La routine journalière

11.1K 674 68
                                    

♪ Michael Jackson - The way you make me feel ♪

Eh voilà, encore ! Maëlys par-ci, Maëlys par-là, j'en ai marre. On peut pas arrêter de parler d'elle un peu ? se dit rageusement Anaïs en repoussant brusquement son ordinateur portable rafistolé.

La jeune femme se leva d'un bon de son couchage. Comme toujours, les draps de celui-ci étaient en boule. Elle avait préféré traîner sur le net plutôt que faire son lit. Mais après tout, qui ne faisait pas pareil ?

Tout en rangeant une mèche derrière son oreille, la jeune femme jeta à nouveau un coup d'œil à la conversation Facebook qu'elle venait d'ouvrir. Maxence, un mec avec lequel elle n'avait que deux amis en commun si elle s'en tenait au réseau social, lui avait envoyé un message pour lui demander si elle pouvait lui communiquer le numéro de sa sœur.

Un soupir lui échappa tandis que le gars lui présentait les choses pour la troisième fois, ayant sûrement pris son absence de réponse pour une incompréhension de la situation. D'après ses dires, des potes à lui avaient aperçu sa sœur quelques jours plus tôt alors qu'elles s'étaient retrouvées dans leur parc habituel. Du coup, ces derniers souhaitaient désormais que la cadette leur communique le numéro du mannequin lui servant d'aînée.

— Oui elle est magnifique et non elle ne s'intéressera pas à des mecs comme toi ! s'emporta Anaïs en fixant l'écran de son ordinateur. Oh Dia qu'ils sont cons. Mais qu'ils sont cons franchement !

Évidemment ledit Maxence, qui n'entendait pas la tirade de la jeune femme, ne comprit pas que l'affaire était perdue d'avance et parce qu'il entra dans la case du mec vraiment lourd en envoyant un « Je sais que t'as lu le message », Anaïs le bloqua puis se déconnecta.

Deux petites minutes plus tard, son manteau beige habituel sur les épaules et ses chaussures fourrées favorites aux pieds, la jeune femme sortit de son appartement. Le froid du mois de janvier qui s'était infiltré dans le couloir de la résidence saisit ses mains, qu'elle avait, une fois de plus, oublié de protéger. Mais cela ne lui fit plus rien au bout de quelques secondes. Car la colère coulait encore dans ses veines...

Petite, Anaïs avait longtemps vu sa sœur comme une super-héroïne. Elle avait été le modèle de la perfection. Modèle qu'elle avait espéré pouvoir atteindre un jour. Pourtant, lorsque les années étaient passé et que les questions existentielles de la préadolescence avaient commencé à s'imposer dans son esprit, elle avait compris que jamais, ô grand jamais, elle ne serait aussi formidable que son aînée.

C'était ainsi que le malheureux et grand complexe d'infériorité d'Anaïs avait débuté.

Aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir, Maëlys avait toujours tout eu. Petit génie, fille populaire, elle avait rendu monsieur et madame Dumas fiers. Alors que la cadette elle, était longtemps rentrée de l'école les genoux écorchés et des brindilles dans la chevelure. Celle-ci n'avait pas mis longtemps d'ailleurs à réaliser que leur nounou lui mettait la capuche sur la tête afin que les autres adultes ne voient pas son allure déplorable. Ses bouclettes indomptables ne payaient pas de mine à côté des cheveux disciplinés des autres fillettes, pas plus ses vêtements qui changeaient tout le temps de couleur à la fin de la journée.

La jeune femme s'était parfois demandé si elle appartenait bien à cette famille. Mais sa ressemblance, du moins capillaire et faciale, avec sa mère, avait toujours été là pour lui ôter ses doutes. Alors que sa sublime sœur avait eu une coiffure impeccable et un regard de biche au lycée, la cadette avait dû supporter des cheveux bipolaires, un teint terne ainsi que des lunettes de vue au summum de la sexy attitude.

Si encore Maëlys s'était plantée sur quelque chose, Anaïs aurait peut-être pu remplumer son ego, diminuant année après année. Mais non ! Jusqu'à ce jour, l'aînée avait entretenu son parcours exemplaire sans faiblir ne serait-ce qu'une fois. C'était d'ailleurs pour cette raison que la jeune femme la détestait autant qu'elle l'adorait et qu'elle finissait toujours par se haïr de ressentir de tels sentiments.

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Where stories live. Discover now