Chapitre 48

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Les acclamations traversèrent l'immense salle de l'Hôtel de Ville. Le ministre de l'Economie venait de finir son discours devant une foule conquise et surchauffée par ce premier jour de Juillet.

" Monsieur LAVILLIERS ! Madame DUGLERY ! " lançaient les journaliste en bas de l'estrade pour les photos.

Je soufflai, cette journée avait été éreintante.

Le ministre de l'Economie avait fait le déplacement pour l'inauguration d'un nouveau pôle industriel de pointe, regroupant de nombreuses entreprises de haute technologie.
C'était un projet que j'avais développé avec mon équipe tout au long de mes deux mandats, et aujourd'hui, c'était un réel accomplissement.
Dans un contexte économique difficile, ce déplacement permettait au Ministre de montrer qu'il existait des zones dynamiques d'emplois et que la lutte contre le chômage continuait. Accessoirement, cela redorait quelque peu son blason... tel était le monde de la politique.
La journée avait était longue, un ministre de cette importance nécessitait une organisation logistique à toute épreuve, et une horde de journalistes à vos trousses toute la journée qui ne vous lâchaient jamais.

En cet fin d'après midi, le Ministre venait donc de finir son discours, où il félicitait le dynamisme de l'équipe municipale, n'oubliant pas de mettre en avant son bilan en matière économique à l'échelon nationale. Surtout, une annonce me ravit : la confirmation de l'agrandissement de l'aéroport.
Ainsi, j'avais remporté la partie, après une abnégation à toutes épreuves: je ne comptais plus les coups de fils lancés au plus haut niveau, les déplacements pour convaincre ...

C'était à mon tour de prendre la parole, pour clôturer cette journée.
Je n'avais pas de note, je détestais ça. Je préparais toujours un discours, que je lisais, et relisais, mais une fois en piste, je voulais être libre, ne pas être accrocher à un bout de papier.
Je me lançai, face à une foule impressionnante. J'adorai cette exercice, je ne ressentais aucune peur, aucune crainte.
J'enchaînai alors les remerciements envers mon équipe, l'Etat, les partenaires économiques, mettant en avant les perspectives d'avenir. Le tout sou-poudré de bons mots qui pouvaient faire rire la salle et le ministre.
Je balayai mon regard sur l'ensemble de la salle, essayant de capter chaque regard, pour que chaque personne ne sente concernée par ce que je pouvais dire.

Soudain, au milieu de cette foule dense, je vis ces yeux verts que je connaissais si bien. C'était elle, Emma.
Je balbutiais, oubliant mes mots, le souffle coupé.

Elle se trouvait là, quelque peu décalé au fond de la salle. La peau mâte dans une robe blanche, elle était splendide.
Je ne l'avais pas revu depuis ce matin d'avril dans ce train. Comme nous nous l'étions dit, nous n'avions pris aucun contact. Le nombre de fois ou j'avais voulu le faire était immense, incalculable.
Elle m'avait tellement manqué, elle, celle qui avait bousculé mon monde si bien organisé.
J'avais tout d'abord essayait de la repousser, de la provoquer, car dès le départ, il y avait eu ce quelque chose, indescriptible, ce courant électrique qui vous parcours le corps. Ce chantier, qui avait été le théâtre des premiers jeux entre nous étaient devenu celui de notre amour, tellement complexe.

Je soufflai et repris le fil de mon discours, pour le finir tant bien que mal, évitant son regard. Les applaudissements retentirent à nouveau, toujours plus fort, au milieu des crépitements des photos. J'attendais que tout cela se calme pour la rejoindre.
Je souriais, un sourire de façade, je ne cherchais qu'elle à présent.
Je la vis, conversant avec Mathilde.
Je me décidai à descendre de l'estrade, voulant transpercer la foule pour aller à sa rencontre.
Tel un automate, je serrais des mains par ici, lançais un sourire par là mais je n'avais qu'un but, Emma.
J'avais beaucoup réfléchit, j'étais prête à franchir le cap avec elle. J'allais signer les papiers du divorce dans quelques jours. Je pensais être prête à assumer, même si cela s'annoncer difficile. Aurait elle l'envie de se lancer la dedans avec moi, après tout ça ?

Elle n'était qu'a quelques mètres de moi à présent, elle tourna le regard,me souriant.
Je lui saisis l'avant bras, voulant juste le contact de sa peau.

" Emma ... "

Je fus alors saisis par un mouvement de foule, le ministre m'ayant suivit dans la salle, tout comme les journalistes.
Je perdis le contact, et le regard d'Emma.

Madame la Maire Where stories live. Discover now