Chapitre 66

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Quelques heures plus tard, Savana se redressa lentement, contemplant à travers le hublot la piste d'atterrissage. Enfin elle se sentait en paix et de retour à la maison. Son souffle chaud envoyait des vapeurs sur la vitre alors qu'elle regardait les flancs des montages se dresser fièrement devant elle. Ce soleil si rougeoyant, de cette chaleur qui se diffusait déjà contre ses paumes de mains. Azima lui manquait tant. Zafir et tant d'autres. Une larme roula sur sa joue, regrettant qu'il n'y ait pas son frère pour que son bonheur soit complet. Pour apaiser cette tristesse, elle se répétait souvent qu'il avait sa vie à Seattle avec Louane et leur futur bébé. Et le Dr West....comme il lui manquait.... Ce dernier n'avait pas pu venir à cette dernière audience et assister au verdict mais il lui avait témoigné tellement de soutiens. Après mûres réflexions elle avait décidé de continuer les séances par téléphone. Entendre sa voix si douce et lente parviendrait toujours à lui faire prendre conscience qu'elle était guérie. En partie grâce à cet homme, juste ici, piquant un somme contre son siège, complètement épuisé. Elle gloussa et s'amusa à tracer ses cicatrices pour le réveiller sous l'œil amusé d'Hamid. Sa main encercla son poignet si vivement qu'elle hoqueta.

- Je vous ai entendu madame, chuchota-t-il en soulevant l'une de ses paupières.

Elle se pinça les lèvres et continua de tracer ses balafres avant d'en embrasser une amoureusement.

- Nous sommes arrivés, annonça-t-elle en retirant la ceinture qui lui comprimait le ventre.

- Doucement chérie, prévint-il en mettant son bras devant elle comme pour remplacer la ceinture qu'elle avait retirée un peu trop tôt.

L'avion se posa délicatement.

- J'ai hâte de retrouver Azima et notre...

Savana s'interrompit les joues rouges de confusions. Arik leva un sourcil interrogateur et se pencha à son oreille.

- Lit ? Supposa-t-il d'une voix rauque.

Les joues en feu elle refuse d'acquiescer ce qu'elle avait elle-même supposer tout haut. Toutes ses émotions se mêlaient. Elle ne voulait pas seulement retrouver le palais, elle voulait quitter cet avion au plus vite. Elle voulait se défaire totalement de ces trois jours éprouvants. Et cet avion lui donnait la sensation qu'à tout moment elle serait amenée à repartir. Précipitamment elle se leva en surprenant Arik qui se leva aussi vite qu'elle. Son visage s'était brutalement fermé, comme s'il avait pu lire ses peurs les plus profondes. Il la souleva dans ses bras comme le tout premier jour où elle avait posé son premier regard sur ce désert aride.

- Nous allons devoir traverser la capital sous une foule de monde, prévint-il lorsqu'ils furent dans la voiture.

Elle se tourna vers lui, le cœur battant puis hocha de la tête pour toute réponse.

- Il sont là pour t'accueillir en tant que souveraine de Dahazar.

Savana blêmit légèrement.

- Sont-ils au courant pour nos faux jumeaux ?

Arik inclina sa tête en portant ses doigts à son ventre pour le caresser.

- Ils sont au courant de tout, dit-il finalement sans s'étendre sur le sujet.

Savana se mordilla la lèvre, appréhendant l'accueil qu'ils allaient lui réserver. La voiture entra dans la ville après avoir quitté l'autoroute. Son cœur se gonfla alors d'une émotion intense. Une foule gigantesque les attendait bel et bien. Massés sur les trottoirs, les habitants scandaient le prénom de leur roi et cherchaient désespérément de l'apercevoir derrière les vitres teintées. Saisi de quiétude, Arik étudia le regard de sa femme perdu dans la contemplation de cette foule venue spécialement pour elle. Elle paraissait sereine, parfois douteuse quand quelques regards la cherchaient. Savana n'avait nul besoin de remplir le devoir d'une reine. Elle avait prouvé qu'elle en était déjà une. Et elle s'apprêtait à le prouver encore. Profitant que la voiture soit à l'arrêt, elle ouvrit la portière sous son regard alarmé. Dès l'instant où sa chaussure plate entra en collision avec le sol, la foule retint son souffle, silencieuse. Lorsqu'elle émergea de la voiture plus aucun bruit s'élevait dans cette masse géante. Ignorant encore les raisons qui l'avaient poussée à quitter la voiture Arik sortit à son tour, observant sa magnifique épouse traverser la route pour venir à la rencontre de deux petites filles qui portaient un panier recouvert d'un film noué d'un ruban rouge. Déjà, les citoyens fiers de Dahazar n'avaient d'yeux que pour elle.

Dans les bras du cheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant