Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)

28 - Information erronée

♪ Michael Jackson - Smooth criminal ♪

C'est peu avant le repas, aux alentours des onze heure cinquante (car la jeune femme bosse l'après-midi, de seize heures à vingt-et-une heures), que monsieur Dumas réalise qu'il a oublié le cadeau dans la cadette de la famille dans la voiture. Aussitôt, la mère s'écrie que diagnostiquée tôt, l'Alzheimer précoce peut être soignée et qu'il devrait aller consulter. La connaissant, Anaïs sait qu'elle le pense vraiment. De toute façon, on ne plaisante pas avec cette maladie. Elle a d'ailleurs, à un moment donné, été source d'un projet de doctorat de recherche en cognitive pour l'étudiante. Mais après réflexion, elle a choisi de s'orienter plutôt vers la psychopathologie développementale.

Tout ce que l'on peut dire, c'est que les quelques minutes d'absence du père paraissent longues. Myriam Dumas, bien que décidée à rester jusqu'au dessert par principe (le repas n'ayant pas encore débuté), n'est pas très bavarde. Après son interrogatoire d'une heure concernant le voisin de sa fille ainsi que ses activités de « libertinage », comme a dit l'ancien juge, elle n'a pas caché sa déception vis à vis de l'acte d'Anaïs. On entendrait presque les mouches voler. C'est sans hésitation l'anniversaire le plus tendu qu'elle n'a jamais vécu. Pas de Maëlys, sa mère lui fait la tête et son père utilise l'excuse du cadeau d'anniversaire oublié dans la voiture pour fuir la mauvaise ambiance à table... Le tableau parfait !

Au bout de cinq minutes de silence, Anaïs craque et se lève. Elle ne peut plus rester ainsi. Ses parents sont en train de lui gâcher la journée, et même si elle a conscience qu'elle s'apprête à sortir de son propre appartement, elle continue à se diriger vers sa porte. Elle traverse sa pièce de vie et ce, malgré les ordres que vocifère sa mère. Violemment, elle ouvre sa porte d'entrée. Elle est prête à s'enfuir à grandes enjambées lorsque son visage se fige. Catastrophe ! Clément, le casque sur les oreilles, rentre chez lui. Le regard du jeune homme croise celui de l'étudiante et il ralentit le pas. C'est peut-être le premier contact visuel qu'ils ont depuis plus de deux semaines, mais l'ancien bisounours n'a pas le temps de s'en réjouir. Il semblerait que la châtain veuille lui dire quelque chose en faisant une croix avec ses doigts. Il ralentit le pas, jusqu'à se stopper au beau milieu de la résidence. Même s'il ne comprend pas tout, la situation paraît un poil critique.

Seulement alors qu'il s'apprête à faire demi-tour, monsieur Dumas déboule dans le couloir, les bras pris par un gros carton. Le voisin d'Anaïs, soudainement perturbé par ce nouveau visage,  regarde la bouclée comme si cette dernière était la réponse au problème.

S'il se poste devant chez lui, c'en est fini pour lui comme pour moi. Mais s'il rebrousse chemin, ce sera suspect étant donné qu'il a passé tous les seuils de porte sauf le sien et le mien par conséquent, se dit la jeune femme. Elle se sent prise au piège. Ah, si seulement il était resté chez lui ou en ville ! Pourquoi faut-il toujours qu'il se pointe aux mauvais moments ?

— Clément Hamon ? lance subitement une voix féminine et autoritaire.

Anaïs plaque sa main sur son front. Ils sont vraiment finis désormais.

Le concerné se fige encore plus en défiant par la même occasion l'impossible. La mère de l'étudiante se fraye alors un passage entre sa fille et la porte pour sortir complètement dans le couloir. Les mains sur les hanches, la tête bien droite, les talons achevant de la rendre grande, celle-ci a tout du juge qu'Anaïs a connu, enfant. Madame Dumas sort la carte de la femme intimidante et puissante, celle qui fait trembler les petits rebelles et voyous, celle que la châtain craint depuis toujours. Le père, le carton lui cachant pratiquement la vue, passe à côté de Clément, comme si de rien n'était, ou presque.

— Hum... à votre place, je capitulerais mon petit.

Et voilà que Benoît vient de s'associer au commandant. Quel traitre !