PRISONERS | Terminé

30 - Mean girl

En média : Look what you made me do - Taylor Swift

* * *

Ce n'était pas le fruit de mon imagination. Mes yeux ont beau s'ouvrir et se refermer simultanément  depuis dix bonnes secondes, la situation reste bel et bien réelle. Avery est là, devant moi, un air profondément agacé sur sa figure.

Trois solutions s'offrent alors à moi : Petit un, fuir la situation en me mettant à marcher dans le sens inverse, quitte à devoir passer pour une grosse gamine ; Petit deux, rentrer dans son jeu et l'enflammer d'insultes tout droit sorties de mon imagination ; Petit trois, continuer mon chemin comme si de rien n'était, l'ignorer, tout simplement.

Rapidement, la proposition numéro trois me semble être la plus raisonnable. Petite joueuse, vous direz ? Disons que j'ai avant tout de la jugeote. J'ai beau en avoir très envie, je sais que lui rentrer dedans ne lui fera que plus plaisir. C'est ce qu'elle cherche avant tout : me faire péter les plombs ! Or, désolé chérie, mais tu es tombée sur plus forte que toi. Car l'ignorance est le meilleur des mépris, pas vrai ? 

— Alexia Rhodes, va falloir qu'on ait une petite discussion toutes les deux, s'exclame-t-elle de sa voix de garce insupportable.

Comme promis, je continue ma marche silencieusement, tout en l'ignorant totalement. Même lorsque je l'effleure pour pouvoir approcher ma porte de chambre. Ça la rend dingue ! Je le sens et je jubile. Avery aime tellement avoir toute l'attention sur elle, que l'ignorer ne serait-ce que deux minutes, lui ferait presque douter de sa propre existence.

— Oh, je te parle !

Elle perd patience, et je souris à moi même. Cependant, ce sourire s'évanouit au moment même où Avery plaque sa main sur ma poignée de chambre, m'empêchant alors totalement d'y rentrer. Waouh, mon ignorance l'a à ce point énervée ? Cette fille est encore plus égocentrique que je ne le pensais.

Comprenant que mon plan ne tient plus la route, je me retourne vers elle, un sourire hypocrite aux lèvres. 

— Oh Avery ! Je ne t'avais pas reconnue sans ta triple couche de fond de teint habituelle, réplique-je à mon tour d'un faux air enjoué.

Bon que l'on soit d'accord, cette répartie est nulle à chier. D'autant plus que c'est faux, Avery est ce genre de peste n'ayant pas le moins du monde besoin d'une goutte de maquillage pour être magnifique. Si Lynna était là, je suis sûr qu'elle se moquerait de moi jusqu'à s'étouffer. Mais je n'y peux rien ! Les disputes entre filles digne de Mean grirls, ne sont clairement pas mon domaine. Les bastons, les coups de pieds dans les couilles, ça oui ! Mais je doute que cette technique fonctionne, à moins qu'Avery ne soit devenue un homme durant la nuit... ?

— Je ferais moins la maligne si j'étais toi...

Son sourire se fait plus menaçant, je lève un sourcil en arc de cercle. Elle compte vraiment m'intimider là ?

— J'ai lu ton dossier ma grande, continu-t-elle, Chicago, vraiment ?

Elle s'esclaffe et pour moi, c'est la douche froide. Putain, elle a osé.

— Franchement vu tes mauvaises manières et ton comportement de racaille, je me demande comment je n'ai pas deviné plus tôt que tu venais de Brooklyn. C'est tellement évident !

Avery me toise une nouvelle fois tandis que je reste plaquée au mur, mes mains formant peu à peu des poings. Calme toi Alex, inspire, expire...

— Tu sais, tu peux te taper tous les Ian Davis de la terre, jamais tu feras partie de notre monde.

Elle a eu tord de me dire ça, vraiment tord. En plus de m'enflammer, elle vient de me rappeler quelle était sa principale faiblesse : Ian. Et j'ai comme une envie de me défouler...