Chapitre 49

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" Allez Mathilde... s'il te plaît ! "

Elle me fit sa plus belle moue.

" Tu sais que je déteste la politique, et je devrais passer ma fin d'après midi de Juillet à écouter un ministre et Louise Dugléry ? GENIAL ! "

" Et pour ta super amie Emma ? " lui lançai je avec un clin d'oeil complice.

" Qu'est ce que tu es chiante toi, c'est pas croyable ! "

" Je t'attends, demain, 16 heures sur la place ! Tu sais que je t'aime toi! " lui répondis je dans un immense sourire avant de quitter l'étude.

J'étais revenue de mon périple depuis un peu plus de 15 jours, bronzée et remplie de souvenirs. Cela avait été un voyage idyllique.
Mon premier mois s'était déroulé dans un pays incroyable, le Costa Rica, entre mer et montagne, chez mon amie Marie.
J'avais passé mes journées à arpenter le pays à ses côtés, et à me reposer sur des plages paradisiaques. J'étais également beaucoup sortie, Marie étant une très grande fêtarde. De ce fait, je connus très vite tous les noms des cocktails du bar du coin, qui était face à l'océan.
S'ensuivit un road trip dans l'Ouest Américain en sac à dos, à l'aventure entre San Francisco, Los Angeles, San Diego, Las Vegas, la vallée de la mort ... J'allais de découvertes en découvertes, de rencontres en rencontres, dormant chez l'habitant dans cet immense pays.
J'avais énormément pensé à Louise, même si j'avais réussie à me détacher quelque peu émotionnellement, et à profiter pleinement de mon séjour.
J'étais plus en paix avec moi même durant ces deux mois.
Bien sur, j'avais plusieurs fois eu envie de lui envoyer un message, pour lui faire partager ce que je vivais, lui demander de ses nouvelles. Mais j'avais réussi à ne pas le faire, pour me préserver.
J'avais flirté, avec deux filles au Costa Rica, lors de soirées arrosées. Cela n'avait pas été plus qu'un flirt, entre baisers et caresses. Je n'avais pas voulu allé plus loin.

En rentrant, j'étais reposée, apaisée.
Mais dès que je mis les pieds chez moi, une angoisse me saisit. J'avais vécu deux mois hors des réalités, dans une espèce de parenthèse enchantée.
Oui, j'avais pensé à Louise, mais pas à ce que je voulais faire. Je savais qu'en rentrant, je retombais dans un tourbillon incontrôlable.
Cela faisait près d'un an que j'étais à la fois heureuse à ses côtés, mais également nerveuse, sous tension et même profondément malheureuse certaines fois.
Cette inconstance, ce grand huit permanent pouvait il s'arrêter ?
Etre à ses côtés allait me jeter dans un autre monde, et il allait falloir être très forte pour tenir, ensemble. En aurais je la force ?
Et puis, le voulait elle toujours ?
J'étais là, avec mes questions.
J'avais voulu mille fois lui envoyer un message pour la prévenir de mon arrivée, pour la voir. Mais je redoutais de me confronter à la réalité, cela me faisait peur , au fond.
J'avais saisi l'opportunité de ce discours avec le ministre, pour la revoir. Mathilde mit en avant le fait que c'était une attitude un peu lâche. Mais pour moi, c'était comme une première étape, comme un sas de décompression après ces trois mois, et avant de se voir pour tout se dire.

J'étais dans la salle surchauffée de l'hôtel de ville, aux côtés de Mathilde et d'une foule compacte. J'étais nerveuse, guettant l'arrivée Louise, ce qui amusait beaucoup Mathilde, qui ne cessait de me taquiner.
Soudain, le ministre apparut, suivi de près de Louise.
Un courant électrique parcourut mon corps. Elle était splendide, dans un tailleur crème, souriante, avenante, resplendissante.
Je n'écoutai pas le discours du ministre, sa voix résonnant juste dans ma tête, loin, très loin. Je ne l'a lâché pas du regard.
Elle me faisait toujours le même effet, je n'avais eu besoin que de quelques secondes pour m'en rendre compte.

Ce fut à son tour de prendre la parole, comme à son habitude, extrêmement à l'aise, sans notes. Ses yeux parcouraient l'ensemble de la salle, quand soudain, elle capta le mien.
Nous nous regardions à présent, mon cœur se mettant à battre un peu plus fort. Pour la première fois au cour de son discours, je l'a vu bafouiller, chercher ses mots pendant quelques secondes. Je perdis ensuite le contact de ses yeux bleus.
Elle finit son discours quelques minutes plus tard.

" Alors, tu as bien profité du spectacle ? "

C'étais la voix taquine de Mathilde qui me sortit de mes pensées.

" Très drôle ! "

" Si je te demandais un résumé du discours du ministre, tu me dirais quoi ? " me lança elle d'un ton moqueur.

" Quelque chose comme ... je suis le meilleur, merci d'être venu !"

Nous rîmes en cœur toutes les deux. Soudain, son regard fut happer par quelque chose.

" Ah, Emma, je crois que tu vas passer à l'étape 2 assez rapidement ! "

" Quoi ? "

" Regarde, Louise arrive vers nous je crois ! "

Je me retournai, en effet, elle fondait sur nous, au milieu de la foule, suivit du ministre et d'une horde de journaliste.
Elle n'était qu'a quelques mètres de moi. Je lui souris.
Elle saisit mon bras. Le contact de sa main sur ma peau me réchauffa le corps entier. Ses yeux bleus me transperçaient.

" Emma ... " me lança t'elle.

Elle fut ensuite prise par un mouvement de foule, enlevé de moi subitement. Je perdis son contact, son regard.

Je soufflai, essayant de reprendre mes esprits.
La scène qui venait de se déroulait résumée très bien notre situation. Il y aurait toujours des éléments extérieurs qui nous sépareraient.

Madame la Maire Where stories live. Discover now