Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)

25 - Haïr quelqu'un, c'est difficile

♪ Muse - Knights of Cydonia ♪

— Allez... Anaïs, allez... Anaïs, allez... Anaïs ! hurle Charles en remuant des poings et de la tête pour suivre le rythme du morceau rock qui est diffusé dans la pièce en ce moment-même, morceau dont il a dû faire des pieds et des mains pour qu'on accepte de le passer.

Toute personne extérieure à leur petite troupe pourrait penser à un encouragement pour une course à pied ou bien pour la descente d'une bière. Mais n'oublions pas que nos chers amis sont en général, en licence de psychologie...

— Pourquoi moi ? Pourquoi ça ne pouvait pas tomber sur Ame ou Rachel ? rouspète l'étudiante.

— Parce que ! réplique Léandre en lui faisant comprendre qu'elle ne pourra pas changer de consignes.

La jeune femme soupire et se lève face à ses amis, capitulant enfin.

— Alors voyons voir, critères diagnostiques d'un trouble dépressif caractérisé grand A, il faut minimum cinq des symptômes suivants : 1, l'humeur dépressive, tout au long de la journée, remarquée par une personne de son entourage. 2, la diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir, remarquée pareil, par une personne de son entourage. 3, la perte ou le gain de poids, de manière significative et en l'absence de régime. 4, l'insomnie ou l'hypersomnie pratiquement tous les jours. 5, une agitation ou un ralentissement psychomoteur pratiquement tous les jours et remarqué par l'entourage. Ensuite euh... Petit 6....

— Out ! s'exclame Léandre avant de se lever, le sourire jusqu'aux oreilles. C'est donc mon équipe qui remporte !

— N'importe quoi ! réplique Charles en se redressant à son tour. Elle ne s'est pas trompée, elle a juste hésité ! Tu l'as coupé, elle allait continuer.

— Ouais mais Léandre a récité mot à mot les critères diagnostiques du trouble obsessionnel compulsif alors qu'Anaïs a changé quelques termes, fait remarquer Rachel.

Évidemment, l'étudiante est dans l'équipe gagnante...

— Non non non, rouspète Charles en croisant les bras. Tout ça, c'est la faute à Anaïs !

Amélie envoie un regard noir au jeune homme et celui-ci roule des yeux.

— OK non c'est la faute à cet idiot de voisin là, se corrige-t-il et la rockeuse semble enfin satisfaite.

Grégoire, les mains dans les poches, rigole et Léandre reprend la parole :

— Peu importe, c'est mon équipe qui remporte. C'est donc Amélie, Anaïs et toi qui vous chargerez de payer les boissons lors de notre sortie la semaine prochaine !

— Fais chier, murmure Charles en se grattant la tête.

Lui qui pensait pouvoir faire quelques économies... Il savait qu'il n'aurait pas dû rejoindre cette équipe. Une Anaïs et une Amélie dans le même groupe ? C'était obligé que ça finisse mal.

— On peut refaire un tour. Cette fois-ci, c'est chacun pour soi, propose-t-il. Non, vous savez quoi ? Si je pers, je ferai le tour de la résidence à poil !

Le coup qu'Amélie lui assène derrière la tête le fait taire.

— Idiot, crache-t-elle avant d'attraper la bière que lui tend Léandre, amusé par la proposition de son ami.

Tout le monde se marre, boit, crie et plaisante. Tout le monde sauf Anaïs. Traînée de force par Amélie à cette soirée qui est en soi, plus qu'agréable, la jeune femme ne semble pas vraiment s'éclater. Il faut dire qu'elle est fatiguée. Et oui, essayer de haïr quelqu'un, c'est difficile et ça épuise.