Chapitre 15

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  - Depuis combien de temps maintenant ? S'informa Savana en questionnant le secrétaire de son psychiatre.

- Une bonne trentaine de minutes mademoiselle.

Avec un soupir bruyant elle se réinstalla sur le siège de la salle d'attente en grattant ses paumes nerveusement. En se levant ce matin dans cette chambre magnifique, Savana ne s'était pas préparée à ce qu'il change sa destination en la ramenant chez elle. Pire encore ! À son arrivée au cabinet ce fut un choc de voir son frère assis à l'endroit où elle était, attendant visiblement le cheikh ainsi que le Dr West. Voilà maintenant trente minutes qu'ils étaient tout les trois enfermés dans la salle de son psychiatre. À parler d'elle. Que pouvaient-ils bien se raconter ? Inévitablement Savana était le centre de cette conversation. Le cheikh avait peut-être ressenti le besoin de les informer sur ses progrès ? Songea-t-elle en faisant claquer l'élastique qui entourait son poignet contre sa peau. La porte insonorisée ne l'aidait guère à comprendre le but de cet entretien totalement improvisé. Mais Savana devait reconnaître au moins une chose...cette nuit avait été la plus fantastique depuis des années. Rien n'avait perturbé son sommeil, si bien que c'est le cheikh en personne qui avait du la réveiller à une heure très tardive. Comme une caresse, ses doigts s'étaient glissés contre sa joue si délicatement qu'elle n'avait ni sursauté ni hurlé. Et quand elle avait enfin ouvert les yeux son souffle s'était coupé. Vêtu d'un costard soulignant son imposante carrure Savana s'était vu hoqueter sans pouvoir échapper au premier rougissement du matin. Encore bouleversée, elle porta ses doigts sur ses lèvres entrouvertes ayant la sensation qu'en elle une mystérieuse sensation prenait possession de ses peurs, ses angoisses, pour ne laisser place qu'au magnétisme qu'exerçait Arik sur elle. Les joues en feu, elle passa un regard dans la salle d'attente où deux personnes attendaient leur tour.

- Qu'est-ce qui vous fait croire que vous pouvez lui venir en aide, contrat Zakhar en se levant d'un bond ; Non, Savana est trop jeune est...

- Nous ne sommes pas en train de parler d'une quelconque relation ou un idylle monsieur Slovovitsh, coupa Arik ayant grande peine à maîtriser son sang-froid ; Et sans vouloir vous offensé votre fiancée à un ou deux ans de plus que votre sœur et vous un an de moins que moi, fit-il remarquer.

Le frère de la jeune femme serra les mâchoires. Arik comprenait cet instinct protecteur qu'il avait pour sa sœur. Dès qu'il l'avait vu entrer dans la salle d'attente, il lui avait embrassé la joue puis le front en le fusillant du regard.

- Monsieur Dahazar enfin...votre altesse, rectifia le Dr West en ôtant ses lunettes ; Avez-vous conscience de ce que vous vous proposer de faire pour une parfaite inconnue ?

Oh non pas ça....grogna intérieurement Arik sans jamais monter son agacement. Ce ton doux et calme... il le connaissait que trop bien. Lui aussi avait eu affaire à un psychiatre après la guerre qu'il avait menée et ce dernier avait fini sa course au urgence. Cette intonation que prenaient ces médecins le rendait fou.

- Savana n'est pas une parfaite inconnue à mes yeux, contrat-il fermement.

- Avez-vous la moindre idée de ce qu'elle a vécu ?

- Quelques brides qui me suffisent, répondit-il sur l'instant.

Le regard du Dr West devint subitement méfiant.

- Savana a énormément souffert, reprit-il en remettant ses lunettes ; Sa santé mentale est fragile, sa santé physique loin d'être guérie.

- J'en ai tout à fait conscience.

- Quand elle est arrivée ici pour la première fois elle se tenait juste ici, enchaîna le médecin en pointant un recoin sombre de la pièce ; Il m'a fallu des mois pour qu'elle vienne jusqu'à moi sans craindre que je la batte.

Arik déposa un furtif regard dans cette direction.

- Et la première fois que je l'ai rencontré elle brandissait un tisonnier, rétorqua Arik d'une voix sombre ; Cela ne m'a pas empêché de la rassurer et de gagner sa confiance.

- Elle est restée des mois dans le coma, intervint son frère les traits tendus, elle a était battue pendant des mois et des mois, il l'a jetée par la fenêtre....

- Je le sais ! S'emporta Arik en se levant d'un bond, mâchoires serrées ; N'espérez pas me décourager avec ce genre d'argument monsieur Slovovitsh ; Je sais que vous essayez de protéger votre sœur mais je ne suis pas une menace.

Zakhar Slovovitsh le toisa tristement lèvres serrées puis ajouta ;

- Elle a fait une fausse couche, murmura-t-il en plissant son regard.

Arik cilla.

Il détourna la tête sans pouvoir contenir l'accès de rage qui s'affichait sur ses traits et serra les mâchoires en plantant son regard dans le sien.

Cette information aurait pu le faire abandonner. Savana avait subi beaucoup trop de choses pour le restant de sa vie. Perdre un enfant n'était pas sans conséquence, Arik en avait bien conscience mais devait-il s'avouer vaincu pour autant ?

- Ce que j'apprend me fend le cœur, déclara Arik d'une voix ferme, mains dans les poches, prêt à mener ce combat avec détermination ; Mais vous pensez sincèrement que la laisser seule au milieu de nulle part est bénéfique pour elle ?

Comme le psychiatre s'apprêtait à lui répondre Arik s'imposa ; Elle est terrifiée et seule, c'est une certaine Betty qui lui ouvre ses volets, elle dort avec la lumière allumée. Hier encore je l'ai trouvée perchée sur sa table de salon sur le point de tomber et pire encore ! S'énerva Arik en perdant son sang-froid ; Elle se sent si seule qu'elle avait un faon blessé dans sa cuisine que j'ai moi-même soigné.

- Un faon ! Répéta le Dr West en se redressant sur son fauteuil.

Le frère de la jeune femme lui lança un regard incrédule.

- Un faon oui, affirma-t-il d'une voix plus amène ; De plus, elle rencontre des difficultés avec le cottage, il y a une fuite au toit et le froid passe, ses escaliers sont jalonnées de bassines.

Zakhar s'avança vers lui le visage blême.

- Pourquoi elle ne m'en a pas parlé ?

- Parce qu'elle essaye de vous prouver qu'elle peut y arrivé or ce n'est pas le cas, conclut-il en le fixant droit dans les yeux.

Un silence lourd perça la pièce. Arik arrivait au bout de son combat et lança sa proposition de but en blanc.

- Donnez-moi un mois, lâcha-t-il en levant le menton ; Passé ce délai si je n'ai rien obtenu d'elle alors je la ramènerais ici ; Et si elle souhaite rentrer avant je ne la retiendrais pas.

Il marqua une pause tandis que son frère s'était laissé tomber sur le fauteuil en se frottant le menton.

- Un peu de soleil ne lui fera pas de mal, je veillerais à sa sécurité, je ne faillis jamais à mes promesses.

- Avant de prendre une décision nous ferions mieux de poser la question à Savana, suggéra le psychiatre en se levant ; Après tout c'est elle qui est concernée.

- Si elle s'y oppose alors je m'inclinerais, dit Arik en espérant qu'elle accepte.

- Je ne comprend pas, lâcha Zakhar en se levant pour lui faire face ; Vous êtes plutôt terrifiant dans votre genre, vous êtes l'inverse de cet enflure et pourtant...

Zakhar ne termina pas la fin de sa phrase.

- Je comprends votre inquiétude, concéda Arik en détournant sa remarque par une réponse concise ; Mais au-delà de cette apparence de monstre, je suis un homme respectueux monsieur Slovovitsh, vous devriez poser la question à votre ami monsieur Poloskhïa, il me connait.

- Allons messieurs, intervint le Dr West ; Je dois m'entretenir avec Savana à présent.

Arik se détourna et prit le chemin de la sortie saisit d'un violent tremblement lorsqu'elle lui apparut. Elle se leva aussitôt, le regard rivé sur eux.

- Savana, tu veux bien venir s'il te plaît ?

Dans les bras du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant