Chapitre 20

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« La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps. » - Publius Syrus


Il était là, devant nous. Josephus se tenait droit, avec cet air hautain qu'il avait l'habitude de posséder.

L'homme qui se faisait passer pour mon frère depuis si longtemps me tendit la main :

-Lolita, il est l'heure. Quel est ton choix ?

Mais alors que j'entrouvrais les lèvres, ne sachant que répondre, Alice poussa un cri de guerre effroyable, telle une guerrière amazone. Elle l'attaqua de front, armée de son épée Damoclès. Josephus esquiva facilement l'attaque, faisant un bond énorme en arrière. Cela l'obligea à sortir de la chambre d'hôtel. Seulement ma sœur partit à sa poursuite, sortant elle aussi de la chambre.

En sortant dehors, je remarquais que la nuit était tombée. Mais malgré tout il y avait la possibilité que des humains puissent nous voir. C'est pour cela qu'Alice s'approcha de moi, me volant un baiser rapide. Le grognement d'Amarok derrière moi m'indiqua qu'il n'était pas très enchanté à l'idée de voir quelqu'un d'autre m'embrasser. Mais je n'avais pas le choix si je voulais utiliser mes pouvoirs. Elle était la clé et le cadenas, verrouillant mes dons :

-Lolita, me réclamait-elle en silence.

Je levais la main vers le ciel, faisant alors apparaitre un dôme invisible autour de nous. L'espace que nous occupions serait séparé et invisible aux yeux des mortels.

Une fois fait, Alice déposa de nouveau ses lèvres sur les miennes, verrouillant mon pouvoir de nouveau. Puis ma sœur repartit à l'attaque.

Josephus esquivait, n'attaquant pas alors que ma sœur s'acharnait. Il n'utilisait pas les talismans qu'il avait en sa possession, ce qui me surprise. Pourquoi ne répliquait-il aucun coup ?

Mais cette question disparue aussitôt de mon esprit. Ma sœur venait de mettre Josephus au sol, la lame de son épée sous la gorge de celui-ci :

-C'est fini pour toi, Josephus.

-Ellan, tu es vraiment devenue une magnifique femme, la félicita-t-il avec arrogance.

Puis mon frère se tourna vers moi :

-Chalice, que choisis-tu ?

Mon frère employait de nouveau ce nom par lequel beaucoup de personne me connaissait. Un nom que j'avais enterré pour protéger mes proches :

-Je choisis de ne pas te suivre mon frère. Ma place est auprès de ceux que j'aime, ceux qui ne me considèrent pas comme un objet mais comme une personne. Je ne veux pas devenir l'arme qui te servira à détruire le monde.

-Je vois. Tu ne me laisses donc pas le choix Chalice.

Soudain, un bruit inquiétant se fit entendre. Un bruit de craquement.

Alice écarquilla les yeux, regardant droit devant elle. Puis elle sourit, tournant son visage vers moi. Un sourire se dessina sur ses lèvres, mais les larmes qui roulaient sur ses joues n'avaient rien de rassurant. Et c'est alors que je le vis. La marque de la Roue du Dagda, sur le front d'Alice.

Le sang roula le long de son visage, comme si elle avait reçu un coup violant sur la tête. Le sang...

Le sang apparaissait en taches diverses sur le corps d'Alice, souillant la pureté des vêtements de ma sœur :

-Je suis désolée, Lolita...

Ce furent les dernières paroles de ma sœur avant qu'elle ne bascule en avant, les yeux fermés alors qu'elle acceptait. Elle était morte.

Quelque chose en moi se brisa. Et ce n'était pas seulement ce lien qui m'unissait à elle par une malédiction, me redonnant cette apparence qui avait toujours été la mienne. Une femme à la chevelure écarlate et aux yeux verts.

Quelque chose de plus vitale venait de se détruire en moi. Un morceau de mon âme, de ma vie.

Des larmes de sang troublèrent ma vue alors que je ne pouvais m'empêcher de pleurer.

Josephus s'approcha lentement de moi. Amarok voulut l'attaquer mais mon frère tendit simplement la main pour le faire valser. Il me prit ensuite dans ses bras. J'étais presque à sa hauteur, ayant repris mon apparence de jeune femme :

-C'est de ta faute, Chalice. Elle est morte à cause de ton égoïsme.

Elle était morte...à cause de moi ? Tout ce que j'avais voulu, tout ce que j'avais demandé c'était de vivre une vie normale. Pourtant je le savais depuis le début.

Lorsque la puissance est désirée de tous, que restait-il des alliées ? La réponse était simple. Il n'en restait rien :

-Lolita, embrasse-moi et appartiens-moi, m'ordonna mon frère. Ou bien je le tue lui aussi.

Il avait la main tendue vers Amarok, qui était assommé au sol. Me mettant sur la pointe des pieds, j'approchais mon visage de celui de Josephus. Malgré le dégoût que je ressentais, j'unissais mes lèvres à celles de Josephus.

Je sursautais, sentant ce lien qui apparaissait. Un lien entre moi et mon chevalier, mon protecteur. Entre moi et Josephus. Mes cheveux reprirent leur couleur sombre, brunie, et mon corps redevint celui d'une petite fille :

-Je n'aime pas trop cette apparence de gamine, mais je m'en contenterais. Les fillettes sont bien trop fragiles, soupira Josephus.

Cette réflexion me donna la nausée. Josephus était complètement détraqué. Un psychopathe adorant se laisser aller à ses jeux pervers.

Un jeu qu'aujourd'hui je n'avais pas d'autres choix que d'accepter. Amarok allait vivre et tout ce que j'avais à faire pour ça c'était de me taire et d'obéir :

-Laisse-moi guérir ma sœur, le suppliais-je.

Le sourire arrogant de Josephus s'effaça. Il me saisissait par les cheveux, m'obligeant à l'approcher :

-J'ai attendu si longtemps de pouvoir tuer cette garce. Alors non, je ne te laisserais pas la guérir.

Sortant la harpe, l'instrument joua de lui-même une mélodie qui obligea mes paupières à se fermer. J'avais sommeil. Et malgré moi, je m'endormie, bordée par une berceuse.

Alter Ego (Tome 3) - L'Âme SœurWhere stories live. Discover now