Till Dawn // VF [H.S] (Terminée)

Épilogue

Quatre ans plus tard

La crispation de la mâchoire de Clara et la vitesse soutenue à laquelle elle fouettait le bol de blanc d'œuf était un signe certain de son irritation. Ses lèvres étaient pincées et sa peau douce pliée alors qu'elle imaginait le moelleux blanc d'œuf comme son beau visage, et laissa le fouet les battre agressivement. Elle était la patronne, et Clara n'approuvait pas que quelqu'un le menace, en particulier quand son taux d'œstrogène faisait rage à des sommets sans précédent. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne la trouve ici, alors ses pensées fusaient aussi vite que le fouet dans sa poignée pour en arriver avec une bouche pleine d'insulte à lui balancer. Elle jeta un coup d'œil à l'anneau autour de son doigt, scintillant sous la lumière de la cuisine, et le souvenir de l'instant où il venait d'être mis  atténua presque sa colère. Presque.

« Clara ?! »

Et le voilà. Clara retira ses yeux de l'instrument en métal. Elle souffla et se retourna, la poignée du fouet toujours fermement dans sa poigne alors qu'elle relevait ses sourcils de façon provocante. Harry la dévisagea avec de grands yeux, manifestement surprise de la voir. Toutefois, la surprise s'estompa rapidement et son visage prit un air renfrogné.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » Il clama, sa voix atteignant dangereusement une octave faible. Il se rapprocha de Clara et ses yeux voyagèrent le long de son corps, comme s'il cherchait le moindre dommage.

« C'est mon restaurant, » elle siffla à travers ses dents serrées, pointant brutalement le fouet vers lui. « J'ai tous les droits d'être ici. »

« Notre restaurant, » Harry la corrigea dans sa barbe. Le regard émeraude revint sur son visage menaçant et elle vit la colère tourbillonner parmi les teintes brillantes de vert, ainsi que de l'inquiétude. Harry enfonça une main dans ses cheveux courts (Clara l'avait récemment forcé à les couper lorsque ses grands-parents leur avaient rendu visite), et relâcha sa frustration grandissant sous la forme d'un souffle pondéré. Sa langue glissa avec appréhension sur ses lèvres avant de s'approcher d'elle, déposant ses mains sur ses épaules tendues. Il pouvait pratiquement sentir la vapeur sortir de ses pores alors qu'elle le dévisageait. Elle ne semblait pas le moins du monde être intimidée.

« Je croyais avoir été clair hier soir, » il lui murmura, tentant de garder son intonation douce. Récemment, elle ne réagissait pas bien lorsqu'il levait la voix.

« Tu l'as été, » Clara se dégagea de sa main, se tourna, et continua de battre les œufs. « Tu as été très clair, Harry. Cela ne signifie pas que je vais écouter tes conneries, cependant. »

« Ce n'est pas des conneries ! » Il prit une profonde inspiration, les narines se dilatant, avant d'effleurer sa main contre la sienne pour adoucir son approche. « Bébé, je veux seulement cela parce que je tiens à toi, » Harry murmura.

Les yeux de Clara se levèrent de mépris. « Tu essayes de me contrôler, Harry, et je n'aime pas ça du tout. »

« Te contrôler ? Tu n'es pas sérieuse, » il n'en croyait pas ses yeux. « C'est l'unique chose que je t'ai demandé de faire, mais tu ne m'écoutes pas. »

« Parce que la seule personne que j'écoute est moi, » elle répliqua, l'agacement mêlé à sa douce voix. Harry était sûr qu'elle agissait de la sorte parce qu'elle cherchait une dispute, une façon de déployer la douleur de sa colonne vertébrale et de son ventre et partout ailleurs où elle se plaignait depuis ces derniers mois. « Je veux cuisiner, donc me voilà. Rien de ce que tu diras, m'arrêtera. »

« Bien, putain. » Harry abandonna dans un soupir de défaite alors qu'il refoula son irritation avant de se diriger dans la direction opposée du comptoir pour préparer les commandes de steak au poivre. Il pouvait aisément demander à l'un des autres chefs de le faire, et Clara le savait alors qu'elle vacillait son regard brièvement vers lui, mais Harry voulait garder un œil sur elle. Cela ne fit que frustrer davantage la petite brunette ; pourquoi la traitait-elle comme une satanée gamine ? Son vingt-quatrième anniversaire venait tout juste de passer. Elle était une femme et elle pouvait faire ce qui lui plaisait sans avoir son mari qui la surveillait comme un père embarrassant et autoritaire.