Chapitre 54

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Chapitre 54

Samedi 8 mai 1909

Norbert fixait intensément le ciel. Les premiers nuages ne tarderaient pas, suivis d'un orage. Il en était sûr ! Leta avait beau tenter de le rassurer, il n'en démordait pas. Son imagination était peut-être trop foisonnante. Imaginer qu'une sorcière, bien sous tous rapports, commence à tremper dans la magie noire, et se fait tuer en tentant de faire le mal. Mais qu'elle reste à Poudlard pour donner cours sous forme de fantôme et pendant ce temps tente de trouver le moyen de devenir un animagus pour reprendre forme humaine et se venger était encore plus fou que les écrits de Lewis Carroll !

Cette histoire concernait Albus Dumbledore, pas Norbert Dragonneau et Leta Lestrange, élèves de première année dans la célèbre école anglaise de sorciers. Pourtant, le jeune Poufsouffle se sentait lié à cette affaire. Victoria Girouette faisait du mal aux créatures fantastiques qu'ils affectionnaient tant. Pour les Cynospectres, pour les Umbras, et même pour les Strangulots, il se devait d'agir à son niveau !

– C'est l'heure ! s'écria un élève.

– C'est l'heure de quoi ? cria un autre.

– C'est l'heure de gagner ! tonna un troisième.

– Les blaireaux vont décoller

Avec comme arme leur balai

Sur le terrain ils vont tout donner

Le vif d'or ils vont attraper

Poufsouffle, Poufsouffle,

Les jaunes et noirs montrent leur étendard

Poufsouffle, Poufsouffle

Les jaune et noir repoussent les Cognards

Battons-nous jusqu'au bout

Soutenons, notre équipe

Battons-nous jusqu'au bout

Donnons toutes nos tripes

Les élèves chantaient avec tant de joie et bonheur que Norbert avait beaucoup de mal à comprendre cette euphorie pour un sport.

– On dirait un chant de guerre, souffla-t-il.

– Et encore, tu n'as pas entendu celui de Serpentard, s'amusa Leta.

– Pourquoi tant d'engouement pour un jeu ?

– Parce qu'il fédère les maisons et il permet de penser à autre chose. Et au vu des examens qui arrivent, certains en ont bien besoin.

– Si tu le dis...

– Allez, on se retrouve dans les gradins. Il y a trop de Poufsouffles dans le coin, je vais vomir.

Norbert n'esquissa pas un sourire, il était trop occupé à observer ses camarades. Il avait l'impression qu'ils venaient tous de prendre une drogue particulièrement efficace. Mattyu et sa copine étaient tellement survoltés qu'ils bondissaient sur place. Apparemment, le match retour contre Serpentard était particulièrement attendu.

En compagnie des premières années, Norbert quitta à regret le château. Conscient qu'il loupait une bonne occasion de l'inspecter plus attentivement que durant les nuits de vadrouilles. Mais étrangement, sa présence faisait plaisir à ses camarades, Jacob, July et Tayor n'avaient cessé de le lui répéter.

– Tu vas où ? s'étonna ce dernier en le voyant partir du chemin qui conduisait à la tribune Poufsouffle.

– Je vais chez les Serdaigles pour retrouver Leta. Si on se met à côté dans une de nos maisons, on risque de créer une émeute.

– C'est vrai, je t'accompagne, décida Tayor sans laisser à Norbert la possibilité de refuser.

Les Serdaigles ne semblèrent pas se plaindre de cette petite invasion de joueurs d'autres camps. Ils avaient les yeux fixés sur les équipes qui venaient de faire leur entrée.

Si Leta fut surprise de la présence du deuxième Poufsouffle, elle ne dit aucun commentaire. Elle fit juste attention de bien être au côté de Norbert.

– Tu as vu, Dumbledore est là également. Tu vois, tout le monde mérite une pause, lui murmura-t-elle.

Norbert acquiesça d'un mouvement de tête et regarda le match qui commençait.

Cela n'avait rien à voir avec les entrainements de monsieur Brisby. C'était bien plus rapide, plus violent et plus dangereux ! Pourtant, c'est sous des tonnes d'applaudissements et de cris jubilatoires que les joueurs des deux équipes s'affrontaient.

Norbert devait bien admettre que ses camarades étaient doués. Mattyu faisait des miracles avec les Cognards, et Melchior, leur attrapeur, était tellement attentif qu'il avait déjà chassé le vif d'or à plusieurs reprises. Malheureusement, il lui manquait toujours quelques centimètres pour l'atteindre.

Les balais fusaient. Malheureusement, ils n'étaient pas tous conçus pour un jeu tel que le Quidditch. Krom, un poursuiveur Serpentard, en faisait les frais avec son Lancechêne 79 qui était bien trop massif pour effectuer des virages à vitesse excessive. Le pauvre s'était déjà pris les piliers des poteaux à plusieurs reprises. Ceux qui avaient la chance de posséder un Friselune pouvaient le contrôler avec plus de facilité. Par contre, niveau vitesse c'était l'attrapeur de l'équipe adverse qui l'emportait haut la main avec sa Flèche d'Argent ! Il était moins doué que Melchior, par chance ! Mais c'était une question de temps avant qu'il ne finisse par l'emporter.

Norbert fut, en fin de compte, pris par le match et l'engouement général. Même s'il était loin de s'égosiller tout en faisant flotter fièrement son écharpe bicolore.

Le score était de 150 points pour Poufsouffle, et 200 pour Serpentard. Ces derniers commençaient tout juste à mener. C'est alors que le Vif d'or refit son apparition. Il virevolta au-dessus des gradins de Serdaigle attirant ainsi l'attention de Melchior et Kennil ! Une course de vitesse s'en suivit. Le Vif d'or plongea autour du terrain, sous la structure en bois et s'amusa entre les poutres. Leurs balais n'étaient pas assez efficaces pour faire un tel slalom et les deux joueurs se contentèrent de le suivre à la surface pour attendre le bon moment.

Norbert observa avec plus d'attention les piliers. Si le Vif d'or pouvait y aller, peut-être que lui le pouvait également.

– Leta ! souffla Norbert.

– Chuuuuut : Regarde, on va gagner !

– Mais, Leta.

– Ah oui, pardon, mon équipe va gagner !

Il secoua la tête blasé.

– Je n'en ai rien à faire, j'ai une idée.

La jeune fille ne daigna pas l'écouter. Elle était bien trop concentrée sur le match. À raison, car le Vif d'or sortit enfin de sa cachette et fut attrapé.

– Les Serpentards gagnent le match ! tonna le présentateur.

– Punaise, ils l'ont fait ! s'exclama Leta, au comble de l'euphorie.

Alors qu'autour d'elle, Tayor et les Serdaigles faisaient grise mine. Elle laissa tout de même échapper sa joie, ce qui ne lui ressemblait pas. Norbert aurait pu être heureux de la voir ainsi exprimer ses émotions, mais il n'avait qu'une idée en tête.

– Alors, tu disais ? questionna Leta en se retournant enfin vers son ami.


Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderWhere stories live. Discover now