13 - Duel

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— Laisse je vais le faire, déclare Ian en avançant vers moi.

Quoi ?

Je le dévisage tandis qu'il s'avance vers moi et me fixe droit dans les yeux, de sa neutralité habituelle. Déstabilisante.

Jacob, quant à lui, ne remarque pas le malaise entre nous deux et semble même enchanté par mon nouveau partenaire.

— Parfait ! Vous n'avez qu'à commencer sans moi, tout ce travail m'a donné une de ces faims ! fait-il, décidemment très enchanté.

Jacob sort de la salle de sport, un billet de dix dollars dans sa main et je lève mes yeux au plafond, irritée. Est-il au courant qu'il vient de me lâcher dans la gueule du loup ? Que Ian est potentiellement l'homme que je recherche ? Bien sûr que non. Jacob a beau être mon coach personnel, il n'y connaît strictement rien en enquête et ne s'y intéresse pas le moins du monde. De toute façon, le sport est toute sa vie. C'est principalement pour ça que Dean fait appel à lui pour entraîner ses recrues. Car il faut bien l'avouer, malgré son penchant pour la bouffe et son coté prétentieux, c'est le meilleur dans ce domaine.

Au même instant, la sonnette de l'entrée retentît dans la salle, signe qu'un client se trouve à la réception. Elliot adresse alors un clin d'œil non dissimilé à Ian, puis nous quitte.

Nous sommes cette fois complètement seuls, et merde.

A quelques pas de moi, Ian ressert la lanière de ses gants à ses poignet, encore et toujours sans un mot. 

Mais qu'est-ce qu'il fout ?! C'est quoi son plan au juste ?

Il veut passer au deuxième round c'est ça ? Après l'engueulade, le combat à mort ?

— Alors, qu'est-ce que tu v... commence t-il d'une voix étrangement calme, que je coupe telle une lame de rasoir :

— Tu fais quoi là ?

Je le dévisage avec ardeur, incrédule.  J'ai beau remuer tous les scénarios possibles et inimaginables dans ma tête, je ne comprends absolument pas son comportement. Je veux dire, Elliot était prêt à m'aider, pourquoi Ian a-t-il eu le besoin de prendre sa place, si ce n'est pas pour m'enfoncer encore plus ?

Non, je refuse de croire qu'il soit aussi cruel. Si seulement...

— Je voulais juste discuter avec toi, soupire-t-il, sa main traversant avec frustration sa chevelure brune. 

Quoi ? Ai-je bien entendue ? Ian Davis veut discuter avec moi ? Genre... une discussion normale, entre deux personnes civilisées ? Alors là je suis perdue.

Il poursuit devant mon incompréhension flagrante :

— Je m'excuse pour la dernière fois, je n'aurais pas dû te crier dessus comme ça. Donc je suis désolé si je t'ai... froissée.

J'ai envie de lui crier au visage que je n'en ai rien à faire de ces excuses, qu'il peut aller se faire foutre. Mais je n'en fais rien. Le ton de sa voix, l'expression de son visage et son utilisation du terme "froissée" m'indique qu'il n'est clairement pas du style à s'excuser... Peut-être même qu'il s'agit de la première fois.

Comment se fait-il que j'ai le droit à ce privilège ? Je n'en ai absolument aucune idée. Mais je décide tout de même de ne pas laisser passer ma chance. Qui sait quand sera la prochaine fois où nous nous trouverons tous les deux dans une même pièce, à discuter tranquillement ? Et si je veux devenir sa nouvelle confidente, il est plus que primordial que nous entretenons une «bonne» relation. Ou du moins... cordiale. 

— D'accord alors... je m'excuse moi aussi, je me suis un peu emportée.

Ian approuve d'un hochement de tête.

PRISONERS | TerminéWhere stories live. Discover now