Chapitre 23

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« Si la vie te parait difficile, souviens-toi de ceci. Le plus grand combat ne se remporte jamais sans peine, auquel cas la victoire ne pourrait être satisfaisante. » -  de Moi



Amarok s'épongeait le visage d'une serviette. Cela allait faire presque une année entière qu'il s'entrainait. Sa résistance était impressionnante, la plupart des sortilèges ricochant sur sa peau. Sa vitesse avait décuplé, tout comme sa force physique et mentale.

Métatron était comme la « Alice » qu'il avait connu. Incroyablement casse-pied mais véritablement utile. Il lui avait appris beaucoup, bien plus qu'il ne pensait pouvoir en apprendre.

Souriant dans la vide, Amarok repensa à la raison pour laquelle il avait supporté toute cette torture. Parce que oui, cet entrainement était une véritable torture. Ce n'était pas de se lever tôt ou de travailler sans relâche qui avait été le plus pénible pour lui. Certes, cela était épuisant mais il fallait passer par là pour s'endurcir. On ne devenait pas plus fort avec seulement de la motivation ou de la bonne volonté. On le devenait avec la force de caractère et l'entrainement. 

Et sa force de caractère avait été mise à rude épreuve. Surtout lorsque Métatron prenait un malin plaisir à le rabaisser sans arrêt. L'Archange lui donnait des ordres, l'humiliait en le battait à plate couture dans les combats au corps à corps. 

Amarok poussa un soupir lourd de sens. S'il avait fait tout cela c'était pour elle, pour Lolita. Un entrainement très difficile à supporter pour un Alpha comme lui qui n'appréciait pas vraiment de se voir recevoir des ordres. Mais même cela il l'avait supporté.

Se dirigeant vers la salle de bain du motel, Amarok prit une rapide douche froide avant de sortir, une serviette autour de la taille. Regardant son reflet, il sourit. Ses cheveux étaient plutôt longs, lui arrivant à hauteur des épaules, alors qu'une barbe naissante apparaissait à son menton.

Il était magnifique et il le savait.

Cette apparence lui rappelait le passé, ces moments où il s'était fait passé pour le jardinier de la famille Bathory. Ces moments où il passait du temps avec Lolita lorsque celle-ci n'avait pas été maudite par un sortilège pour l'emprisonner dans une apparence enfantine.

Passant une main dans ses cheveux qui avaient autant poussé en quelques mois, Amarok les attacha en queue de cheval avec un élastique. Il avait arrêté de les couper dès qu'il avait commencé son entrainement. Il était un homme nouveau aujourd'hui, et cette apparence venait prouver cette image. Il était plus fort, son corps pouvant lui aussi en porter témoignage.

Un nouveau sourire arrogant sur le visage, Amarok était confiant. Il ne serait plus un fardeau pour Lolita. Il serait son partenaire, son compagnon. Il serait absolument tout pour elle. Il serait l'âme sœur qu'elle méritait d'avoir  :

-Amarok, appela Métatron.

Sortant de ses pensées, l'Alpha s'empressa de sortir après avoir enfilé un jean usé et une chemise blanche. L'homme qui l'attendait avait les bras croisés. Les longs cheveux blancs de Métatron venaient onduler dans le dos de l'ange à l'apparence androgyne :

-Métatron, qu'est-ce qu'il y a ?

-Tu es prêt. Allons récupérer le Saint Graal.


***


Je n'en pouvais plus, j'étais épuisée. Epuisée de résister et d'attendre. « Attendre quoi ? », je ne le savais même pas moi-même.

Etait-il véritablement utile de résister encore ? Je n'en pouvais plus, la tentation me rongeant jour après jour, heure après heure, minute après minute. J'en avais tellement envie. La soif qui me torturait durait depuis presqu'un an à présent. Qu'est-ce que j'espérais ? Que voulais-je prouver ? Que j'étais assez forte pour résister ? Oui, j'aurai pu l'être à une certaine époque. Seulement l'impureté de Josephus apparaissait à présent jusque dans mes veines, qui devenaient sombres et visibles à travers ma peau blanchâtre.

La porte s'ouvrit de nouveau, laissant apparaitre Josephus, qui avait toujours ce sourire arrogant sur le visage et une coupe remplit de sang dans la main. En me voyant pathétiquement effondrée au sol, ne bougeant pas, il lâcha un rire discret. Il allait gagner et il le savait.

Déposant la coupe devant moi, il n'eut qu'à attendre.

Mon corps tremblait d'excitation et de désir. J'avais soif, je voulais boire.

Sang...

A quoi bon résister encore ? Personne n'était là. Plus personne n'était là...

Les larmes déferlèrent sur mon visage alors que j'en prenais de nouveau conscience. Personne n'était là. J'étais seule, j'étais de nouveau seule. Mes mains bougèrent d'elles-mêmes malgré ma faible résistance. Personne ne viendrait me juger, n'est-ce pas ? Alors je pouvais...

Je portais la coupe à mes lèvres, abandonnant cette lutte stupide. Il ne servait à rien de résister. Le combat était bien trop dur. La défaite paraissait bien plus satisfaisante. Et lorsque le sang se déversa dans ma bouche parcourant ma gorge, une sensation d'une extrême douceur me parcouru entièrement. L'extase. Il m'en fallait encore plus...

Oui, c'était ça. Pourquoi avais-je résisté autant de temps ? Il ne servait à rien de combattre, il ne servait à rien de résister au plaisir le plus primaire. Pourquoi se battre contre l'addiction et la dépendance tant que j'arrivais à trouver de la satisfaction ?

Je bu entièrement le contenu avant de sauter sur Josephus, qui tomba au sol, déséquilibré. Je voulus planter mes crocs naissants dans sa gorge, mais celui-ci me saisissait par les cheveux, m'obligeant à cesser :

-Tu as perdu Lolita.

Perdu ? Non, je n'avais pas perdu...

Soudain, un bruit violant s'éleva dans le château :

-Un intrus, devina Josephus.

Mes sens s'éveillèrent alors que mon cœur se mettait à battre la chamade. C'était lui, je le savais.

Après des jours à l'attendre, Amarok ne revenait qu'aujourd'hui. Je me mis alors à pleurer. Il venait trop tard. J'étais devenue impure et mortelle. Je n'étais qu'une fleur empoisonnée par la pourriture de Josephus :

-Et bien je vais aller accueillir mon invité comme il se doit, déclara Josephus et me repoussant violemment.

Se relevant, il partit de la chambre. Qu'allait-il faire ? J'avais tellement soif, mon corps en tremblait. Un froid étrange s'emparait de moi, provoquant de violant frisson alors que mes veines noircissaient encore davantage. Josephus avait raison : j'avais perdu.

Mais ce sentiment de défaite et de honte s'évapora alors qu'une douleur effroyable s'emparait de mon cœur. Amarok était là et Josephus allait le rejoindre, j'en étais certaine. 

Lorsque j'imaginais Josephus face à Amarok, mon sang ne fit qu'un tour. Il était hors de question qu'Amarok meurt.

Pourtant qu'aurais-je pu faire ? J'étais faible, inutile. Je venais tout juste de faire une rechute.

Et alors que des larmes inutiles venaient se mêler aux doutes de mon esprit, l'image d'Amarok sans vie me vint soudainement. Ce n'était pas le moment de me laisser aller. J'avais réussi à résister à l'appel du sang pendant des siècles. Ce n'était une rechute et un moment de faiblesse de quelques minutes qui allaient m'arrêter. N'est-ce pas ?


Alter Ego (Tome 3) - L'Âme SœurWhere stories live. Discover now