Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt Scamander

Chapitre 28

Chapitre 28

Madame Pomfresh était assise auprès de son jeune patient. La main sur son front elle constatait que sa fièvre avait nettement diminué. Sa respiration était normale. L'élève de Poufsouffle se réchauffait doucement dans les draps secs de l'infirmerie.

– Tu peux aller à la grande salle pour le souper, déclara Madame Pomfresh en regardant Leta. Ton ami va encore dormir quelques heures.

– Si vous me le permettez, j'aimerais rester ici.

Parmine regarda la petite Serpentard. Ses yeux étaient tellement suppliants qu'elle accepta sa requête.

– Très bien souffla-t-elle. Tu peux rester. Mais ne fais pas de vague, ton préfet Rick Avery est alité suite à une mauvaise plaisanterie.

– Je vous en fais le serment, jura Leta en reportant son attention sur Norbert.

C'est alors que son ventre protesta lourdement de ne pas se rendre au repas.

– Je vais demander à un elfe de maison de t'apporter un plateau, décida l'infirmière avant de quitter les lieux.

Leta lui en était reconnaissante. Profitant d'être seule avec son ami, elle lui attrapa la main droite et la serra fort dans la sienne. La sorcière tremblait. Ses yeux se voilèrent, mais aucune larme ne se déversa sur ses joues.

– Tout ceci est ma faute, se lamenta-t-elle. J'aurais dû t'écouter et ne pas m'amuser aussi près de la surface du lac. Si tu savais comme je m'en veux !

Sadouleur lui rappela de plein fouet la première personne à être mort par safaute...Elle se sentait responsable de ce qui venait d'arriver. Elle étaitresponsable, encore une fois. Mais Norbert n'était pas mort. Elle n'auraitjamais pu survivre à cette école sans son ami. Chaque jour, chaque nuit ill'empêchait d'étouffer, de se sentir oppressée dans un monde qui ne luiconvenait pas. Certes, elle était loin de sa famille, nuisible, toxique, dangereuse...Ici elle ne recevait ni coup ni remarque humiliante, blessante, dévalorisante.Ici, on ne lui reprochait pas sans cesse d'avoir survécu et pas lui...

Pourtant, elle ne se sentait pas à l'abri. Bien au contraire. Le poids de son passé menacait de l'écraser, et ici, dans les murs de Poudlard elle ne pouvait pas échapper à sa condition. C'était une Lestrange et quoi qu'elle fasse elle resterait une Lestrange. Norbert n'en avait pas conscience, mais dès que son aura apaisante s'éloignait d'elle, elle redevenait mesquine et mauvaise. Et si parfois elle arrivait à tenir sans sa présence, ses camarades se faisaient un plaisir de lui rappeler sa vraie nature. Elle faisait le mal, même malgré elle. Norbert venait justement d'en subir les frais.

– Mademoiselle, voici votre repas, déclara une créature d'apparence humanoïde.

Un Elfe de maison se tenait sur son côté. Il n'était pas bien grand, à peine soixante centimètres de haut. Leta en déduisit que c'était soit une femelle, soit un jeune. C'était difficile à dire, ils se ressemblaient tous avec leurs corps dépourvus de toute pilosité et si maigrelets. Elle les trouvait vraiment hideux, avec leur disproportion et leur air toujours apeuré. Celui-là, comme tous les autres, avait une tête si grosse qu'elle se demanda comment son cou arrivait à ne pas casser sous son poids. Ses oreilles, énormes et pointues pendaient mollement tandis que son nez, saillant semblait vouloir toucher le ciel. Quant à ses yeux, elle n'en vit pas la couleur. Tout bon Elfe de maison se devait de baisser le regard devant les sorciers. Dans sa famille ils avaient également un Elfe de maison, appelé Quilin, quand celui-ci venait apporter quelque chose, s'il restait trop longtemps à attendre, ils avaient coutume de lui donner un coup de pied pour lui rappeler qu'il devait être invisible. Peut-être que Leta aurait fait de même si l'état de son ami ne la préoccupait pas tant. Elle regarda Norbert, puis regarda l'Elfe de maison. C'était une créature fantastique, peut-être que son ami aimerait le rencontrer... A cette idée, Leta sourit. Oui, tout allait redevenir comme avant, Norbert se réveillerait bientôt et il serait enchanté de rencontrer un Elfe de maison.