chapitre I

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Grey avait l'impression de suffoquer, ce boucan lui donnait de puissants maux de tête. L'alcool coulait à flots et la musique assourdissante se mariait parfaitement aux cris stridents de certains étudiants. Toute cette sueur, toute cette chaleur ne lui donnait qu'une seule envie ; sortir d'ici au plus vite.

Il était assis dans un coin de la pièce, seul. Il balaya la salle du regard. Les étudiants se déhanchaient sur la piste, relâchant la pression des études. Certains étaient même prêts à briser leur espace personnel pour se frotter sans retenue contre une quelconque source de chaleur. Parmi eux se trouvait la seule et unique cause de son supplice. Celle ci ne semblait lui porter aucune intention et se mouvait parfaitement au rythme de la musique.

Le Fullbuster ne pu s'empêcher de lâcher un soupir d'agacement. N'y tenant plus, il se releva et franchit la porte, bien décidé à quitter ce lieu de torture. Mais ce n'est que lorsqu'il comptait monter sur sa moto qu'il entendit une voix l'interpeller à la hâte.

- Grey !

Il se retourna et regarda méchamment, sa cousine venir vers lui essoufflée.

- Tiens. J'existe maintenant ? Railla t-il sans aucune once de plaisanterie dans la voix

- Es ce que tu sais ce que veux dire le terme "décompresser" ? Taquina la blanche en souriant

- J'ai des partiels Mira.

- Tu as déjà tout révisé idiot ! T'amuser un peu ne te fera pas de mal.

Il jeta un furtif coup d'œil à la maison qu'il avait quitté quelques secondes auparavant. Il avait la désagréable impression que la musique résonnait encore plus fort à l'extérieur. Vu le quartier plutôt aisé dans lequel elle se trouvait, les plaintes pour tapages nocturnes devaient fuser en abondance...

Mais sa décision fut définitive quand il aperçu un jeune étudiant sortir précipitamment pour vomir sur le gazon.

- Je rentre. Déclara t-il ferme, ne cachant même pas son dégoût

Son choix arracha un soupir à la blanche. Sans crier gare, elle prit place derrière lui sur le véhicule.

- Rentrons dans ce cas.

La légère déception que reflétaient ses paroles laissa le brun de marbre, qui démarra sans plus tarder. La blanche resserra un peu plus la prise sur sa taille et reposa sa tête dans son dos. Elle ria légèrement en entendant un discret grognement de la part de son cousin.

Ça avait toujours été ainsi entre eux. Après la mort des deux parents de jeune femme, c'était Grey qui avait prit la responsabilité de ses larmes. Même s'il ne cessait de montrer un agacement permanent à son égard, elle savait au fond de son cœur qu'il ne la détestait pas. Du moins, beaucoup moins que ce qu'il laissait paraître.

Quelques dizaines de rues plus tard, ils étaient arrivés au pied d'un modeste immeuble. Le brun gara sa moto dans le parking et suivit la blanche à l'intérieur. Ils prirent les escaliers et montèrent jusqu'à leur appartement. Ils n'eurent même pas le temps de pousser la poignée, que la porte s'ouvrit sur une femme d'une trentaine d'années qui toisait les deux jeunes individus d'un air sévère. Ses courts cheveux en pagaille et les cernes naissantes en dessous de ses yeux montraient un cruel manque de sommeil.

- Il est 4h. Énonça la jeune femme menaçante

- Au moins je suis certain que ma montre est à l'heure. répondit Grey désinvolte

- Je suis désolée tata. Je...je n'ai pas vu l'heure passée. S'excusa Mirajane confuse

- J'ai sommeil. Je peux entrer ? demanda Grey au tac au tac

La brune comptait répliquer mais céda sous la fatigue. Elle les laissa entrer et tomba lourdement sur un des canapés du séjour. À l'instar de Mirajane, Grey ne se fit pas prier et se dirigea nonchalamment vers sa chambre.

Ul passa une main sur son front et la fit glisser jusqu'à ses cheveux désordonnés.

- Vous allez me faire devenir chèvre... souffla t-elle épuisée

- Je suis vraiment désolée. Mais Grey n'y est pour rien. Je l'ai forcé à faire le mur avec moi, il est tellement tendu ces derniers temps.

- Demain ça va faire douze ans que sa mère est morte. Ça doit le chambouler...

- ... il y a autre chose. J'en suis certaine.

- Dans tous les cas, tu dois te coucher. Tu as cours demain. Ordonna t-elle avec une infinie gentillesse

- Bien... obéit-elle

Mirajane lui sourit et l'embrassa sur la joue avant de rentrer elle aussi dans sa chambre. Malgré les apparences qui étaient contre elle, elle regrettait ses agissement et n'aimait pas causer du tord à sa tante. Elle n'était pas de nature frivole mais l'état dans lequel se trouvait Grey l'avait réellement rendue soucieuse.

Mirajane n'avait jamais été une enfant turbulente, elle ne se considérait pas comme tel en tout cas. Et pour cause, elle a toujours eue une profonde reconnaissance envers Ul, qui la traitait comme sa deuxième fille. À la mort de ses parents, c'est elle qui a empêché l'orphelinat à la jeune enfant. Elle était très amie avec la mère de cette dernière et à leur mort, elle avait décidé d'être sa nouvelle mère, de lui offrir un nouveau foyer.

À l'époque, elle était âgée d'une vingtaine d'années et avait déjà une enfant sous sa garde. Mère célibataire, le père de sa fille n'avait jamais daigné être présent pour eux. Elle connaissait ce douloureux sentiment d'abandon et de solitude et faisait tout pour que Mirajane ne le ressente jamais.

Depuis ses quatre ans, Ul a toujours représenté la présence maternelle dont la jeune femme avait cruellement besoin et sa fille, Ultear, la sœur qu'elle pu avoir.

Et pour Grey, ces trois femmes représentaient sa seule et unique famille.

Le jeune homme, allongé sur son lit, peinait à trouver le sommeil. Bien qu'épuisé physiquement, son moral avait bien l'intention de ne pas le laisser dormir en paix. Sa conscience ressassait en boucle les mots de son géniteur, qu'il haïssait plus que tout.

"Tu es majeur Grey. Il est temps pour toi de me succéder. Tu en a les capacités, je l'ai toujours su. Tu es mon fils après tout. J'attends avec impatience ta décision."

Ses belles paroles lui donnaient l'envie de vomir. Non. Il ne reconnaissait en aucun cas ce fumier comme son père. Et ce vieux croûton ferait mieux de penser la même chose car il n'est pas question qu'il accepte sa proposition.

Il ne se voyait pas finir sa vie en blouse blanche, au milieu de centaines de machines, observer des personnes innocentes hurler jusqu'à la mort.

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Ramadan Karim 🎆

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