Chapitre 47

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En sursaut, Savana se redressa sur le lit le front en sueur, cherchant désespérément la présence de son compagnon. La respiration affolée, elle porta ses mains sur son visage.

- C'est rien qu'un cauchemar, se dit-elle en portant ses mains sur son cou.

Elle but une gorgée de son verre d'eau et quitta le lit pour se diriger vers la bibliothèque. Depuis une semaine, elle avait senti un brusque éloignement de la part d'Arik. Cela lui faisait tellement de mal qu'elle décida qu'il fallait qu'elle lui parle et vite. Savana craignait que son escapade dans la partie sainte de la ville ait créé de vives tensions. Peut-être avait-elle fait mauvaise impression ? Accablée et assaillie par de multiples questions qui restaient sans réponses, Savana emprunta le passage secret qui donnait sur ses bureaux et le vit assis, tête entre les mains. Une émotion indicible l'enveloppa entièrement. Seulement elle tremblait toujours et dû lier ses mains que cela cesse. Un petit sanglot lui monta à la gorge attirant son attention. Dans les faibles éclairages il avait l'air aussi tendu que quand il l'avait laissé dans la soirée.

- Habibti ? S'inquiète Arik en découvrant qu'elle était en sueur.

Il se leva précipitamment pour la rejoindre et étudia son visage.

- J'ai fait un cauchemar, murmura-t-elle en essayant de lui retirer ses mains de son visage ; Mais je ne suis pas venue ici pour ça.

Elle s'écarta, s'éloignant vers son bureau, bras croisés, magnifique avec sa tresse ébouriffé et sa nuisette longue.

- Qu'est-ce qui se passe Arik ? Demanda-t-elle de but en blanc ; Tu...tu ne veux plus de moi ?

Horrifié, il écarquilla les yeux et se fondit sur elle pour lui agripper les épaules.

- Non, bien au contraire, murmura-t-il d'une voix vibrante.

Savana peinait à le comprendre et à lire dans son regard parfois si énigmatique. Elle frémit et lui fit comprendre d'un simple regard qu'elle le suppliait de l'aider à comprendre.

- C'est ce qu'il s'est passé en ville ? C'est ça ?

- Non ! S'empressa-t-il de dire avec force.

- Alors que ce passe-t-il ? Demanda-t-elle dans un souffle tremblant.

Il la relâcha doucement et elle sentit ses talons se reposer sur le sol. Arik se retourna en se passant une main sur son visage. À présent, il se battait entre le monstre qu'avait créé cette guerre et l'homme qu'il l'aimait.

Il était peut-être temps pour lui d'affronter la jeune femme et lui dire toute la vérité.

- Je t'ai menti, lâcha-t-il en se retournant lentement.

Elle cilla, sans bouger. De là où il se tenait, il pouvait distinguer ses tremblements répétés. Elle déglutit péniblement le regard soudain posé dans le vague sans bouger.

- J'étais sûre que tout ceci était trop beau pour être vrai....

L'air se raréfia. Arik manquait d'oxygène mais décida de continuer. Refusant catégoriquement qu'elle pense l'inverse de ce qu'il s'apprêtait à lui annoncer.

- Officiellement, commença-t-il sans s'avancer ; Au regard de la loi et du pays, tu es ma fiancée.

Une bouffée de chaleur envahie les joues de Savana. Elle cilla, battant énergiquement des paupières. Partagée entre la joie et la panique.

- Mais...je n'ai pas le souvenir d'une semaine je....

- Tu la portes autour du poignée, coupa-t-il d'une voix presque éteinte.

Savana posa instinctivement sa main sur le ruban en or qu'elle portait depuis des semaines. Depuis le jour où elle avait donné son cœur à cet homme sans même s'en rendre compte.

- Je ne comprend pas Arik.

Une lueur indéchiffrable brilla dans les yeux du cheikh.

- Ce ruban fait partie de ma famille depuis quatre génération, expliqua-t-il en s'approchant enfin d'elle ; Aucune femme ne l'a encore porté. Il signifie que...tu es ma fiancée et ça depuis le jour où je te l'ai offert.

Abasourdie, Savana regardait le ruban le cœur battant à tout rompre. Ses jambes ne la tenaient plus.

- Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Demanda-t-elle d'une voix voilée par une succession d'émotions.

- Oh bon sang Savana ! S'exclama-t-il en roulant des yeux ; Tu venais de te faire du mal ! Et tu tenais à peine debout, me voyais-tu sincèrement te dire " Désormais tu es ma fiancée "

Oui...ça tombait sous le sens.

Il se mit à tourner comme un lion en cage.

- D'ailleurs, je me suis posé des questions sur ma santé mentale à ce moment-là.

Muette, Savana le regardait marcher avec vivacité et anxiété.

Fiancée ?

Son ventre palpita. Son cœur allait bondir de sa poitrine. Le lion arpentait son bureau la mine renfrognée. Bientôt il allait faire écrouler le sol s'il continuait à le marteler de la sorte, songea-t-elle en se laissant tomber sur le fauteuil.

- Je suis sincèrement désolé, déclara l'homme en s'arrêtant ; Je n'aurais pas dû. C'est égoïste...je t'avais dit que les hommes Dahazar agissaient avec empressement ! Railla-t-il avec froideur.

- Arik...

- Non, ne dis rien de plus, coupa-t-il avançant pour agripper les accoudoirs du fauteuil.

Savana ne s'était jamais sentie aussi proche de l'évanouissement. Prisonnière, elle le regarda se pencher pour être à quelques centimètres de son visage. Cette expression....jamais elle ne l'avait encore vu.

- Je vais rectifier ça ne t'en fait pas, dit-il d'une voix grave ; Je trouverais une explication sur la raison qui m'a poussé à te le donner et...

- Mais non ! S'entendit-elle dire avec force.

Il se figea juste au-dessus de son visage.

- Quoi ?

La respiration saccadée, Savana soutint son regard.

- Pourquoi tu me l'as donné ? Est-ce qu'un roi comme toi peut-il ressentir l'amour ? Que ressens-tu pour moi Arik ?

Elle le vit déglutir.

Enfoncée dans le fauteuil, elle persistait à tenir bon devant son regard impassible...du moins en apparence. Car derrière cette carapace...

- Je veux que tu deviennes ma femme parce que ce que j'éprouve pour toi va au-delà de tout entendement, déclara-t-il d'une voix rauque percée par l'émotion.

Elle se pinça les lèvres pour contenir ses larmes. Il était sincère...si...mon dieu ! Perdant toute sa fierté de souverain, Arik se mit à genoux près du fauteuil. Les yeux de Savana s'agrandirent.

- Et cet amour démesuré n'a rien avoir avec cette envie de t'aider à retrouver goût à la vie...puisque c'est toi qui me l'a donné.

Les yeux voilés par des larmes de bonheur, Savana sentit son corps trembler.

- La vision que tu as du mariage est absolument horrible...j'en suis conscient, reprit-il avec force ; mais je suis incapable de te laisser partir, ni demain ni jamais.

La détermination dans sa voix lui envoya une décharge électrique si puissante qu'elle hoqueta en étouffant un sanglot.

Arik n'avait jamais eu aussi peur qu'à cet instant. Il ne savait pas comment interpréter les larmes de Savana. Ce fut les plus longues secondes de toute sa vie. Il prit sa main et la pressa dans la sienne tout en glissant son pouce sur le ruban. Son sang bouillait dans ses veines. Il avait l'impression de mourir chaque seconde un peu plus. Le risque qu'il venait de prendre ne serait pas sans conséquences, songea-t-il en grimaçant lorsqu'elle releva les yeux enfin vers lui.

Il retint son souffle. Puis elle déclara avec un petit rire, main devant la bouche;

- Mon frère va probablement te tuer...

Dans les bras du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant