ma route. Je ferme les poings pour me contrôler.

Non, je ne travaille pas en tant que femme d'affaires. Non je ne suis pas une femme qui réussit tout ce qu'elle entreprend. C'est vrai que j'ai essuyé des échecs, de nombreux échecs, mais ça ne fait pas de moi une personne à fuir pour autant ! Du moins je ne pense pas. Oui, je suis démonstrative et quelque peu maladroite. Je n'ai pas vraiment de classe et je n'ai pas un corps de mannequin. Je le sais déjà tout cela. Je n'avais pas besoin que Jales me rappelle mes défauts.

Je tourne à l'angle de la rue. J'ai besoin de me calmer avant d'appeler Maxime pour le rejoindre puis il faut que j'arrête de pleurer parce que les gens me regardent étrangement et que cela ne fait que relancer un peu plus la machine à larmes qui vient de s'implanter dans mon corps.

— Annabelle ! entends-je crier Jales.

Je ne me retourne pas et accélère le pas. J'enfonce un peu plus mon bonnet sur la tête et repousse mes grosses boucles qui me bouffent le visage. Je descends du trottoir et toute bouillonnante, m'engage sur la route. Mais alors que je passe au-dessus de la plaque d'égout, une main me tire en arrière et à peine deux secondes plus tard, une voiture me frôle, tapant dans le pan de mon manteau.

Tout s'est passé si vite que ça m'en coupe le souffle.

Remuée par le fait que j'ai failli me faire écraser à l'instant, je fixe subitement mes pieds. Ce n'est pas mon habitude de m'emporter de la sorte et de mettre ma vie en péril en étant à ce point imprudente. Glisser dans les escaliers est peut-être mon quotidien, mais pas traverser la route sans vérifier qu'il n'y ait pas de voiture.

— Pourquoi t'es-tu enfuie ? me demande Jales en me serrant de ses bras.

Je lui tourne le dos et c'est aussi bien, car je ne dois pas être très jolie à voir avec mon visage figé par la peur. Je renifle puis ferme les yeux.

Le pire c'est que malgré ce qu'il a dit précédemment, je pourrais passer l'éternité dans ses bras. Je sens ses mains sur mon ventre et je libère toute la souffrance de ces derniers jours. Je dois être en train de me montrer en spectacle dans la rue en pleurant de la sorte, mais comme la dernière fois, Jales reste silencieux et me tient contre lui pour me consoler. Je respire fort. Mes pleurs redoublent. Le brun resserre son étreinte et mon dos cogne un peu plus contre son torse.

— Pourquoi t'enfuis-tu avant même que je n'aie fini de parler ?

Je me pince les lèvres en fixant le trottoir d'en face.

Parce que l'écouter me fait mal. N'est-ce pas évident ?

— Annabelle, ce n'est pas parce que tu es différente de Bianca ou que tu lui ressembles que je me suis intéressé à toi. C'est pour la personne que tu es véritablement. Pour tes qualités et tes défauts.

Ma gorge lâche un bruit sourd tandis que je réprime de nouveaux pleurs.

— Je me suis dit que c'était important que je te résume mon histoire avec Bianca, que tu en avais besoin pour me comprendre et pour comprendre que ce dont j'ai besoin actuellement, c'est du temps.

Il a besoin de temps, mais combien ? Des jours ? Des semaines ? Des mois ? Ne serait-ce pas plutôt des années ? Je souffle et pose ma main sur la sienne pour qu'il me lâche.

— Je ne peux pas attendre Jales.

Parce que chaque seconde que je dois passer loin de toi, chaque geste d'affection que je dois refouler en pensant à ton épouse me tue. Parce qu'égoïstement, je te veux pour moi toute seule. Je veux que tu sois avec moi et non le fantôme de ton premier amour.

Petit ami et Compagnie 1 - Opération Alexander (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant