Où tu iras, j'irais

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J'ai dis à Keith que je devais retourner à Inverness le lendemain et une idée folle nous a traversé, nous avons roulé une partie de la nuit et nous nous sommes arrêtés dans l'un des pubs de Murray. Le même que la première fois.

Harry allait fermer mais quand il nous a vu arriver, il n'a pas posé de question et nous a laissé les clefs.

— Je ne dirais rien à Murray.

Alors je sais, boire c'est mauvais pour la santé mais nous on a finit une des bouteilles de wisky et Keith m'a montré comment faire un ou deux cocktails. Objectivement nous n'avions quasiment rien bu car la bouteille était déjà quasiment vide et que Keith a très peu dosé les cocktails mais j'étais tellement fatiguée que je suis allée le rejoindre. Il était étalé de tout son long sur une banquette rouge en faux cuir.

— Adolescent, j'adorais accompagner mon père ici, c'était son premier pub. Il y avait toujours une bonne ambiance, avec mes frères, on jouait parfois de la musique. Moi la cornemuse ou le piano...

— Tu joues du piano ?

— Ne t'emballes pas, je ne suis pas un bon pianiste, je suis bon à la cornemuse par contre. Calum jouait de l'accordéon et Stuart de la guitare. Celle qui est là-haut, elle ne sert plus beaucoup...

Je retiens mon souffle, je me demande s'il m'a entendu l'autre soir.

— ... sauf à quelques personnes de passage. Tu pourrais la prendre.

Il lève les yeux pour me regarder, j'ai ma réponse.

Je m'allonge sur la banquette perpendiculaire et nos têtes se touchent alors, il me pousse un peu mais je grogne, je suis déjà recroquevillée. Soudain, il se tourne vers moi et me caresse doucement l'arrête du nez et me dit, beaucoup plus sérieux.

— Tu aurais pu emmener le coussin avec la photo de Cal, ça t'aurait servi ici.

— Oui bien sur, ça aurait été si distingué ! J'éclate de rire en imaginant la tête de Murray si j'avais sorti...

Je n'ai même pas le temps de terminer ma réflexion que Keith s'est relevé, comme piqué par une mouche, il s'assomme dans la table en criant « Et merde ! »

Je sens que j'ai loupé quelque chose et tout à coup je pâlie. Qu'est-ce que je viens de faire ?
Je me redresse à mon tour livide, il m'a piégé. Il a mentionné Cal en parlant de mon coussin avec des photos "d'homosexuels" écossais, me faisant trahir Cal par le simple fait que j'avais reconnu que Cal était bien l'autre photo.

— Je n'ai rien dis ! Tu n'as rien entendu et tu ne vas rien lui dire.

— Oh que si. Et tu aurais du me le dire beaucoup plus tôt.

— Non, s'il apprend que j'ai trahi son secret, il va me tuer. J'ai promis de tenir jusqu'au mariage de Maura.
Il fait les cent pas.

— C'est Charles son mec ?

— ...

— Qui ne dit mot consent. Pourquoi il supporte cette comédie, lui ?

— Par amour je suppose.

— Et toi ?

— Ça ... me protège de toi.

Je vois bien qu'il ne comprend pas. Il s'approche et m'encadre le visage pour m'embrasser.

— Tu n'as pas à avoir peur de moi, je ne t'abandonnerais pas.

Je détourne la tête pour me caler dans le creux de son épaule, j'y suis bien. Je ne peux pas lui dire qu'en revanche, moi, il est probable que je doive l'abandonner un jour.

J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)Where stories live. Discover now