PRISONERS | Terminé

9 - Échec et mat

— Tu vas rester longtemps plantée ici à me fixer ?

La voix de Ian me tire de mes pensées. Mes yeux rencontrent à nouveau les siens, aussi sombres que la nuit. Il porte un air soûlé sur son visage et je comprends rapidement qu'il ne reste plus longtemps avant que celui-ci ne commence véritablement à s'énerver.

Pourquoi faut-il qu'il soit aussi impulsif, aussi détestable, aussi... tout !

Merci Dean, vraiment.

— Hé Alexia, tu en mets du temps !

Je n'ai même pas le temps de répondre qu'Adam débarque en trombe dans la pièce. Son sourire enfantin chute instantanément lorsqu'il remarque la présence de Ian à mes cotés. Je pourrais entendre d'ici ce à quoi il pense et j'ai presque envie de rire face à son expression paniquée.

— Ian ! T'es là...

— Tu sais que t'es pas croyable toi, lâche Ian tout en enlevant sa veste en cuir et en l'envoyant nonchalamment valsée sur une chaise à bascule. 

— Ça va, c'était juste pour plaisanter...

Comment ai-je pu croire une seule seconde qu'Adam était derrière cette affaire ? C'est un trafic tellement énorme qu'il faudrait être extrêmement intelligent et méticuleux pour réussir à le tenir sans se faire prendre. Or l'image du garçon perdant tout ses moyens face à moi ne correspond pas du tout à ce profil.

Il va falloir que tu sois plus forte que ça Alex, t'es dans la cours des grands maintenant.

Adam me jette un coup d'œil, comme si il se rappelait soudainement de ma présence dans la pièce, et sans dire un mot, tente de soudoyer son colocataire.

— Bon, tu peux lui en passer non ? Elle en voulait.

— Non, répond-t-il simplement de son autorité habituelle.

Ça m'aurait étonnée tiens. 

Ma fine silhouette vient lui barrer la route alors qu'il s'apprêtait à sortir de la pièce. Désormais en face de lui, un grand sourire étire mes lèvres. 

— Et pourquoi ? demande-je d'un air innocent, pouvant faire péter un plomb à n'importe qui.

Je sens qu'il est entrain de fulminer, et je jubile au fond de moi. Je sais que ce n'est pas comme ça que j'arriverai à me le mettre dans ma poche, mais ce gars est si exécrable, que le mettre en rogne est devenue mon activité favorite.

— Et pourquoi pas ? Je ne te connais pas et tu es chez moi. Qu'est-ce qui te fait croire que tu le mérites ? m'envoie-t-il encore une fois bouler, une expression hautaine en plus. 

— Aller sois cool mec, ce n'est qu'un peu de came...

— Non ce n'est pas qu'un peu de came, c'est ma came. Et il est hors de question que j'en file à n'importe qui, surtout à ce genre de meuf !

Il continue son chemin tout en me bousculant sans ménagement sur le coté. J'aperçois Adam du coin de l'œil, se précipiter vers moi tel un chiot que souhaiterait s'excuser du comportement malpoli de son maître, mais je l'ignore royalement et suis mon nouvel ennemi dans les escaliers.

"Ce genre de meuf" ? Sérieusement ? Ne me dites pas que ce type est misogyne, en plus d'être exécrable ? 

C'est trop,  et je n'y tiens absolument plus. Je n'ai qu'une seule envie : le remettre à sa place, une bonne fois pour toute.

Tant pis pour la diplomatie. 

— Et si je te proposais un défi ?

Ian se stoppe soudainement dans sa démarche et se retourne. Mes yeux gris croisent les siens et une étincelle de malice (ou peut-être de moquerie ?) éclate dans son regard.