29.

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London.

London

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***

- Regarder son père, lui mentir droit dans les yeux et tout ça dans sa propre église ? Fait !, je m'exclame faussement en enlevant mon manteau dans l'entrée avant de lâcher un soupir en m'affalant dans le canapé.
- Qu'est ce qu'il a dit cette fois ?, demande doucement Brook assise à mes côtés les jambes repliées, un plaid sur le dos et une tasse de son thé à l'orange de l'enfer entre les mains. Je grimace à la vue de cette horreur mais me promets de ne pas lui faire la remarque.
- La routine, je dis dans un souffle en retirant ces talons de mes pieds, avant de les laisser sauvagement retomber sur le parquet, pour me fourrer moi aussi sous la couverture.

En vue de sa position, j'aurais juré qu'elle était en train de regarder la télévision, mais une fois assise et confortablement installée, je me rend compte que l'écran plat n'est pas allumé. Je nous trouve bien silencieuses, pour ma part je suis crevée d'avoir eu à me coucher si tard hier soir pour me lever si tôt ce matin. Je ferme les yeux après avoir ajusté le coussin à ma droite, là toute suite, je dirais pas non contre une sieste de soixante-douze heures.

- Tu regardais pas la télé ?, je demande sans pour autant ouvrir les yeux.
- Non, elle répond simplement et j'acquiesse.
- T'as foutu quoi de la matinée sinon, à part boire la mort ?, je me moque, ne tenant ainsi pas la promesse que je m'étais faite plus tôt, parce qu'il faut avouer que c'était trop tentant.
- Rien.
- Euh, je commence intriguée, c'est moi ou t'es giga relou là ? Il t'arrive quoi.
- Rien.
- D'acc, tu m'excusera mais j'vais pas pousser hein, j'ai grave la flemme. Mais quoi que t'aies, bois une bonne tasse de ton thé dégueu et dis toi que c'est rien d'autre que les hormones qui te travaillent, je termine.
- Grâce m'a... soulée, elle lâche.
- Ah, rien que ça ? Une histoire de fringues encore ?, je demande. Elle t'as prit un truc qu'elle t'as pas rendu ?
- Un truc du genre, ouais... elle répond simplement.
- Détend-toi, je souffle, ça te ferait pas tant chier si t'étais pas enceinte, je dis en lui caressant la cuisse par dessus la couverture.

Quelques minutes s'écoulent et mes yeux clos commencent à inciter mes paupières à devenir un peu plus lourdes à chaque seconde.

- Tu l'aime bien, hein ?, j'entend, et les réouvre subitement.
- Qui ça ?, je demande peu sereine.
- Ton connard, elle me répond et j'hésite entre jouer la conne ou tout lui déballer, après tout, c'est ma soeur.
- Tu nous a vu hier quand t'es rentrée, c'est ça ?, je lui demande.
- Vous étiez cramés à mille kilomètres, elle répond. Et puis, tu dors avec un pull Supreme qui fait trois fois ta taille cocotte, j'suis enceinte, pas complètement débile, elle déclare calmement. Il a déjà dormi ici ?
- Non, je réponds, jamais. J'lui ai juste volé.
- Ah, et tu lui a volé son pantalon aussi ? Parce qu'il est délicatement plié dans ton armoire depuis une semaine mais j'ferme ma gueule, elle poursuit et je ne peux m'empêcher de rire.
- Longue histoire Brook, je te raconterai un de ces quatre, j'esquive, mais il a jamais dodo ici, sois sans crainte, je la rassure.

Un silence s'installe, je fixe un coin du salon, le regard vide et j'ai comme l'impression qu'elle s'adonne à la même activité que moi.

- Je t'aime Donny, je l'entend dire et je me redresse pour lui faire face avant qu'un rire ne m'échappe.
- Qu'est c'que t'as ?, je demande amusée et intriguée.
- C'que j'ai ?, elle répète et un sourire se dessine au coin de ses lèvres. J'ai que toi, elle dit finalement et cette phrase provoque la tombée d'une larme sur sa joue.
- Eh !, je mexclame doucement, Brookie, il t'arrive quoi là ?, je m'approche d'elle.

C'est toujours marrant de voir des meufs en cloque pleurer pour un oui ou pour un non, quelque part ça a un côté mignon. Eh bien, enceinte ou pas, moi j'ai jamais supporté de voir ma soeur pleurer. Elle est comparable à Lincoln Burrows, voire même à un mur de glace, pour une vision plus nette de la chose. Autrement dit, elle ne pleure jamais. Brook a toujours été une tête brûlée, alors les rares fois où elle a dénié lâcher des larmes, c'est que the struggle was hella real. De ce fait, je suis loin de trouver ça marrant ou drôle, parce qu'à l'instant T, je suis la seule personne à endosser sa grossesse avec elle, alors vous imaginez bien que les larmes qu'elle verse ne sont pas dues à de quelconque caprice à la con, mais bel et à de la tristesse. Elle se sent seule, et ce sentiment est décuplé compte tenu de ces fichues hormones. La voir dans cet état me tue litteralement, et si j'en avais le pouvoir, je ferais en sorte que sa douleur soit mienne, pour ne plus qu'elle souffre. Mais en attendant, je ne peux que la prendre dans mes bras, feindre de trouver ça mignon devant elle, pour m'obliger à ne pas me mettre à pleurer moi aussi, mais surtout lui promettre que ça passera, qu'on s'en sortira.

- J'ai découvert qu'elle couche... avec Miguel, elle dit avant que d'autres larmes ne coulent.
- Quoi ?, je la regarde, en espérant avoir mal entendu.
- Le pire c'est que j'en ai rien à branler de ce fils de pute !, elle dit entre le rire et les pleurs. Mais Grâce ?, sa voix se brise. Je comprends pas... Putain, j'ai l'impression que le monde s'abat sur moi ! C'était comme ma soeur, elle pleure. Il y avait que toi et elle dans ma vie minable jusqu'ici. Qu'est ce que j'ai fais pour mériter ça bordel ! J'lui ai tout donné, tout !, elle peine à parler. Alors c'est ça que j'mérite ? J'veux pas faire ma victime, j'aurais pu fermer ma gueule et encaisser, Donny, j'te jure. Mais j'vois bien que ce mec commence à prendre une place importante dans ta vie. Me laisse pas tomber, je t'en supplie. Il m'reste que toi, elle termine à bout de souffle et je jure avoir entendu mon coeur se briser.

Grâce était la meilleure amie de ma sœur, et depuis toujours elles avaient tout partagé. Absolument tout. Des chaussures aux soutifs, du vernis aux culottes c'était open bar et sans limite. Faut croire que Grâce avait le sens du partage, parce qu'avec elle rien n'était épargné, absolument rien, pas même Miguel.

Je doute fort qu'elle ait conscience de ce qu'elle a provoqué en moi en faisant ce coup là à ma soeur. Si son nom c'est Grâce, le mien sera Garce. No fucking lie.

Et dire que je revenais de l'église... Tant pis.

***

Crie mon nomWhere stories live. Discover now