L'ignorance, il n'y a rien de mieux

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♪ Michael Jackson - Don't Stop Til You Get Enough ♪

La semaine suivante, après de longs jours de galère mentale, ce fut au boulot qu'Anaïs décida de se confier. La jeune femme le sentait, elle avait besoin de se vider, que ce soit l'esprit ou verbalement. Et si Adeline, une de ses collègues, était une vraie commère, elle s'avérait aussi être une bonne ressource concernant les relations humaines.

Évidemment, la plupart des personnes entendant cela allaient se dire qu'en tant que future psychologue, l'étudiante n'aurait pas dû avoir de tels problèmes. Sauf que les gens avaient tendance à oublier, que n'importe quel professionnel, quel que soit son milieu, était toujours et avant tout, un être humain et qu'il avait des faiblesses. « Il ne faut pas attendre d'un psychologue qu'il élimine comme par magie les problèmes ou qu'il ait réponse à tout. Il ne faut pas espérer voir un robot derrière le bureau. Car toute personne suivant ce genre de raisonnement ne pourra qu'être déçue une fois face à l'individu en question. Les psychologues sont des personnes, comme tout le monde, et ne sont pas exemptés de soucis, quels qu'ils soient. »

Voilà ce que s'efforçait, en vain, de répéter Anaïs à chaque fois qu'on lui disait qu'un professionnel ne l'avait pas aidé car il était plus fou que lui...

L'étudiante conseillait toujours aux gens de voir les psychologues comme des médiateurs. Et justement, comme des médiateurs qui avaient besoin d'autres médiateurs.

Tout le monde le savait dans le service et même en dehors, les psychologues eux-mêmes consultaient d'autres psys. C'était une chose tout à fait normale et ici, en l'occurrence, Anaïs demandait du renfort à Adeline et ses nombreuses connaissances, qu'elles soient personnelles ou bien entendues à droite ou à gauche.

— Et donc ce mec, il lui plaît à ton amie ?

Évidemment qu'Anaïs n'avait pas dit qu'elle était la première concernée ! Elle avait songé qu'il valait mieux dire qu'elle parlait au nom d'une amie, une certaine Laura alors qu'elle ne connaissait même de filles s'appelant ainsi. Comme ça, si ses propos venaient à être répétés, personne ne saurait que cette Laura était en vérité elle, la petite hôtesse de caisse, apprentie psychologue, qui en temps général se contentait de saluer et sourire à ses collègues.

— Ben, d'après ce qu'elle dit et ce qu'elle laisse paraître, non, elle ne semble pas le porter dans son cœur. Je crois plutôt qu'elle voudrait retourner à sa vie d'avant, tu vois. Style avant qu'il n'arrive. Laura m'a dit qu'elle ne se sentait plus sereine maintenant qu'il habite en face de chez elle.

S'il y avait bien quelque chose qu'aimait Anaïs chez Adeline, c'était son expérience. Certes, elle pouvait parfois partir dans les clichés ou bien la superficialité et il était déjà arrivé à la jeune femme de se demander si la personne que sa collègue s'efforçait de montrer était la véritable Adeline. Mais le problème n'était pas là. Pour le moment, c'était elle le sujet d'étude, ou du moins son amie imaginaire.

— Ouais mais ta Laura semble un peu excessive quand même ! C'est pas parce qu'il dort dans l'appartement face au sien qu'elle doit monter la garde toute la nuit derrière sa porte. C'est un peu trop gros tout de même, tu trouves pas ?

Peut-être bien...

— Eh bien, j'essaie d'être le plus objective possible alors je ne pourrais pas vraiment répondre à cette...

Anaïs s'arrêta en réalisant qu'au contraire, si elle voulait être objective, elle se devait de terminer sa phrase. Ce n'était pas le moment de se vendre devant la commère du supermarché. Sinon elle allait pouvoir dire adieu au casier vierge et bonjour aux fausses étiquettes accrochées dans son dos ! Un peu comme les gamins, ces espèces de petits traites, avec leurs fameux poissons d'avril...

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Where stories live. Discover now