Chapitre 50

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Chapitre 50

Lundi 12 avril 1909

Leta et Norbert se dirigeaient sans se presser vers la serre pour le cours de Botanique.

– Tu penses que Peeves voudrait devenir humain ? s'étonna la jeune fille. Mais pour quoi faire, c'est tellement mieux d'être un esprit frappeur !

– Je ne sais pas, peut-être qu'il aimerait ressentir de nouveau.

– Sentir le vent sur son visage, manger une pomme ? Des trucs comme ça ?

Le Poufsouffle regarda avec attention son amie. Elle était mignonne avec ses longs cheveux noirs corbeau et son teint de porcelaine. Peut-être que...

– Peut-être qu'il était amoureux de toi ?

– Quoi ?! s'exclama Leta, au bord de la crise cardiaque. Je ne vois pas du tout ce qui te fait dire ça !

– Vous étiez proche et vous vous entendiez bien. Je pense que c'est la première fois que Peeves se lie d'amitié avec une sorcière.

– N'importe quoi !

– C'est peut-être lui qui t'a envoyé le poème de la Saint-Valentin : Leta Lestranges,

Yeux noirs jolie frange

Jolie fille au sourire de reine

Beauté au teint de porcelaine

Intrigante comme le lac noir

Mystérieuse comme le papier buvard

J'aimerais tant que tu me regardes

Autrement que comme une écharde.

– Pas besoin de me la rappeler, grimaça-t-elle. Je pense que tu te fourvoies totalement, Newt ! Sinon, l'hypothèse que Méridia veuille devenir humaine parce qu'elle est amoureuse de toi tient tout autant !

Norbert rougit vivement. Il n'imaginait pas un seul instant cette possibilité ! Il n'avait rien d'attrayant, encore moins pour une créature aussi merveilleuse qu'une Selkie.

– Ça ne tient pas, Méridia n'aurait pas utilisé les Umbras ni les Strangulots, la contredit-il.

– Admettons. Mais je refuse de croire que Peeves fasse une telle chose par amour, de toute façon, en quoi est-ce grave qu'il veuille devenir un animagus humain ?

– Je ne sais pas, peut-être que les adultes ont peur qu'il devienne un mage noir.

– Peeves ? Un mage noir ? Laisse-moi rire ! Un sacré farceur aux limites de la légalité, sûrement, mais pas plus. Peeves n'est pas méchant, il est taquin.

Norbert n'était pas aussi affirmatif que son amie, mais il ne continua pas la discussion. De nombreux élèves étaient déjà présents. Poufsouffle et Serpentard se regardaient en chiens de faïence.

– Pourquoi ai-je l'impression que c'est tendu entre les différentes maisons ? questionna avec intérêt Herbert Berry.

Le professeur de Botanique, jeune et marginal prenait toujours soin de s'assurer que tout allait bien entre ses élèves. Seul le silence lui répondit. Aucun élève n'allait trahir le secret de cette nuit ! Cette information resterait entre les sept années de Poudlard ad vitam aeternam !

– Bien, je vais mettre ça sur le compte de la rentrée et du dernier trimestre qui commence, reprit-il. Mais je suis désolé de voir autant de compétition entre les élèves ! La coupe des quatre maisons n'aide pas à l'entraide et à la convivialité. Je vais donc réfléchir à une activité l'année prochaine qui créera une véritable collaboration entre vous !

Le professeur lança cette information avec une joie non négligeable. Son sourire et son entrain ne pouvaient être plus grands ! Ce qui amusa Norbert. Herbert Beery était toujours si enthousiaste et motivé à donner cours. Pendant deux heures, il en oublia cette histoire d'Animagus.

Chaque élève de première année de Poufsouffle et de Serpentard avait un balai à leurs pieds. Monsieur Brisby passait dans les rangs en surveillant avec attention leurs moindres faits et gestes. Pour une raison que les collégiens ignoraient, le professeur était particulièrement tendu. À moins que cela ne fût dû à son physique peu amène avec ses oreilles en chou-fleur, ses multiples cicatrices dont une sur le visage, son nez écrasé par un Cognard et sa corpulence trapue.

– Je suis assez fier de vous. En moins d'un an, vous avez tous réussi à voler correctement sur un balai, déclara-t-il en regardant plus particulièrement le jeune Dragonneau. Il est temps pour vous d'apprendre des passes un peu plus ardues, et quoi de mieux que de les apprendre en s'amusant ?

Des murmures s'élevèrent dans les deux rangs, les élèves, particulièrement excités, n'avaient qu'un mot en bouche.

– Oui, vous avez trouvé, nous allons faire un match de Quidditch !

Des exclamations de joie fusèrent de toutes parts ! Poufsouffle comme Serpentard étaient ravis ! Cette information laissa Leta de marbre, tandis que Norbert se balançait d'un pied sur l'autre, pris d'une inquiétude grandissante.

– Qui veut être attrapeur ?

July Marceau leva la main si vite qu'elle aurait pu s'en arracher le bras.

– Parfait, et chez les Serpentard ?

Le plus grand et fin des premières années leva timidement la main.

– Victor Marchombre, c'est noté. Maintenant, qui veut être batteur ?

Cette fois-ci le plus rapide fut un Serpentard. Morgue Reverus. Un sourire sadique se dessinait déjà sur ses lèvres. Leta hésita, elle ne voulait pas être la partenaire de Morgue et encore moins risquer de blesser Newt. Le rôle de batteur était pourtant celui qui attirait le plus son attention.

– Morgue Reverus et Scarlett Greengrass pour les verts et pour les jaunes Maxwell Fiel et Kamil Londungand. Les gardiens maintenant ?

Leta leva la main, c'était le seul poste où elle pouvait s'amuser sans malmener son ami. Dans l'autre maison, ce fut Grace Diggory qui se proposa. Puis vint enfin le tour des Poursuiveurs. Philiper Madrasque était le plus enthousiaste, suivi de Mable Lufkin et Prudence Tonks pour les Poufsouffles et Milty Macgiver, France de Lacour et James Rosier pour les Serpentards.

– Très bien, les équipes sont faites, les autres vous serez remplaçants dès qu'un de vos camarades tombe ou se blesse.

Norbert avala de travers. Cette dernière phrase augmentant de manière exponentielle son angoisse. Ce n'était pas le moment pour lui de faire une crise d'angoisse. Il s'éloigna avec les autres de la zone de jeu et fit en sorte de ne pas regarder le match.

– Tu n'encourages pas Leta ? s'étonna Jacob.

Norbert fit une grimace. Son camarade n'avait pas tort, il tourna la tête vers les poteaux improvisés de Brisby. Étant un simple entrainement, et le premier pour beaucoup d'élèves, le terrain de Quidditch n'avait pas été réquisitionné.

– Je suis persuadée qu'elle n'en laissera pas passer un, une vraie tigresse cette fille !

Tayor Blimsk acquiesça tandis que l'attention de Norbert se porta sur une fenêtre du château.

– Dumbledore est revenu ? s'étonna ce dernier.

– Oui, je l'ai vu ce matin avant le cours de Sortilège en train de parler de façon animée avec monsieur Griploup, annonça Simon Notty en haussant les épaules.

Norbert n'en croyait pas ses yeux ni ses oreilles. Une visite dans le bureau du professeur de Métamorphose s'imposait. Ce soir, ils auraient enfin des réponses. Enfin, s'il sortait en vie de ce match de Quidditch !

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderWhere stories live. Discover now