Chapitre 43

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Chapitre 43

Vendredi 9 avril 1909

Norbert était tranquillement installé dans la grande salle. Peu d'élèves y étaient, la majorité s'amusait dehors au jeu de Bavboules. Un tournoi venait d'être organisé par les préfets toujours présents. Tayor qui, comme pour les vacances de Noël, était resté au château avait réussi à convaincre Leta d'y participer. Cette dernière avait fini par accepter pour la simple et bonne raison qu'elle adorerait battre un des élèves Serpentard, Morgue Reverus, qui l'avait particulièrement énervée ces derniers jours. Sachant que le perdant du jeu recevait en pleine figure un liquide dégoutant, elle était d'autant plus motivée.

Le jeune Poufsouffle était donc tout seul à sa table avec son livre sur les animagi. Cette pratique l'intéressant grandement, il prenait de nombreuses notes dans son carnet. Être un animagus signifiait avoir le pouvoir de se métamorphoser à volonté en un animal. Tout d'abord, il était important de noter qu'un sorcier ne pouvait choisir l'animal dans lequel il pouvait se changer. Mais que celui-ci avait un rapport avec la personnalité du sorcier. Il était obligatoire de se déclarer en devenant animagus, un registre était même fait pour les recenser. Dans les plus connus, Norbert nota Morgane le Fay, William Sayre, Cliodna et Falco Aesalon qui pouvaient tous les quatre se transformer en oiseau. Falco était d'ailleurs le premier animagus connu ! Et puis il y avait aussi Lisette de Lapin qui comme son nom le laisse supposer pouvait se métamorphoser en Leporidae. Beedle le Barde, un sorcier du 15e siècle en avait même fait une histoire dans son recueil de contes pour enfants : Babbity Lapina et la souche qui gloussait. Norbert sourit à cette évocation. Il aimait beaucoup cette histoire. Sa mère lui lisait souvent le soir avant de s'endormir.

– Bah alors Newt, tu souris aux détracteurs ? s'amusa Leta en voyant son ami tout guilleret.

– Je me remémorais les contes de Beedle, expliqua-t-il.

– Jamais lu.

Choqué, Norbert la regarda, les yeux écarquillés.

– La famille Lestrange n'est pas trop du genre à se pencher sur le berceau de leur rejeton pour leur conter des histoires. Surtout pas quand la plupart sont pro moldu.

– Pro moldu ? s'étonna Norbert.

– Il parait, répondit-elle en haussant les épaules.

La famille de Leta n'avait pas l'air très aimante, pourtant, la jeune fille ne s'en plaignait quasiment jamais. Norbert était peiné en imaginant l'enfance qu'elle avait dû avoir.

– Ah non, pas de pitié Newt ! Sinon je te jette un sort de crache-limace ! Viens plutôt jouer à la bataille explosive.

Norbert accepta de bon gré, il ferma soigneusement le livre dont la couverture était dissimulée et le rangea soigneusement dans sa mallette. Il aurait été malheureux que quelqu'un constate qu'il détenait en sa possession un livre de la réserve.

Les deux élèves s'amusèrent à faire le plus grand nombre de paires tandis que les cartes retournées vibraient de plus belle. La première explosion eut vite lieu, apportant avec elle le courroux du concierge qui passait dans les parages.

– Monsieur Gobe-Planche, la bataille explosive est autorisée dans l'enceinte de Poudlard ! protesta Leta qui n'aimait pas être interrompue de la sorte.

– Peut-être, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui ! cracha-t-il tandis que le reste des cartes explosaient chacune à leur tour.

– Mais...

– Pas de mais jeune fille ou c'est le fouet ! Veuillez quitter la grande salle pendant que les elfes de maison préparent la table.

– On range et on y va, acquiesça Norbert, au grand dam de Leta.

Septime Gobe-Planche grommela quelques mots et continua sa route en déclarant qu'il en avait plus qu'assez des vacances et de ces élèves errants dans le château à tout bout de champ. Leta se tourna sur son passage pour lui tirer la langue. Mais elle interrompit son geste en contemplant le dos du concierge. Il était grand, robuste et de longs cheveux noirs, mélasses, tombaient sur ses épaules. De plus, il chaussait de grosses bottes noires.

– Comment j'ai pu ne pas le remarquer plus tôt ! s'exclama Leta, une fois le concierge sorti dans la grande salle.

– Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Norbert en voyant l'expression confuse de son amie.

– L'homme dans la réserve ! C'est Septime ! Ce vieux fou est sûrement le responsable de tout ce qu'il se passe au château ! Il déteste Peeves, et s'il reste tout le temps dans son bureau ce n'est pas pour écrire un livre sur ses élèves, mais pour préparer un plan à nous faire dresser nos baguettes !

Norbert garda les yeux dans le vide un instant tandis qu'il emmagasinait toutes ces informations. Leur concierge était peut-être bien le visiteur nocturne de la bibliothèque, mais cela faisait-il forcément de lui un dangereux sorcier prêt à enfermer des fantômes et une famille de Cynospectres.

– Ta conclusion est peut-être un peu trop hâtive. Après tout, on n'est pas retourné dans la bibliothèque pour savoir s'il y avait le livre que nous recherchons.

– La surveillance est trop intense. Sortir de nuit serait un suicide scolaire, bougonna Leta qui aurait aimé que son ami la suive dans sa conclusion.

– Aucun professeur ne nous aidera, du moins, tant que Dumbledore n'est pas de retour de sa mission secrète. Peut-être pouvons-nous profiter de la préparation du souper pour rendre visite à Méridia.

– Je te rappelle que la dernière fois elle n'est pas venue à ton appel, la fois d'avant non plus.

– Le Lac noir est vaste, elle n'a peut-être pas entendu mon appel.

Pas démoralisé, Norbert prit la direction des escaliers pour se rendre dans la petite crypte qui se trouvait sous le château et qui donnait sur le lac. Par chance, elle était rarement gardée. Ils n'avaient que peu de temps avant le repas, mais ne pouvaient presser le pas par peur de se faire repérer. Discrètement, ils arrivèrent sur la plage de roche. Ravie de cette atmosphère bien différente, Leta tourna sur elle-même et poussa la chansonnette. Norbert, étonné, la dévisagea.

− Eh bien quoi ? Elle aime la musique, peut-être qu'elle entendra ma voix. Après tout, elle l'aime bien.

− Moi aussi, déclara en toute franchise le jeune garçon.

Cela déstabilisa Leta. Ses joues blanches et pouponnes rosirent et elle se tourna quelque peu pour ne pas qu'il s'en rende compte. De toute façon, il était trop occupé à sortir le coquillage magique qui lui permettait d'appeler son amie à branchie.

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderМесто, где живут истории. Откройте их для себя