Sir John et ses révélations

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Sir John est assis sur la table du légiste, Peter O'Brian, qui sursaute en me voyant.

— J'oscultais John !

— On n'a pas les moyens d'aller voir un vrai médecin ?

Il esquisse un rictus étrange et inspire quand Peter le lui dit.

— Si j'étais toi, je serais très gentille, au moins jusqu'à ce que j'ai l'information que je suis venue chercher.

— T'es malade ?

— J'ai la charmante doctoresse de l'étage qui m'a menacé de me réformer si je ne faisais pas un suivi régulier de mon asthme.

— Je croyais que c'était léger.

— Il faut croire qu'avec la pollution de Londres, ça n'a rien arrangé.

Peter me jette des coups d'œil craintifs, je ne sais pas pourquoi ce type me craint à ce point là. Je lui demande d'un ton mordant et cela ne semble pas arranger l'image qu'il a de moi, il s'éclipse à pas feutrés.

— C'est quoi son problème ?

— Tu fais flipper tout le monde. Y a une légende urbaine qui dit que tu as étranglé à mains nues un mec qui t'es passé devant au Starbucks. Y a une autre histoire où tu aurais arrêté la circulation pour voler un taxi, ou même fait une attaque chez un libraire...

— C'est bon j'ai compris !

Je n'en reviens pas du nombre de conneries que Cal raconte sur moi ! C'est affligeant.

Sir John est en train de remettre sa chemise et je remarque la balafre qui lui déchire le torse. Je sais qu'il a eu quelques affaires corsées mais je n'imaginais pas qu'il soit marqué à ce point, il fait toujours si impeccable qu'on s'attend à ce que tout soit lisse chez lui.

Aujourd'hui il a l'air malheureux, non pas que cela me soucie autre mesure mais ça m'interpelle.

— Ça va John ?

Il hausse les épaules et va me chercher un dossier qu'il me tend.

— Je n'aime pas annoncer des mauvaises nouvelles c'est tout. J'en fais ma spécialité ce matin.

Rien que la couverture du dossier est un mauvais présage, c'est la couleur des dossiers archivés. Mon dossier ne devrait pas être archivé.

— J'ai du contourner beaucoup de règlement pour te l'obtenir Oly !

— Je te suis redevable, je sais.

— Non, ce que je veux dire c'est que peut être ça aurait mieux fait de rester enfoui.

Je m'installe sur la table à côté de lui et lui tends les feuillets une fois que je les ai lus.

Il y a un article sur la mort de Belle, c'est la première chose que je vois. On y relate son court passage sur cette terre, on raconte qu'elle a eu un accident, une fuite de gaz.

Mon cœur se fissure.

Elle n'a même pas eu le droit à ce que l'on publie les vraies raisons de sa mort. Comment ont-ils fait taire son père ? Et Sébastien ? Ils connaissaient la vérité eux !

Il n'y a rien d'autre que cet article concernant Belle. Le reste concerne l'enquête en elle-même, les lieux du crime.

*        

C'est notre moment de temps libre à jersey, j'ai envie de planter Sébastien et Belle pour qu'ils se promènent en amoureux. J'en ai marre de les voir se tourner autour et j'ai besoin d'être seule pour digérer leur idylle naissante.

En plus j'ai une carte à acheter pour l'anniversaire de Nona, ma grand-mère. Elle adore les cartes postales et elle m'adore moi alors ça lui ferait doublement plaisir.

Un coup d'œil aux deux tourtereaux et je mets mon plan à exécution.

— A ce soir les loosers !

— A ce soir grosse nulle !

Belle me court après et dépose un baiser sur ma joue.

— Merci, me chuchote t'elle avec un sourire grand comme une banane.

Je marche dans la rue principale et passe devant Hallmark mais la boutique est bondée alors je passe mon chemin et perds la notion du temps en déambulant dans les rues de Saint-Hélier, Quand la nuit commence à tomber je commence à m'inquiéter, j'ai dû marcher deux bonnes heures sans rien trouver qui me plaise alors je cours comme une dératée pour retrouver Hallmarcks, il devrait y avoir moins de monde à cette heure-ci.

Sauf que je suis perdue. C'est peut-être un signe du destin mais je passe devant une toute petite supérette où j'aperçois un portant de carte postale lambda. Je tique devant une carte pour touriste « I love Jersey » avec une grosse vache au premier plan. Devant mon air déçu le vendeur m'indique qu'il a des cartes un peu plus jolies dans le fond. Il précise également qu'il va fermer dans quelques minutes et baisse déjà le rideau métallique.

Avec le recul, j'aurais vraiment du prendre celle « I love Jersey » et m'en tenir à ça, mais non, il a fallu que j'aille dans le fond où deux hommes se disputaient. Aucun d'eux ne fit attention à moi et je ne leur prêtais pas plus attention que ça non plus. Enfin jusqu'à ce le blond sorte son flingue et tire sur le brun grisonnant. Là, ils ont eut toute mon attention. Et j'ai eu celle du blond.

Ses yeux noirs ont glissés vers moi et j'ai vu avec horreur la gueule du canon se diriger vers moi. Je crois que si le vendeur n'était pas arrivé à ce moment-là, j'y passais. Pas de chance pour lui parce que l'arme s'est finalement orientée vers lui et que j'ai pu courir vers la sortie, me jeter par terre et passer sous le rideau.

Je n'ai jamais couru aussi vite ! Je me suis jetée dans les bras d'un policier et avec mon anglais maladroit j'ai raconté ce que je venais de voir.

*        

Sir John a maintenant tout le dossier dans les mains et il pose tout à côté de lui.

— J'ai autre chose Liv.

Il change tout le temps de surnom pour moi, je m'y suis habituée.

— Je n'ai pas compris que le dossier soit archivé alors j'ai fouillé. Ça fait un mois que je brasse du vide ... jusqu'à aujourd'hui !

— Qu'as-tu découvert ?

— Ça n'est peut être qu'une coïncidence mais les dossiers médicaux de Belle ont tous disparus. Son père est introuvable et ton pote Sébastien s'est volatilisé de la circulation il y a trois ans. Et surtout aucune sépulture au nom de Belle Hopkins.

— Ça fait beaucoup de coïncidence non ?

— C'est ce que je me dis.

— Pourquoi on aurait-on archivé mon dossier ?

Sir John hausse les épaules et me reprend le dossier.

— Il faut que j'aille le remettre à sa place.

          

Je passe la journée la tête dans le brouillard et quand je relève un peu la tête il est déjà vingt-deux heure, je suis seule dans le service. Cal ne travaillait pas aujourd'hui, je n'ai même pas pu lui raconter ce que je ressentais. Mon téléphone sonne, le nom de Furbisher apparait, je soupire, je ne suis pas rentrée.

— Oui !

— Encore au boulot Olivia ?

— Gagné.

— On a une urgence, un de nos témoins s'est fait assassiné.

— Quoi ? Qui ça ?

— Dawson, le père.

Merde ! C'est un dossier de Sir John, c'est une famille très attachante, je les avais rencontré il y a deux mois.

— Ce n'est pas tout, Scotland Yard est arrivé sur les lieux et un de leur agent s'est fait descendre.

... Je ne sais pas dans quel merdier je mets les pieds mais je sens que je vais détester cette soirée.

J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)Where stories live. Discover now