Chapitre 22

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Je posai mes lunettes sur mon bureau. J'allais devoir affronter Louise, même si j'aurais rêvé, à ce moment précis, une chose : fuir.
Je me sentais en danger, quand j'étais seule face à elle, et plus particulièrement maintenant.

" Je suis assez occupé ces ... "

Elle me coupa sèchement, comme elle savait si bien le faire.

" Tes petits messages minables, passe encore. Mais que tu m'envoies ton stagiaire sur le chantier, tout ça pour m'éviter, c'est une attitude d'enfants de 4 ans ! " vociféra t'elle tout en s'asseyant de l'autre côté du bureau.

Je baissai les yeux. Elle avait totalement raison, je le savais.

" Enlève moi d'un doute Emma, tu as une langue ? Tu m'as appris que tu savais très bien t'en servir qui plus est ... "

" Merci du compliment " lançai je avec un sourire timide, voulant répondre à son trait d'humour.

Mais ni ses yeux, ni sa bouche ne se déridaient. Je décidai de me lancer.

" Ecoute Louise, je suis désolée de ne pas m'être déplacée ce soir, j'ai besoin de prendre du recul cette semaine. "

" Pour ? " Elle me fixait.

" Pour réfléchir ! "

Elle leva les sourcils, comme exaspérée.

" Emma, on va jouer aux devinettes, c'est ça ?! "

" Lucie m'a demandé qu'on se remettre ensemble "

J'avais lancé cette phrase comme cela, brut.

" Au Canada, tu vas au Canada ? " me demanda t'elle précipitamment, surprise.

" Non ici, elle n'irait pas.. si on se met ensemble ! ''

Un petit silence s'installa. Elle me regardait, semblant chercher ses mots. Elle se reprit en redressant ses épaules.

" Et donc, tout ça valait ton petit manège de cette semaine ? "

" Je ne sais pas Louise d'accord ? Je suis un peu perdue là. Je ne voulais pas avoir de proximité avec toi cette semaine, pour ne pas me perdre dans d'autres considérations ! "

" D'autres considérations ? "

" Oui ! Je veux dire notre relation, enfin relation, je ne sais pas si le mot convient... Je veux dire, si je me met avec Lucie, je ... "

Je n'arrivais tout simplement pas à m'exprimer, à trouver les bons mots. Tout se mélangeait.

'' Je sais ce que ça veut dire Emma ! Notre relation sexuelle sera finie, et alors ? "

Relation sexuelle, elle avait posé les mots. C'était à cela que se résumait notre relation. Elle ajoutai :

" Tu crois que j'allais te sauter dessus cette semaine, que je ne pourrais m'en empêcher ? Grandis Emma ! Je ne suis pas ton jouet, tu comprends ça ? ''

Elle enchaînait ces phrases d'un ton des plus froids, qui me glaçait littéralement. Elle était furieuse. Furieuse de mon attitude, furieuse d'avoir osé la mettre de coté pour quelques jours.

" Tu n'es pas mon jouet Louise, je ... "

" Comporte toi en professionnel, viens à ces foutus rendez vous. Il ns reste deux semaines de travaux ! Ne confonds pas tout, je peux très bien me passer de toi Emma. Mais toi ? Ça va, tu vas y arriver ? " dit elle d'un ton des plus ironique.

Ce fut comme une gifle de sa part
Alors que je m'apprêtai à répondre, elle s'était déjà levée et avait tourné les talons.
J'avais les larmes aux yeux. Les larmes aux yeux de m'être fait laminé par Louise sans avoir pu réagir. Je bouillonnais, j'avais besoin d'air frais.
Quelques minutes plus tard, je sortais à mon tour du bureau.
En route, je décidais de m'arrêter le long du fleuve qui traversé la ville, dans un parc. Ce parc ou j'avais rencontré Lucie la première fois.
C'était il y a 6 ans. Je venais de chuter sur un chemin alors que je courrai durant mon jogging matinal. La personne derrière moi se mit à rire, ce qui m'énerva au plus au point. Mon premier regard vers Lucie fut un regard des plus noirs. Elle sourit, m'aida à me relever, me posa sur un banc. Ma cheville était endolorie et elle essaya de voir si quelque chose était cassé m'expliquant qu'elle était interne aux urgences. Il n'y avait rien, mais elle me conseilla de venir la voir à l'hôpital si j'avais toujours mal, dans quelques jours. Elle me sourit à nouveau avant de partir. Ses yeux, se sourire. J'avais été instantanément sous le charme.
Je retournai à l'hôpital. Je n'avais plus mal, je voulais juste la voir, elle. Ce fut le début de notre relation de 5 ans.

Mon corps et plus particulièrement mon coeur se réchauffèrent à cette évocation, ce souvenir, malgré le vent frais qui soufflait dans mon cou.
A cet instant précis, je ne pensai plus aux mots blessants de Louise, ses yeux froids. Cette relation ne menait à rien, elle ne faisait que me retourner le cerveau. C'était une passion passagère, sexuelle comme l'avait très bien dit Louise. Du vent.

Je voulais être dans ses bras, à elle. Lucie.
J'avais pris ma décision.

Madame la Maire Where stories live. Discover now