Chapitre 31

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Chapitre 31

Leta et Norbert se tenaient tous deux devant le bureau du professeur de Métamorphose. Ce n'était pas pour parler de la potion magique qu'ils recherchaient, mais pour évoquer les blessures qu'Albus Dumbledore avait au visage. Le jeune Poufsouffle était particulièrement mal à l'aise. Pour lui, c'était de la curiosité mal placée, mais son amie avait lourdement insisté pour qu'il l'accompagne.

– Mademoiselle Lestrange, monsieur Dragonneau, que me vaut votre visite à la fin de mon cours. Au vu de vos expressions, je doute que cela soit pour me parler de la métamorphose d'un plumeau en oiseau.

– Vous avez vu juste, professeur, répondit avec assurance la Serpentard. Nous voulions savoir pour quelle raison votre visage est ainsi déformé.

Leta le fixait droit dans les yeux, sans sourciller. Norbert quant à lui était tétanisé. Aucun élève ne pouvait se permettre de parler ainsi à un professeur. Aussi jeune soit-il. C'était de l'insolence et elle pourrait recevoir une punition sévère pour de tels propos. On ne pouvait demander impunément des informations aussi personnelles à un enseignant, ou plus largement à un adulte. Une boule se forma dans la gorge de Norbert, il avait du mal à respirer. Il ferma les yeux en attendant la sentence de Dumbledore.

Contre toute attente, le concerné éclata d'un rire doux, ce qui ne correspondait pas au rire qu'un homme si jeune pouvait avoir. Norbert eut alors l'impression de se retrouver devant un sorcier beaucoup plus âgé. Comme s'il avait déjà tout vu, tout vécu et que quoi qu'il se passe, tout ne pouvait que l'amuser et le distraire. Le Poufsouffle respira de nouveau, une telle réaction ne pouvait aller de pair avec une punition corporelle.

– Toujours aussi incisive à ce que je vois mademoiselle Lestrange. J'aime votre manière hautaine de vous croire au-dessus de tout, même du respect inhérent au titre de professeur, déclara-t-il avec un demi-sourire. Cette question est sur toutes les lèvres, mais seuls vous et Monsieur Black avez osé la prononcer.

Leta ne perdit pas son aplomb et continua à le regarder.

– Je vous admire, mademoiselle Lestrange. J'étais sûrement comme vous au même âge... J'espère que vous réussirez à faire les bons choix quand ceux-ci se présenteront à vous.

Cette fois-ci, la petite sorcière tiqua. Elle n'aimait pas cette comparaison. Et c'était peu de le dire.

– Je doute que mon passé ait quoi que ce soit de commun avec votre histoire Monsieur, sauf votre respect.

– Si vous le dites... Bien, pour quelle raison voulez-vous connaitre la nature de ma blessure ?

Pour la première fois, Leta n'arriva pas à sortir le moindre mensonge. Norbert vola à sa rescousse et répondit à son professeur.

– Des choses étranges se passent au château. La disparition des fantômes des maisons n'était que les prémices de quelque chose de plus grand, expliqua-t-il avant de se ratatiner sur lui-même.

Il avait parlé avec trop d'audace, il n'aurait jamais dû prendre la parole. À présent, Dumbledore avait son attention fixée sur lui.

– Et qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

Voyant que Leta ne reprenait pas les rênes de la conversation, Norbert fut obligé de répondre. Cette fois-ci il le fit avec plus de déférence, son regard fixant ses chaussures.

– Nous ne savons toujours pas pourquoi les fantômes ont été pris pour cible, le coupable n'a pas été arrêté. Peeves est également aux abonnés absents, et avant de disparaitre il avait une peur bleue de ce qui allait se passer...

– Peeves est un esprit frappeur. Il vit pour faire tourner en bourrique les premières années. Ne pensez-vous pas qu'il vous fait simplement tourner en bourrique ?

– Non, monsieur, contredit Norbert d'une toute petite voix.

Il aurait préféré disparaitre sous terre pour ne plus affronter le regard inquisiteur de Dumbledore.

– Pour quelle raison ?

– Peeves n'est pas le seul à avoir disparu, il y a également une colonie de Cynospectres qui vivait dans la forêt interdite... Il en est de même pour certains Strangulots, c'est pour cette raison qu'ils se sont mis à attaquer les élèves qui s'approchent trop près du lac.

Norbert se tut. Conscient qu'il n'aurait jamais dû raconter tout ça. Malheureusement pour lui, il était bien incapable de dissimulation. Dumbledore se frotta le menton et fronça les sourcils avant de sourire à nouveau.

– Jeune Dragonneau, j'ai bien peur de vous avoir sous-estimé. La forêt interdite, le lac noir, j'ai l'impression que vous avez exploré bien plus que ce qu'il vous était permis de faire.

Les oreilles de Norbert tournèrent au rouge vif, disparaissant ainsi dans sa chevelure rousse. Il était sur le point de s'évanouir tellement il se sentait dans une fâcheuse situation.

– Bien, vu que vous avez été honnête avec moi, je vais également vous dire la vérité. Mes blessures n'ont rien à voir avec ce qu'il se passe à Poudlard. Je suis parti en Europe de l'Est ce week-end et je n'en ai pas ramené que des bons souvenirs, expliqua-t-il d'une voix qui se voulait neutre. Pour ce qui est de votre aventure, je vais moi aussi tendre l'oreille pour savoir ce qu'il se passe. Bien évidemment, je pourrais vous dire que tout cela n'est pas de votre ressort et que vous feriez mieux d'arrêter vos recherches immédiatement, mais je sais pertinemment que vous n'en feriez rien.

Dumbledore posa son regard sur les deux premières années. Conscient d'avoir devant lui deux caractères opposés et pourtant aussi tête brûlée l'un que l'autre. Réfréner la soif de pouvoir et de connaissance des jeunes sorciers pouvait s'avérer contreproductif et destructeur... Il en savait quelque chose. Au lieu de ça, il fallait les accompagner et les encadrer.

– Faites-moi la promesse de venir me voir dès que vous sentez que la situation vous échappe. Vous êtes assez intelligent pour comprendre que tout n'est pas à votre portée, déclara-t-il en leur adressant un clin d'œil complice.

Norbert acquiesça, quant à Leta, toujours muette, elle semblait le défier du regard. Dumbledore n'en prit pas ombrage et d'un mouvement de main les invita à quitter sa salle de classe.

Les deux élèves sortirent ensemble pour se rendre instinctivement dans la salle sur demande avec le repas. Ce n'est qu'une fois bien à l'abri derrière les murs de cette pièce magique que Leta explosa.

– Newt ! Mais quelle idée tu as eue de tout lui raconter ! C'est probablement le responsable de tout ce qui se passe. Franchement, n'as-tu aucun instinct ?

– Mais tu ne disais plus rien, contra-t-il. Je devais bien lui répondre quelque chose. Nous savons maintenant de quoi il retourne.

– S'il dit la vérité ! Il aurait très bien pu nous mener en balais !

– Je suis persuadé qu'il est sincère, Leta. Tu es trop méfiante. Et pourquoi es-tu restée bouche-bée face à lui ? questionna-t-il, inquiet. Cela ne te ressemble pas.

– Il a dit que nous étions pareils ! s'emporta-t-elle faisant fuir Helga et Salazar. Il a osé dire que nous étions pareils ! Il ne connait pas ma vie, il connait simplement ma famille et il ose penser que nous pouvons nous ressembler !

Norbert ne comprenait pas sa colère soudaine et surtout sa peine qui transpirait par tous les pores de sa peau. Tout ce qu'il savait, c'était qu'à ce moment-là, il se devait de la réconforter. Alors, le plus naturellement du monde, il la prit dans ses bras.

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderWhere stories live. Discover now