4 - Relooking extrême

8.2K 420 22
                                    

Lynna m'a quittée peu après notre discussion, en même temps que la bande de Columbia. Pour ma part, j'ai commandé un deuxième café et suis retournée à ma table, perdue dans mes pensées. La journée a été riche en émotion. Je suis entrée dans un monde que je ne connais absolument pas, je suis tombée nez à nez avec un mec à moitié nu, j'ai eu affaire à une garce à la fin de mon premier cours et maintenant, je dois me relooker afin de leur ressembler le plus possible. 

C'est un putain de cauchemar. 

J'ai comme l'impression d'être dans un mauvais film, un vieux remake d'une comédie pour filles. Mais cette fois c'est la réalité, et j'en suis l'héroïne.

Après tout de même un petit moment de réflexion en posant le pour et le contre dans ma tête, je décide à contrecœur d'appeler Dean. Celui-ci décroche dès la seconde sonnerie :

— Dean Rivers à l'appareil.

Je jette un œil aux alentours afin d'être sûr qu'aucunes oreilles indiscrètes n'écoutent notre conversation, puis répond  à voix basse :

— Ouais, c'est Alex.

— Alexia ? Je ne m'attendais pas à avoir des nouvelles aussi vite ! Comment ça se passe ? Il n'y a pas de problème au moins ?

— Non non...

J'ai juste eu affaire à des petits cons mais bon.

— Tout se passe bien ! reprenne-je d'un ton hypocrite, J'aurai juste besoin d'une petite avance sur mon salaire...

— Une avance ? Pour quoi faire ?

C'est la première fois que je lui demande ce genre de chose, mais c'est aussi la première que j'ai affaire à des personnes qui ne font pas partie de mon milieu. Je sais que Dean aura du mal avec cette demande. Il aime les choses carrées, bien organisées. S'il donne une mission, il veut que tout se passe comme prévu jusqu'à la fin, sans embûches ni complications.

— Pour m'acheter des vêtements de luxe. 

Un blanc interminable surplombe notre entretien téléphonique, et je me rends compte à quel point ma demande ait pu paraître bizarre et purement égoïste. Cela ne me ressemble tellement pas ! Je m'empresse alors d'ajouter :

— Enfin ce n'est pas spécialement pour moi ! Juste pour pouvoir m'infiltrer sans problème...

— Cela ne fait pas partie du contrat, rétorque-t-il d'une voix tranchante.

Aie. Quand Dean utilise cette voix, ce n'est vraiment, mais alors vraiment pas gagné. En même temps je suis plutôt naïve. C'est vrai, j'ai tendance à oublier que ce travail est ma sentence, ma punition pour avoir traîner avec la mauvaise personne au mauvais moment. Si l'esclavage n'avait pas été abolit au XIXème siècle, je suis certaine que je n'aurai même pas reçu un centime pour tous ces mois de travail. Mais les lois sont les lois, et un employeur se doit de payer un salaire à son salarier, peut importe les circonstances. Je ne devrais pas me plaindre de cette situation, aussi minable soit-il. 

— Dean, je ne vais pas te faire un dessin... Tu sais très bien comment sont ces gens. Comment veux tu qu'une fille dans mon genre les intéresse ? Crois moi, je n'en ai encore moins envie que toi, mais je pense malheureusement que ce relooking est primordial...

J'ai littéralement balancer toutes mes cartes, et pourtant le blanc persiste. Alors je décide de changer de tactique, et c'est donc d'une voix espiègle que je négocie : 

— Aller Dean ! Je suis ta meilleure agent, tu me dois bien ça non ?

En toute honnêteté, ce n'est pas spécialement vrai... Mais tous les moyens sont bons pour arriver à mes fins ! D'ailleurs je pourrais voir d'ici sa mine exaspérée, et ça me fait marrer. C'est mon mentor, je le connais par cœur.

PRISONERS | TerminéWhere stories live. Discover now