Chapitre 58

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Je fonçais alors à travers la foule, cherchant de l’air que je peinais à trouver. Je sufoquais.
Je pris un verre de vin et me posa proche du concert, tentant de reprendre mes esprits.

Quel petit con, pensais-je alors à propos de Jules.
La situation était déjà compliqué... et il rajoutait largement de l'huile sur le feu.

Et quelle conne je faisais...
Partir comme cela...

Cela ne me ressemblait tellement pas.
Au fond, je n'avais jamais dû faire face à ce genre de situation avec quelqu'un. J'avais toujours assumé mon homosexualité, tout comme mes partenaires.
Je n'étais encore jamais tombée amoureuse d'une femme qui avait passé la moitié de sa vie avec un homme..
Et qui, de plus, avait 2 enfants.
Et qui, pour renforcer la difficulté initiale, était la maire d'une des plus grandes villes de France.
Le jackpot Emma, pensais en mon fond intérieur, un sourire au coin des lèvres.

Je marchais sur des œufs avec Louise, je ne savais jamais si il s'agissait du bon moment pour officialiser, et s’il y aurait vraiment UN bon moment.
J’essayais d’anticiper ses réactions, de ne pas la brusquer.
Tout cela m’épuisait.
Tout cela était si compliqué.
Tout en essayant d'anticiper ses réactions, je freinais les miennes, et je faisais n'importe quoi.

Je restais ainsi plusieurs minutes à penser, cogiter. C’est la sonnerie de mon portable qui me fit soudainement revenir sur terre.
Mathilde.

"Ça va mon chat ? Il est vraiment chiant ce Jules ! Dis moi où tu es que je te retrouve !"

"Je me suis posée un peu, laisse, je vais partir. Je t'appelle demain. Comment cela s'est passé après ?"

La réponse de Mathilde arriva quelques secondes plus tard.

"Écoute, il y a eu une sorte d'effet de surprise, suivi d'une de mes célèbres blagues qui a détendu l'atmosphère  Louise est partie très vite avec Jules ... Ils ont parlé je crois ! Fais attention à toi, on s'appelle demain matin ! Je t'aime fort"

Son message m'accrocha un large sourire aux lèvres.
Alors que je me levais, une autre sonnerie retentit aussitôt sur mon portable.
Louise.

" Rejoins-moi dans le Hall, dans la salle ou nous étions tout à l’heure. "

" Oui Chef " pensai-je en mon fond intérieur, d'ores et déjà énervé par le ton.

C’est dans la pénombre du Hall, ou nous nous étions retrouvé il y a moins d’une heure, que je retrouvais Louise.
Je l’aperçu dans ce petit bureau sombre. Dos à moi, en entendant mon arrivée, elle se retourna immédiatement lorsqu’elle sentit ma présence.

" Pourquoi tu es partie comme cela, les gens ont dû encore plus se poser de questions ! J’avais réussi à rétablir la situation … " me lança t’elle comme un reproche.

" Félicitations à toi… " répondis-je d’un air sarcastique, évitant son regard.
Il n’y avait même pas de colère dans le ton que je venais de prendre, juste de la lassitude. Elle posa sa main sur mon avant bras.

" Emma, ce n’était pas le moment de dire que nous étions ensemble ! J’étais avec mon ami journaliste, Nathan… tes amis à la limite mais ce n’était pas l’endroit idéal pour annoncer quelque chose comme ça ! Ce n’était ni le lieu ni le moment ! "

Madame la Maire Where stories live. Discover now