J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)

Bienvenue en Ecosse !

Il doit être deux heures du matin quand je me décide à quitter la chambre, je me demande comment, en deux ans de colocation, j'ai pu ignorer les ronflements de Calum et je me demande surtout comment Charles supporte ça ! On dirait qu'un tracteur œuvre à côté de moi.

Je descends à la salle télévision, visiblement je ne suis pas la seule à ne pas dormir. Maura est là avec Keith, ils sont en train de regarder un James Bond et je reconnais le château que nous avons visité aujourd'hui.

Sans un mot Keith ouvre le plaid à côté de lui et je m'y glisse en gardant une distance raisonnable mais il m'attire à lui.

— Il fait trop froid pour être prude, et je ne vais rien te faire, après tout, tu es ma belle-sœur.

— Merci pour le C.D.

— De rien.

Nous nous endormons tous les trois les uns contre les autres après que Maura nous ait demandé plein de conseils pour son mariage.

C'est Murray qui nous réveille avec sa cornemuse.

— Papa, arrête !

— C'est pour la petite, je fais dans le Folklore.

— Il est sept heures du matin, grommèle Maura un peu moins charmante avec la gueule de bois.

Mais Murray semble n'en avoir rien à faire.

— Maura ton veuf gallois arrive dans deux heures et tu vas avoir du travail pour avoir l'air présentable. Keith, ta mère t'a fait du porridge et un café au lait, ça te remettra les idées en place.

Il désigne la main de Keith posée sur mon épaule et nous nous redressons rapidement pour aller comme des zombies vers la salle à manger.

Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie. Cécile a mis sur la table un peu de tout, ce qui veut surtout dire pour moi du pain et du beurre, ses origines françaises sont mon salut.

Elle se penche vers son fils ainé et lui dit en français.

— Mon chéri, tu me parles de cette fille que tu as rencontrée ?

Elle n'a aucun accent. Ses nombreuses années ici n'ont laissé aucune trace. Keith, en revanche, quand il lui répond marque bien plus son accent écossais que lorsqu'il s'exprime en anglais. C'est très charmant d'ailleurs. Je rougis bêtement et colle mon nez dans ma tasse pour que personne ne le remarque.

—Tu gardes ça pour toi maman ?

— Oui, promis.

— Je crois que je me suis emballé parce qu'elle n'a jamais montré aucun signe quelconque d'intérêt pour moi.

— Et toi lui as-tu montré quoique ce soit ?

— Je croyais qu'elle avait besoin de temps. Et j'aimais ce qu'on avait.

— Qu'a-t-elle de différent ?

Je ne devrais pas écouter mais je ne peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi.

— Je ... Elle me ressemble, il y a un petit quelque chose de cassé en elle et cette fêlure donne une profondeur à sa personnalité mais je pense que ça n'ira pas plus loin. Elle n'est pas pour moi.

— Je suis désolée pour toi, mon chéri.

Cécile pose avec délicatesse sa main sur celle de son fils et de son autre main lui caresse le visage.

— Tu trouveras quelqu'un qui partage tes valeurs et tes rêves. J'en suis sûre.

Calum arrive, je remarque au premier regard que quelque chose cloche, il titube et bouscule Keith au passage.