Du Chewy Watermelon au Haggis

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Trois semaines plus tard est revenu le temps du mensonge, nous sommes avec Cal dans la voiture en route pour le manoir de leurs parents. Calum affiche une tête de six pieds de long, nous n'avons pas réussi à le faire parler.

Et, c'est un très mauvais signe mais il s'est remis à manger des chewy watermelon, je le connais assez pour savoir que c'est très critique.

— Bon allez Cal, dis-nous à la fin !

— Non.

Keith lui lance un regard dans le rétro.

— On dirait un gosse ! C'est à cause de l'anniv de Stu ?

A sa mine encore plus renfrognée, on dirait qu'il n'avait pas réalisé que ce devrait être l'anniversaire des trente ans de Stuart.

— Il me faut du Fudge.

Outch, niveau critique atteint.

— C'est Charles ?

— ...

— Donc, j'ai mis dans le mille, c'est quoi, une dispute ou une broutille ?

Keith n'a décidément pas le doigté pour parler à son frère, je prends le relais.

— C'est parce qu'il veut plus de toi ? Ce que tu me disais l'autre jour ?

— He, les psy de pacotilles, foutez-moi en paix, profitez de vos niaiseries, du temps où tout est beau et ou on se saute dessus toutes les cinq minutes, sur le canapé, dans la douche, sur la table et même sur le tapis du séjour ...

— Stop, beurk, je ne veux pas savoir. Je vis là-bas je te signale.

Je me suis bouchée les oreilles et Keith affiche une mou dégoûtée.

— Erreur, si tu vivais là-bas, tu verrais alors qu'il a commencé à remballer ses affaires.

Pourquoi j'ai souvent l'impression de tout faire de travers ?

Quand on fait une pause, planquée dans les toilettes pour femme, j'appelle Charles.

— Allô ?

— Salut ma chérie, comment vas-tu ?

— C'est plutôt à moi de te demander ça.

— Cal t'a dit alors ?

— Juste que tu pliais bagage... Je croyais que tu allais être patient jusqu'au mariage, tu n'as plus que trois mois à tenir !

— Je suis fatigué, tu comprends, je l'attends depuis toute une vie et si justement là, à ce mariage il n'a pas envie que je l'accompagne, je n'ai pas ma place dans son cœur.

— Soit pas bête, tu le tiens à flot...

— C'est son choix ma belle, pas le mien, ni le tien. J'ai énormément discuté avec Cassidy, elle m'a ouvert les yeux, je n'ai pas à avoir honte de qui je suis et lui non plus.

Mais quelle idiote celle-là, faudra que je lui en touche deux mots.

Une idée folle germe dans mon esprit.

— Et si je faisais en sorte que ça se sache et qu'il l'accepte ? Tu reviendrais ?

— Laisse tomber Olivia, j'ai cru que j'arriverais à le réparer mais c'est impossible.

— Fais-moi confiance. S'il te plait, s'il te plait !

Et je discute encore avec lui quelques minutes, me mêlant de ce qui ne me concerne pas. Il est mon meilleur ami après Cal et je ne veux pas que Charles/Calum cesse d'exister.

Quand Keith me voit revenir, il me dévisage un moment avant de sourire et de pose son doigt sur mon nez.

— Toi tu prépares une connerie...

— Pas du tout... Pas du tout.

— Oh si.

Dans la voiture Cal a l'air de s'être trouvé un paquet de bonbon supplémentaire, je vais m'asseoir à côté et me colle contre lui, il grommelle et se laisse faire. En fait, il aime bien les câlins, c'est un nounours dans le fond.

— J'ai l'impression de servir de taxi à un couple de bécoteur ! Pas touche à ma copine Cal.

— C'est la mienne avant d'être la tienne et plus on approche de chez les parents, plus c'est la mienne.

— C'est ce qu'on va voir...

Ils recommencent à se chamailler, Cal pose ses bonbons par terre et renifle mes cheveux pour agacer Keith quand tout à coup il s'exclame.

— Mais c'est mon parfum !

— Non !

— Si et je viens enfin de comprendre pourquoi la bouteille descend si vite.

Keith fait une petite embardée.

— Quoi tu mets son parfum ? Tu veux dire que cette odeur que j'adore c'est la sienne... c'est super bizarre.

— Espèce de sale petite voleuse.

Je crois que c'est la première fois que je vois les frères unis contre quelque chose, la faute à pas de chance, c'est contre moi. Je ris et secoue les cheveux pour diffuser l'odeur de son parfum.


On arrive tard dans la nuit, Cécile nous attend dans la cuisine, elle nous prépare vite fait un encas. J'adore cette cuisine, elle est immense, il y a deux cheminées à chaque bout et un vieux poêle qui expulse difficilement sa chaleur.
Elle est toute en pierre avec un carrelage noir et blanc très inégal, certains carreaux sont beaucoup plus abîmés que d'autres mais c'est aussi ça le charme de cette pièce.

— Ils sont tous couchés, j'ai dû jongler avec les chambres avec tous les invités qu'on a, je vous ai mis tous les trois dans celle de Calum avec un matelas par terre. Vous vous débrouillez, je ne veux rien savoir de qui dort par terre.

Elle me jette un coup d'œil, je vois qu'elle sourit, elle n'est pas si en colère qu'elle veut bien le faire croire.

— Je vous préviens, la famille d'Edern a demandé du haggis donc on va manger du haggis.

Les deux garçons grimacent.

— Pitié, tu sais pas le cuisiner maman !

— Votre père va m'aider.

— Mais est-ce qu'on leur demande de nous faire de ... je ne sais pas un plat de chez eux !

— Ils vont nous faire justement des pancakes de chez eux et de la soupe de poireaux.

Keith pose sa tête sur la table en soupirant.

— Pitié plus de soupe.

— Franchement Keith, on ne risque rien, il n'y a que toi pour faire des soupes apocalyptiques.

J'opine, c'est vrai qu'avant ça, je n'avais jamais entendu parler de soupe qui filaient des intox alimentaires .

— Où est papa, demande Calum.

— Tu veux le voir ? Il est dans son bureau.

— Non, j'ai demandé où il était, j'ai pas dis que je voulais le voir, je me porte très bien sans lui.

— Vas te coucher au lieu de dire des bêtises.

Keith lui donne une tape dans le dos et se lève pour embrasser sa mère, il prend ensuite nos mains.

— Allez les petites natures, au dodo, il faut que vous soyez en pleine forme pour supporter le haggis de maman.

— Keith !

La voix de Cécile se veut autoritaire mais je vois ses yeux qui pétillent, elle plante son regard dans le mien et plisse les yeux de satisfaction, comme Clifton le fait quelque fois avant de ronronner, elle chuchote à mon égard un merci inaudible.

Je quitte la pièce à regret, je me sens parfois un peu dans downton abbey dans cet endroit.

J'avais oublié ce que c'était que d'être aimée (TERMINÉ)Where stories live. Discover now