S.O.S

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David me contemple avec désespoir.

— Misère.

Il se signe et me laisse sortir, je fais moins la fière devant le colosse, je ne me souvenais pas qu'il était si grand. Ni borgne à vrai dire. Je pince les lèvres. Dans mes souvenirs c'était un tout petit bonhomme...

— Et si nous réglions cela en gentleman ?

Je ne connais pas d'expression équivalente incluant une femme et un homme.

J'ai vaguement l'impression qu'il me tend la main, je n'en reviens pas de cet instant de grâce et je me dis que les frères Alister m'ont fait du bien parce que ma première intuition aurait été de frapper mais grâce à eux je suis devenue plus civilisée.

Ce sentiment ne dure que le temps de ma proposition jusqu'à ce que sa main s'oriente vers mon visage et que je me prenne un pin dans la mâchoire.

Je ne savais pas les anglais si fourbes, ça me renverse à terre, littéralement.
Je ne suis pas en reste parce que je lui file un bon coup de pied là ou ça fait mal et je ne parle pas du genou. Qui est vicieux maintenant ?

Keith s'est précipité vers moi pendant que l'autre se tortille de douleur sur la route, il le regarde menaçant et montre sa plaque.

— Si je vous revois l'approcher ne serais-ce que d'un iota, je vous écorche vif.

Il se tourne vers moi et me fait tourner la tête.

— Ma chérie, ça va ?

_ Arrête, ta mère va se douter de quelque chose.

— Je m'en fou.

Il me serre contre lui, si fort qu'il m'étouffe, je suis un peu sonnée pour profiter du câlin mais je me dis qu'il m'a tellement manqué cette semaine, pourquoi est-ce que le seul contact que nous avons, c'est ce moment foireux en plein milieu de la rue.

On entend encore les injures du vieux libraire alors qu'il descend la rue. Derrière nous Cécile toussote et Keith se détache de moi à regret.

— J'ai vraiment eu peur, je ne sais pas si je me le pardonnerais si je devais annoncer à Cal une mauvaise nouvelle. Et puis comme tu es peut-être enceinte d'après ma mère, je m'en voudrais de ne pouvoir être parrain...

— N'importe quoi...

Mais Cécile renchéri, je la sens narquoise mais je me trompe peut-être.

— Ce serait la meilleure façon de vous réconcilier que de demander à l'autre d'être le parrain.

Elle se tourne vers son fils et lui dit dans un français très clair.

— Tu ne me dupe pas Keith, Guillaume Alister ! Je ne suis pas idiote et ce serait sympa d'arrêter de te foutre de moi, tu es amoureux de cette femme, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

— Pfff... N'importe quoi ... Tu vas me mettre mal à l'aise devant ma "belle-sœur"

— Arrête, je t'ai vu avec Lindsey et Kelly, ça n'avait rien à voir, je plaignais ces pauvres filles devant le peu d'entrain que tu leur accordais, là avec elle c'est ...

— ... C'est différent, ok maman j'arrête de te mentir.

Et mince, il va tout balancer, Cal va me tuer et il va souffrir. Je ne peux pas trahir ma promesse mais je ne vois pas quoi dire.

Je ne suis même pas censée comprendre ce qu'ils se disent. Keith me regarde, les épaules basse, je le comprend, il ne veut pas lui mentir, c'est sa mère à lui aussi après tout, le mensonge de Cal l'oblige à s'abaisser à son niveau. Keith, lui, aime vraiment sa mère au point de détester ça, même pour son frère et c'est noble de sa part.

Je ne sais pas si mon corps a décidé de faire diversion à ce moment là mais je sens toute ma mâchoire m'élancer, la douleur se répercute dans tout mon corps, je me relève et titube.

— Désolée de vous interrompre mais ça ne va pas trop, je voudrais bien de la glace.

Ils me jettent un regard surpris, je bafouille un « quoi » peu distingué sous le choc de la douleur qui m'élance puis je réalise que je viens de parler en français.

— Merde !

Ça aussi je l'ai dit en français, je m'en vais avec ma dignité envolée vers David qui me tend un steak à mettre contre ma mâchoire.

— Beau combat championne !

— mouais, tu parles.

Ils me rejoignent et s'asseyent en face de moi, on dirait un interrogatoire, à nouveau. Cécile a l'air contrarié.

— Tu parles français ?

— Non !

— Si, sans accents.

— Non c'est juste une phrase que j'ai apprise par cœur. Ça n'a pas plus de sens que les frenchies qui apprennent par cœur « où est mon parapluie »

La clochette sonne et Cal arrive à ma rescousse, il est venu à dos d'escargot ou quoi ? Il lui en a fallu du temps.

— Salut chérie ! Maman, Keith.

Il se penche à mon oreille et chuchote.

— Désolé du retard, on a un problème au boulot.

— Sors-moi de là et je te résous n'importe quoi.

J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)Where stories live. Discover now